Adaptation réussie du magnifique roman de John Irving
Raconté un roman de John Irving relève de la gageure. Garp est né d’une mère féministe de la première heure et d’un père inconnu. Fusionnel avec sa mère, il va construire sa propre famille classique tranchant avec les choix maternels. Ecrivain comme sa mère, leurs choix littéraires vont aussi différer.Dit comme çà, l’histoire paraît peu passionnante. John Irving est un auteur qui créé une ambiance et son personnage de Garp est légèrement vaporeux et cotonneux. Un bloc de positivisme à lui tout seul. Le monde selon Garp, c’est une véritable leçon de vie où les drames sont traités comme des comédies, et les comédies comme des drames. C’est pourquoi jamais on ne verse une larme devant les évènements tragiques qu’affronte le héros. L’histoire de Garp annonce la couleur : « arrête de t’inquiéter pour rien et vit le bonheur présent et savoure les petites choses ». Tiens Robin Williams démarre ici sa carrière cinématographiques et sera plus tard encore dans un film où carpe diem fera loi (« Le cercle des poêtes disparus »). Glenn Close sera aussi sur son premier film. La mise en place des personnages est particulièrement savoureuse. Truffé d’humour décalé, cette partie met bien en avant l’imagination débordante de Garp. Ce dernier pose un regard candide sur la vie et sur les événements. Ensuite le roman haut en couleurs de Irving a tendance à se dissoudre et à se résumer aux scènes corrosives et aux rebondissements abracadabrantesques du bouquin sous la main de George Roy Hill. Réalisateur de quelques grands films épiques (« Butch Cassidy et le Kid » ou « L’arnaque »), c’est un classique qouq les doigts duquel la magie du roman s’éteint progressivement.Reste le message positif porté par le héros, une critique de l’Amérique intégriste (voire plus) et le courage d’afficher un féminisme revendiqué.Irving a beaucoup mis de lui-même dans cette histoire. Le seul personnage masculin important hormis Garp est même un transsexuel sensible et émotif. Irving revisite aussi la paternité pour en donner une image moderne pour l’époque ; image dans laquelle je me suis reconnu. Les scènes où avec se femme, ils prennent un plaisir fou à regarder dormir les enfants m’ont parituclièrement touchées.Un personnage super touchant à découvrir… par le roman avant tout… même si George Roy Hill ne trahit pas l’esprit du roman, il en affadit légèrement la substanceSorti en 1983