Marina (T1) Les enfants du Doge

1342. Le Doge de Venise procède à un échange d’otages (sa fille) avec le Sultan Turque Orhan pour assurer la paix.

Scénario de Zidrou, dessin de Mattéo. Public conseillé : Adultes, adolescents

Style : Saga historique Paru chez Dargaud, le 12 septembre 2013 Share

L’histoire

Fédérico Boccanegra, éminent historien, arrive à Venise pour assister à la remontée de l’épave « La Pantegana ». Véritable obsession du savant, cette découverte devrait lui permettre de résoudre un « des secrets les mieux gardés de Venise ».
19 février 1342. Un navire vénitien se rend à un étrange rendez-vous au large des côtes de Milos. La « Loredana » transporte à son bord Zuane Dandolo, le jeune fils du Doge de Venise, accompagnée de Marina, sa grande sœur mal-aimée à l’esprit rebel. Cette dernière doit être échangée avec le fils du sultan turque en gage de paix. Mais c’est un navire pirate qui les cueille au point de rendez-vous. Pris par surprise, La « Loredana » ne résiste pas et les enfants du Doge sont capturés. Perdant sa liberté et sa femme de compagnie (violée puis tuée sur place), Marina ne peut que subir son sort, emmenée sur l’ile de « Doulopolis » (la ville des otages), en attendant un versement de rançon hypothétique…

Ce que j’en pense

Oyez, oyez, braves gens ! Zidrou revient et s’attaque à la grande aventure avec Matéo au dessin. Avec ce premier tome de « Marina », il nous raconte la terrible et dramatique histoire d’une jeune femme balayée par le manque d’amour paternel et la politique. Ajoutez à cela une légende Vénitienne digne de la mythologie et vous obtiendrez un album au souffle épique que ne désapprouverait pas le scénariste d’un grand film hollywoodien. Condition humaine, complots, trahison et piraterie, Zidrou et Matéo nous invitent à un grand moment de lecture dense et dramatique à souhait !

Les personnages

Ce premier tome de « Marina » tourne autour d’un personnage hors du commun. Si le style de l’album est très différent des scenarii intimistes qui nous ont fait vibrer (La peau de l’ours, Le client, Lydie, Le beau voyage, Les Folies Bergères) Zidrou n’oublie pas de placer l’humain au centre de son histoire. C’est un récit initiatique, beau et triste d’une figure légendaire.
Jeune fille rebelle et attachante, Marina est le jouet du destin. Otage et prisonnière du terrible pirate Brago, oubliée, violée, trahie, la jeune femme deviendra la force et la détermination incarnée. S’il écrivait des comics, « Marina T1″ serait la genèse d’un super vilain (ou super héros) terrible.
A côté de ce personnage central qui porte le récit, les portraits secondaires semblent un peu fades, mais animent l’histoire d’arcs narratifs secondaires intéressants.

Le contexte

Pour nourrir le récit, Zidrou développe un arrière-plan historique complexe et pluriel. La guerre politique et personnelle (où tous les coups sont permis) que se livrent La Sérénissime et ses ennemis turques apporte crédibilité et complexité à l’ensemble. On sent qu’il s’est beaucoup documenté pour nous offrir cette danse macabre, à coup d’alliances et de trahisons.
Si Marina est une aventure, c’est une aventure maritime. Même si l’action ne se passe pas intégralement sur l’eau, la présence et l’importance de la mer est palpable. Elément indispensable au commerce et à la guerre, il l’utilise comme un personnage central.

Deux récits pour le prix d’un

Avec “Marina (T1)”, Zidrou joue aux poupées russes. En parallèle du récit principal, il met en scène une histoire contemporaine entre un scientifique, son ex-femme et sa jeune maitresse, tous passionnés d’histoire Vénitienne. Même si on ne comprend pas encore les liens qui les unissent, les allez-retours entre passé et présent dynamisent la lecture.

Le dessin

Première collaboration entre Zidrou et Matéo, Marina marque une parfaite symbiose entre les univers de ces deux auteurs. Composant des planches irréprochables de lisibilité (un axe imposé par Zidrou), Matéo nous offre des planches aux couleurs de toute beauté. Avec un dessin à la facture très classique, il alterne panoramas immersifs et plans rapprochés plus intimistes. Assez classique dans sa mise en scène (pas de plongés ou de contre-plongées excessives) il sert le récit de Zidrou avec respect. Ses paysages de la Venise historique sont sublimes et romantiques, sans chercher un détail trop maniériste. Enfin, Matéo magnifie les décors maritimes en montrant toute sa variété

Pour résumer

Comme dans un film hollywoodien, Zidrou et Matéo nous offrent une grande aventure historique, doublée d’un drame personnel. Récit initiatique, c’est aussi une histoire de piraterie, de complots et de revers de fortune. Tout est réuni dans ce premier tome pour nous immerger dans deux récits parallèles (contemporain et médiéval) et nous faire baver d’envie de connaitre le fin mot de l’histoire.