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A Touch of Cloth, saison 1 (2012): l’absurde du policier

Publié le 14 septembre 2013 par Jfcd @enseriestv

A Touch of Cloth est une minisérie de deux épisodes diffusée sur les ondes de Sky 1 en Grande-Bretagne au cours de l’année 2012. Série policière signée Charlie Brooker et Daniel Maier, on suit le détective Jack Cloth (John Hannah) accompagné de sa brigade, incluant la nouvelle venue, Anne Oldman (Suranne Jones), alors qu’ils enquêtent sur un tueur en série, surnommé le « sword killer » qui terrorise la ville. Afin d’arrêter ces effusions de sang (littéralement), l’équipe interroge plusieurs suspects et la découverte de moult indices la mènera droit au but; démasquer un meurtrier auquel personne ne s’attendait… Si en lisant ces lignes, on ne trouve rien de bien original, c’est justement parce que la série se veut une parodie du genre policier. L’humour absurde prime, tout comme les jeux de mots et les références constantes au cinéma. Après une saison 2013 (entre autres) qui a connue son lot de navets policiers, la plupart du temps parce que les séries n’innovaient en rien, cette parodie, du début à la fin, nous fait sourire et surtout nous réconcilie avec le genre.

A Touch of Cloth, saison 1 (2012): l’absurde du policier

Le genre respecté

A Touch of Cloth ne fait pas dans la subtilité. Dès les premiers plans, on voit les mains gantées d’un homme qui nettoie un glaive alors qu’il écoute une émission de radio dédiée aux psychopathes. Un peu plus tard, Anne et Jack se rendent sur les lieux d’un meurtre. Il y a du sang sur tous les murs de la salle provenant du cadavre d’un vieillard. Quelle n’est pas leur surprise lorsqu’en soulevant la chemise du malheureux, un chat, bien portant, sort de son estomac… La prochaine victime est un homme d’affaires dont tous les membres ont été coupés. Ainsi se succèdent des meurtres, pour le moins… originaux. À force d’investiguer, ils réalisent que toutes ces victimes ont été membres d’un jury il y a quelques années dans un important procès. Qui s’y trouvait dès lors?  Quel aurait été le motif? Le tueur, une fois démasqué s’en tirera-t-il?

Force est d’admettre qu’outre les multiples moments de comédie qui caractérisent la série, on retrouve tous les ingrédients gagnants rendant hommage au genre policier. Le rythme est rapide et les indices menant au tueur sont savamment dispersés à travers l’intrigue. De plus, les personnages principaux ont une certaine profondeur, bien que caricaturale, qui les rend plus attachants. Au point de vue de la mise en scène, la musique s’imbrique bien dans les moments plus sombres ou stressants de l’enquête. Quant à l’éclairage, il est bleuté à souhait dans les scènes se déroulant à la morgue, alors qu’à d’autres endroits comme des ruelles, la tanière du meurtrier et le bureau de Jack, on joue beaucoup sur le concept du clair-obscur, typique du film noir. Enfin, certaines scènes, notamment celle de crimes, se rapportent davantage à l’horreur, mais n’épouvantent pas pour autant. Les cadavres sont tellement mutilés que rien ne semble crédible, un peu comme des décorations d’Halloween bon marché.

Des gags à la tonne

Sean Marland, dans sa critique de la série écrit :« the real beauty of this comedy is the way it makes you realise just how mind-numbingly generic most cop shows are. » Cette affirmation est particulièrement vraie quand on se rapporte au personnage principal. Jack, le pilier de la série, est un être tourmenté. Alcoolique tout comme Ryan Hardy dans The Following (Fox, 2013- ), sa femme est décédée dans des circonstances nébuleuses qu’il préfère ne pas évoquer. C’est un peu ce qui se produit pour la Dr Samantha Waters dans Profiler (NBC, 1996-2000) et Aaron Hotchner dans Criminal Minds (CBS, 2005- ) dont les conjoints respectifs ont tous deux été assassinés par des tueurs en série. Dans A Touch of Cloth, on se permet de faire de l’humour avec ce sujet comme en témoigne ce dialogue entre les deux protagonistes :

Cloth: I haven’t laughed since my wife died.

Anne: Why did you laugh when your wife died?

La coroner dans A Touch of Cloth, la Dre Natasha Sachet est une femme sexy, sûre d’elle et qui n’est pas sans rappeler la coroner Betty Rogers dans Motive (CTV 2013- ). D’ailleurs, la première n’y va pas dans la subtilité lorsqu’elle discute avec Jack : « This isn’t the first time I’ve stood in this room holding a dripping pussy, is it Jack? » (en faisant référence au chat mentionné plus haut).  Et tant qu’à parler de ce sujet, il n’est pas rare dans les séries policières de retrouver une certaine tension sexuelle entre deux collègues (Cracked, CBC (2013- ), King & Maxwell, TNT (2013- ), etc.). Alors qu’Anne et Jack deviennent plus proches, on ne passe pas par quatre chemins et on voit les deux protagonistes s’échanger un dossier qui dit tout (image ci-bas) :

A Touch of Cloth, saison 1 (2012): l’absurde du policier

Outre les jeux de mots, les blagues parfois salaces et des mises en situation ridicules, on mise beaucoup dans la série sur un humour faisant directement référence au genre policier. À commencer par le titre : A Touch of Cloth est évidemment un clin d’œil à la série britannique A Touch of Frost (ITV, 1992-2010) qui mettait en vedette le brillant inspecteur William Frost (surnommé Jack…), lequel ne laissait jamais une enquête irrésolue. On retrouve aussi des mises en abîmes à même les lignes du scénario, lorsque Jack affirme : « I remember it like it were ‘appenin’ now… in flashback… ». Lorsque les policiers sont en brainstorming à savoir quelles ont pu être les méthodes utilisées par le tueur pour commettre les meurtres, Jack élimine toutes les théories sous prétexte qu’elles ont déjà été mises en pratique dans d’autres séries!

A Touch of Cloth est une série qui à l’image de The Simpsons (Fox, 1989- ) nous offre un humour à multiples degrés, si bien qu’il convient à un auditoire varié. Les créateurs ont aussi compris qu’à la longue, ce genre de série ne ferait pas long feu et afin d’éviter la redondance, ils s’en sont tenu à seulement deux épisodes par saison. En effet, une deuxième saison a été diffusée au début de l’automne 2013, une autre est en production et les créateurs ont même exprimé leur désir d’exporter le concept.




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