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Hommage à Vincent Leys et à Christophe Houver

Publié le 13 septembre 2013 par Toulouseweb
Vincent Leys et Christophe Houver, qui n'ont pas fait la Une des journaux télévisés ou de la presse nationale, sont pourtant des champions français car ils ont gagné l'édition 2013 de la coupe Gordon-Bennett, la plus vieille compétition aérienne puisqu'elle date de 1906.
En quoi consiste l'épreuve ? Tout simplement il faut vous installer dans une nacelle (jadis en osier) accrochée sous un ballon ŕ gaz. Attention, il ne faut pas confondre avec une montgolfičre qui, elle, s'élčve dans le ciel grâce ŕ un brűleur ŕ gaz qui réchauffe l'air emprisonné dans le ballon. Au top vous décollez et vous devez arriver le plus loin possible au gré des vents, cela ne peut pas ętre plus simple. Nos deux compčres cette année ont pris le départ de Nancy en compagnie de 18 concurrents. 76 heures plus tard ils se posaient au sud de Porto. Chapeau les gars !
Pourtant cette année la météo était déplorable, il a fallu attendre la fin d'un énorme orage pour que le jury, ŕ Nancy, lâche les équipages. Le ballon s'est trouvé pris dans un marais barométrique, piégé entre deux dépressions. Ils ont finalement trouvé un vent qui les a poussés vers l'ouest, ils sont passés tout prčs de Paris. Pas facile de s'insérer dans le trafic des vols commerciaux. Mais un ballon se pilote; il n'y a pas de manche pour tourner ŕ droite ou ŕ gauche mais le commandant de
bord peut jouer sur l'altitude. Il peut monter ou descendre, monter en lâchant des sacs de lest, du sable en l’occurrence, il y en avait 700 kilos accrochés autour de la nacelle. Pour descendre il dégonfle le ballon et l'hydrogčne s'échappe par une soupape située tout en haut de l'aérostat. C'est simple et efficace.
Nos deux amis ont dű monter au-dessus de la couche de nuages dans la région de Nantes, le vent les a emmenés ensuite plein sud. Ils sont restés longtemps au-dessus de l'Atlantique.
Le rčglement de la coupe Gordon-Bennett n'a pas changé depuis 1906. L'équipage vainqueur est celui qui parcourt la plus longue distance en ligne droite. Entre le départ de la course ŕ Nancy et le point d'atterrissage, la distance réelle et le temps ne sont pas pris en compte. Nos deux compčres auront quand męme parcouru 1402,43 km, le détour par Nantes n'étant pas comptabilisé.
Un mot du ballon baptisé Ť grain de folie ť : il s'agit d'une enveloppe cousue ŕ la main Ť ŕ la maničre traditionnelle comme en 1906 ť précise
Vincent Leys, lui qui pourrait s'enorgueillir de 38 ans de ballon et de 4 000 heures de vol. La nacelle n'est plus en osier mais en une sorte de kevlar léger et trčs résistant mais elle ne fait que 1m2, toujours comme en 1906. Il faut franchement bien s'entendre avec son coéquipier pour cohabiter dans un aussi petit espace.
Parlons de ce qui fâche, le budget. Vincent Leys a sorti quelque 40 000 euros de sa bourse. L'an dernier, son ballon portait les couleurs de sa ville, Villeneuve d’Ascq. Cette année, il n'a rien demandé ne voulant pas Ť amputer le budget de la ville pour faire une course ť, ce qui l'honore. Comme Vincent a gagné trois fois la coupe de suite, il a le droit de l'emporter chez lui. C'est un magnifique objet d'art, trčs kitsch qui sera remis en jeu dčs l'année prochaine. Nous irons tous ŕ Vichy en septembre prochain pour l'une des plus belles compétitions au monde. Rendez- vous compte, il s'agit d'une course oů le seul carburant est le vent ! Messieurs les sponsors, vous devriez bien vous pencher sur une telle épreuve, avec des champions made in France. Un exploit qui fait ręver !
Gérard Jouany - AeroMorning

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