Les Dönnhoff à Paris (1)

Par Mauss

Ouverture de la saison 2013/2014 du CLUB BRISTOL GRAND CRU avec un dîner pour 24 convives préparé par Eric Fréchon (***) sur des vins blancs de Monsieur Helmut Dönnhoff et deux millésimes du Clos de la Maréchale (Nuits St Georges).

Le Champagne d'ouverture sera certainement une des cuvées dont on parlera le plus pour le millésime 2004 : Le Clos des Goisses de Philiponnat, en magnum.

Je vais essayer d'être mesuré dans mes commentaires, mais j'ai des doutes sérieux, tant cette soirée fut magique.

Les vins de la soirée Madame Dönnhoff, l'interprète, Monsieur Dönnhoff  La question centrale de ce type de soirée, est de trouver les plus beaux mariages possibles entre des crus de référence et des mets en parfaite adéquation.Grâce à Marco Pelletier, sommelier-chef du Bristol qui connaît les vins du Weingut Dönnhoff et naturellement le style de la cuisine d'Eric Fréchon, le chef *** de l'hôtel, le menu préparé fut simplement le "deus ex machina" du moment. Commençons par quelques mots sur le Clos des Goisses 2004. Découvert lors du déjeuner "Corbin" il y a quelques jours, cette cuvée de la maison Philiponnat sera certainement un des champagnes qu'on commentera avec force louanges dans les années à venir. Il y a là, pour l'amateur de bulles que je ne suis pas, un vin, un vrai vin qui impose le respect, tant il offre immédiatement une foultitude de plaisirs gustatifs "alla grande". Décidément, cette région qu'on réduit trop souvent à du pur business "vins" est capable de choses sublimes. Une preuve, s'il le fallait, que les grandes maisons, probablement plus sensibles aux rentabilités financières que les petits domaines familiaux, sont à même de produire des cuvées d'exception. Comme le disait ± Marcel Bleustein-Blanchet (si je ne m'abuse, créateur de ce slogan) : "le goûter, c'est l'adopter". Nous voilà donc avec les rieslings de la Nahe, des vins de terroir que Michel Bettane nous expliquât avec sa connaissance toujours étonnante et précise de cette région qui rivalise avec la Moselle ou la Saar toutes proches.  Les deux millésimes dégustés pour lesquels les convives n'avaient pas suffisamment d'adjectifs qualificatifs à la hauteur  Comme ces deux vins rentrent dans la catégorie "speechless", je n'ai effectivement aucun mot correct pour dire à quel point ces deux millésimes ont suscité une émotion parfaite.Je précise simplement qu'Helmut Dönnhoff nous a porté pour cette soirée deux des quatre derniers magnums qui lui restaient dans sa cave privée… et qu'il fut particulièrement heureux de l'avoir fait, tant le mets d'Eric Fréchon a pu donner à son vin cette noblesse supplémentaire des mariages parfaits. Caviar de Sologne, mousseline de pomme de terre fumée au haddock 

MENU DU CHEF ERIC FRECHON & VINS

Apéritif & amuses-bouche

Champagne Clos des Goisses de Philiponnat, 2004 

Langoustine mi-cuite servie froide, gout céleri branche et yuzu

Weingut Dönnhoff 2005 Hermannshöhle Riesling trocken GG

Caviar de Sologne, mousseline de pomme de terre fumée au haddock

Weingut Dönnhoff 2003 Hermannshöhle Riesling trocken GG
(magnum)

Quasi de veau en croûte de Comté,

fin macaroni gratiné aux pousses d'épinards

Nuits St Georges « Clos de la Maréchale » 2005 (Frédéric Mugnier)

Nuits St Georges « Clos de la Maréchale » 1961 (Maison Faiveley)

Un bleu

Gelée de pêche à la verveine, groseilles et gingembre, sorbet pêche verveine

Weingut Dönnhoff 1992 Oberhäuser Brücke Riesling Eiswein

Café, friandises et chocolats

 Michel Bettane, en grande forme, et Bernard Burtschy itou nous ont dit quelques mots sur la Bourgogne et pourquoi le 1961 Clos de la Maréchale, alors géré par la Maison Faiveley, était la preuve évidente, s'il en fallait une, que les grandes familles du négoce bourguignon sont plus que capables de produire des références tout aussi bien que les "petits" domaines sinon même mieux. Il applaudit des deux mains le retour des "grandes familles" dans cette région où elles ont laissé, avant guerre et dans la décennie 50/60, des preuves évidentes de leurs capacités à bien faire. Ceci dit, le 2005, premier millésime - je crois - vinifié par son propriétaire (Frédéric Mugnier) qui en a repris alors la gestion, était lui aussi marqué par cette finesse exquise qu'on n'attend pas forcément sur Nuits St Georges. C'est là que la palette des terroirs bourguignons piège le monde, Michel nous expliquant qu'à l'extrême sud de cette AOC, on pouvait retrouver la finesse des plus beaux crus de la commune de Chambolle-Musigny.  Le Eiswein qui conclut cette soirée magique fut, bien que l'image là fait trivial, la cerise sur le gâteau. Déguster un vin d'une telle richesse en sucre, ayant un taux d'alcool de 9°, et offrant une fraîcheur inouïe qui appelait des gorgées successives très rapprochées, c'est simplement approcher le miracle absolu de ce que peut être un sommet en la matière. Attendons de déguster à Villa d'Este le 59 Scharzhofberger d'Egon Müller. Comme Helmut Dönnhoff sera avec nous, on va se faire une journée teutonne de première grandeur ! Cette soirée nous a montré à quel point la France est ignare en matière de vins allemands, alors même qu'avec ces bouteilles, nous avons croisé la beauté absolue, la force sublime du plus grand cépage blanc de cette planète : le riesling. Ce jour, dégustation au Laurent d'autres crus de ce domaine mythique et gageons que là aussi, on aura de sacrées surprises et découvertes. Restons honnête : de telles soirées deviennent magiques aussi par la qualité des convives. D'Etienne Klein qui sort juste son dernier opus sur le génie inconnu de la physique que fut l'italien Ettore Majorana à Enzo Vizzari et son fiston Simone en passant par Adrien Cheong et un ami pianiste de jazz Yaron Herman, sans oublier Cécile Bassot (DG Sopexa), Olivier Duha (Webhelp), Didier Le Calvez (DG Bristol), le petit Vialette, tout sage pour une fois, et ses amis fidèles, toutes ces personnalités ont apporté à ce moment magique un esprit mêlant simplicité et joie d'être ensemble sans aucune marque de "m'as-tu-vu". Merci à tous !
 A suivre… Comme on aime toujours associer un autre art à ces soirées vino & cibo, hier soir, le peintre Mendjisky, propriétaire de la galerie Palmyre en face du Bristol, nous avait prêté 3 de ses oeuvres récentes.  Une exposition de ses oeuvres est en cours de préparation à Montigny-les-Metz.  Cherchez via Google ce que fut la vie si singulière de ce peintre et son oeuvre actuelle : ICI et ICI