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Chris Horner : bon sang ne saurait mentir !

Publié le 17 septembre 2013 par Jeanpaulbrouchon

AFP_130915_9661x_chris_horner_sn635Vainqueur du Tour d'Espagne à 42 ans, l'Américain affiche un beau palmarès qu'on a eu tendance à oublier...

Evidemment gagner le Tour d’Espagne à près de 42 ans, ça fait un peu jaser dans le contexte actuel du sport cycliste. Mais enfin pourquoi ne se posait-on pas les mêmes questions en 1974 à propos de Poulidor qui, à 38 ans, avait mené la vie dure à Eddy Merckx au point de terminer encore deuxième du Tour de France après lui avoir repris deux minutes dans l’ascension vers Pla d’Adet.

 
Deux poids, deux mesures, pour une longévité quasi identique (carrière de dix-huit ans pour Poulidor et pour Horner et ce n’est peut-être pas fini pour l’Américain…). Certes, le palmarès penche nettement en faveur du champion français mais Chris Horner n’est toutefois pas l’inconnu pour lequel certains voudraient le faire passer !
Professionnel depuis 1995 dans la modeste équipe US Nutra Fig, le vétéran américain compte plus d’une cinquantaine de succès, la plupart aux Etats Unis, mais c’est en Suisse qu’il s’est véritablement révélé après avoir été recruté sous le maillot Saunier-Duval en 2005 par Mauro Gianetti sur les conseils d’Alain Gallopin, lequel l’avait fait signer en 1997 pour la Française des Jeux. Après trois saisons de cohabitation difficile en France, Horner était toutefois retourné aux USA où il avait transité par différentes petites formations (Mercury, Prime Alliance, Saturn, Webcor Builders) avant de revenir en Europe, alors âgé de 33 ans.
Un âge déjà canonique pour y entamer une deuxième partie de carrière qui allait l’amener à la grande consécration grâce à ses qualités de grimpeur. Cette année-là, en 2005, après une chute à Tirreno-Adriatico qui lui avait valu une fracture de la hanche, il avait terminé 5ème du Tour de Suisse derrière Aïtor Gonzalez, Rogers, Ullrich et Frank Schleck. Mais il avait surtout signé sa première victoire sur sol européen en gagnant en solitaire l’étape de montagne Bürglen-Arosa avec 1’12 d’avance sur un certain… Nibali. Déjà !
En 2006, équipier chez Davitamon-Lotto, il se classe 7ème du Tour de Romandie derrière son leader Cadel Evans après avoir enlevé en solo l’étape de Porrentruy sous la pluie et porté durant une journée le maillot de leader. Puis 5ème encore de l’édition 2007 (un jour leader après l’arrivée à Morgins où il est battu au sprint par Igor Anton) derrière Thomas Dekker qui le détrône lors du chrono final. Une belle carte de visite qui aurait dû lui valoir quelques responsabilités nouvelles. En vain. En 2008, transféré chez Astana, il ne sera que l’équipier de Contador et Leipheimer, puis encore des frères Schleck et d’Armstrong chez RadioShack dès 2010.
Cette saison-là, à 39 ans et le crâne dégarni, il enlève le Tour du Pays basque en gagnant le chrono final et en détrônant l’Espagnol Valverde. C’est la déclic. Il prend conscience qu’il peut remporter une grande épreuve comme la Vuelta, d’autant plus que le parcours y est très montagneux, et signe une série de très belles performances qui auraient dû éveiller l’intérêt des spécialistes : 7ème de la Flèche wallonne et de Liège-Bastogne-Liège, 9ème du Critérium international et 9ème du Tour de France (succès d’Andy Schleck après disqualification de Contador).
En 2011, à 40 ans, Horner est toujours là (vainqueur du Tour de Californie notamment). Désigné comme l’un des outsiders du Tour de France, il doit hélas abandonner après une lourde chute lors de la 7ème étape, avec fracture du nez et commotion cérébrale. Dans l’avion qui la ramène aux Etats Unis, il est encore victime d’une embolie pulmonaire qui met sa vie en jeu ! Jusqu’à fin janvier 2012, papy Horner sera sous anticoagulants mais il ne renonce pas à poursuivre sa carrière. En mars, il faudra même un grand Nibali pour l’empêcher de remporter Tirreno-Adriatico (trois jours leader et détrôné lors du chrono final). Il termine encore 13ème du Tour à Paris avant de participer à ses premiers JO, à Londres.
Une présence au plus haut niveau qui témoigne assurément d’une solide constitution physique et d’un mental exceptionnel, alors que les blessures sur chutes ne l’ont pas épargné et ont même stoppé à pluseurs reprises sa carrière à des moments clé. Mais Horner s’est toujours relevé, comme cette fois encore alors qu’une douleur à un genou au Tour de Catalogne 2013 l’a contraint à cinq mois d’arrêt ! Ce n’est qu’en août qu’il a refait parler de lui après son succès dans la grande étape de montagne du Tour de l’Utah (2ème du classement final).
Comment ne pas être touché par la réussite tardive de cet athlète atypique mais attachant, qui était quasiment le seul à croire en lui ? Un accablant constat d’échec pour bon nombre de directeurs sportifs et managers, et aussi pour tous ceux qui affirment à tort qu’il n’y a que le Tour de France (Horner y a participé à six reprises) pour découvrir les champions du vélo.
Horner a gagné le Tour d’Espagne avec seulement quatorze jours de course dans les jambes. Et alors ? Nibali, vainqueur du Giro en mai, en avait soixante mais il a été débordé dans les fins d’étape en côte et sur les pentes de l’Anglirù où les Espagnols Valverde et Joaquim Rodriguez, émoussés par huit mois de compétition et le Tour de France, ont perdu pied. Toutes les certitudes du milieu sont remises en question par cette réalité, sans pour autant que celle-ci ne gomme le scepticisme qui entoure l’exploit de Chris Horner.
A propos, on lit encore qu’il a raté le contrôle antidopage à l’arrivée à Madrid. En fait, ce sont les contrôleurs espagnols qui se sont trompés d’hôtel ! Comme quoi, les événements peuvent avoir le sens qu’on veut bien leur donner. Et sur ce plan-là, la Vuelta 2013 n’a pas fini de faire parler d’elle.

Bertrand Duboux


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