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Critiques Séries : Breaking Bad. Saison 5. Episode 14. Ozymandias.

Publié le 16 septembre 2013 par Delromainzika @cabreakingnews

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Breaking Bad // Saison 5. Episode 14. Ozymandias.


Je pense que dans quelques années on se souviendra encore de cet épisode dans son intégralité comme un modèle du genre. Breaking Bad est une série qui aura su étonner mais quand l'on a l'impression qu'elle a atteint son propre sommet, on en découvre un autre et "Ozymandias" était là pour ça. Cet épisode est brillant, à des années lumières des précédents épisodes finalement. Tout ce que la série a tenté de construire est en train de partir en lambeaux dans cet épisode : la victoire de Hank dans l'épisode précédent, la vengeance de Jesse, la famille de Walt, etc. Tout est en train de partir en fumée. Le cliffangher de l'épisode précédent, nous laissant au beau milieu du désert en pleine fusillade était un moyen de nous dire qu'il fallait que l'on se prépare au départ de Hank, à sa mort pure et simple. Si l'homme a vécu de grandes choses, finalement il termine au fond d'un trou, celui de l'argent de Walt - que l'oncle de Todd a pris avec lui. Mais le truc c'est que Walt est en train de tout perdre lui aussi, que cela soit sa famille qui lui tourne le dos après ce qui est arrivé à Hank (qu'il sous entend) ou encore son argent et ses amis.
Tout ce que Walt a tenté de construire au fil des épisodes est en train de changer de direction. Il est bon de voir Walt à cette place. Surtout que dès que Hank est mort, tout a changé. Bien que Walt avait envie que Hank laisse tomber son enquête à tout prix, il n'a jamais voulu qu'il meurt et j'ai trouvé ça particulièrement troublant. Le moment où il tente par tous les moyens de supplier de le laisser en vie était tellement cruel. A la fois pour le téléspectateur qui sait pertinemment que Hank ne va pas survivre et pour Walt qui sait lui aussi que son beau-frère va mourir mais ne veut pas se l'avouer. Il y a d'ailleurs beaucoup de moments de ce genre dans cet épisode. L'introduction de cet épisode se fait sur une scène d'un vieille épisode de la série (qui fait le lien avec Holly bien évidemment, la fille de Skyler et de Walt, dont le nom a été baptisé sur les lieux de la fusillade). Cette scène m'a rappelé tout un tas de choses (notamment quand l'on nous parle de la pizza et de cette scène où Walt balance la pizza sur le toit de sa maison). Breaking Bad est une série étonnante qui sait très bien jouer avec les sentiments de ses téléspectateurs.

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La mort de Hank survient brutalement mais c'est aussi ce qui rend cela crédible. On ne pouvait pas préparer plus le terrain (il a déjà été préparé avec le cliffangher de l'épisode précédent, et l'on a eu une semaine pour tenter de s'en remettre). Cela donne aussi une certaine ambiance mortuaire à l'introduction de l'épisode. Rian Johnson, le réalisateur de cet épisode (à qui l'on doit également "Fly") lui donne tout ce qu'il faut. L'ambiance est particulièrement bien gérée, les plans millimétrées et l'épisode devient alors rapidement anxiogène. Un peu comme il avait réussi à le faire avec "Fly" finalement, mais maintenant en plein air et dans tout un tas de lieux différents. Plus l'épisode avance et plus tout devient encore plus grand, plus étonnant. Walt sait que tout cela est la faute de Jesse. Si ce dernier n'avait rien révélé à Hank, Hank ne serait pas mort à l'heure qu'il est. Toute la scène après la mort de Hank, les expressions et dialogues de Walt, tout est si millimétré et bien interprété que cela en devient même plus jouissif tant il n'y a plus de mots pour décrire la situation.
La vengeance de Walt passe par plusieurs étapes. Tout d'abord le moment où Walt révèle où se cache Jesse depuis le début, ensuite ses gestes légers de la tête acquiesçant son exécution et enfin le moment où il révèle sans vergogne à Jesse qu'il a vu Jane mourir et l'a laissé sans rien faire. "I watched Jane die. I could have stopped it, but I didn't". Comme si Jesse n'était pas déjà assez tourmenté, le pauvre se retrouve maintenant entre les mains des oncles de Todd et de ce dernier lui-même, piégé à devoir cuisiner pour eux le restant de ses jours s'il ne veut pas que ce qu'il reste des gens qu'il aime, meurt. Jesse me fait peine car j'aime bien ce personnage et au fond j'aurais bien aimé qu'il puisse sauver sa peau. Il ne reste que deux épisodes et j'ai du mal à voir comment cela pourrait arriver (si ce n'est en se vengeance du vol dont il a été victime, et j'ai déjà hâte de voir cela). L'autre grand moment de cet épisode (il y en a tellement qu'au fond il est assez difficile de dire quels sont les plus grands) c'est Marie qui tente d'exulter sa joie de l'arrestation de Walt devant… Skyler.
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C'était un moment terrible, surtout quand Marie force Skyler à dire à son fils ce qu'il s'est réellement passé avec Walt depuis toutes ces années. La famille White se désunie dans cet épisode au fil du temps qui passe. Jusqu'à cette scène de tension immonde pour le téléspectateur avec le fameux couteau de cuisine. J'ai cru que Skyler allait mourir ou même son fils, sans que cela ne soit encore une fois voulu. Mais cela aurait fait énormément de morts pour un seul et même épisode vous ne trouvez pas ? Je suis donc content que Jesse et Skyler soient encore en vie. Même Marie dont le deuil sera difficile (je vois même Marie se suicider tant la douleur est là, ou même tuer Skyler pour se venger, quelque chose de ce genre là pourrait se produire tant Breaking Bad est une série qui n'a pas de limites). Cet épisode était donc brillant grâce à la manière dont il s'orchestre. On sent que les choses sont réglées comme du papier à musique et que le chef d'orchestre, Rian Johnson sait où il veut aller avec les acteurs et les personnages.
Les scènes s'enchainent donc avec une fluidité détonnante. On a envie d'en voir encore plus, que cet épisode ne s'arrête pas car une fois celui-ci achevé, on se rend compte qu'il ne nous reste plus que quelques épisodes encore (deux en tout et pour tout). Ce qu'il y a de fascinant avec Breaking Bad c'est que la série nous a montré un temps la manière dont Walt a créé son empire et a réussi à régner en maître et maintenant on nous montre une destruction du personnage sans vergogne, sans prendre aucune pincette. Cet épisode parvient donc à nous rappeler qu'au fond, Walt a fait énormément de mal autour de lui depuis toute cette année et la seule chose qu'il reste encore de bien de tout ça (et qui est née même de ça) est Holly. C'est le lien du début à la fin de l'épisode. Et puis quelque chose survient à un moment de l'épisode, lors de cette scène du couteau : Junior est donc le responsable de la chute de Walt. Celui qui va faire le pas de contacter la police et donc ruiner la vie de sa propre famille (car si l'on se souvient du cold-open de l'épisode 9… on sait pertinemment que Walt va devenir un personnage public).
Pour tout vous dire j'ai encore le souffle coupé. J'ai même passé tout l'épisode la bouche ouverte tant j'étais choqué, outré, circonspect. C'est un épisode d'une intensité qu'il est rare de voir encore aujourd'hui dans le monde des séries. Il m'anime encore et je pense qu'il va bien me falloir la semaine pour faire mon deuil.
Note : 10/10. En bref, brillant.


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