Accidents de la route

   On a vu, au mois de juin dernier, notre Ministre Français de la Circulation se donner comme objectif de réduire à 2000 le nombre de victimes tuées sur les routes en 2013. En 2012, malgré tous ses efforts et ceux de ses agents, les automobilistes sont parvenus à dépasser l’objectif qu’il avait alors fixé à 3000 morts. Ce qui confirme que la malchance, la fatigue, l’alcool, la drogue, les médicaments, la vitesse excessive et les routes tueuses (ma chronique du 12 avril 2011) sont plus efficaces encore que tous les édits ministériels les plus péremptoires. La démarche publique demeure malgré tout globalement honorable. Elle démontre, en tout état de cause, que notre ambitieux ministre est fort ému par les drames qui se déroulent encore trop souvent sur les routes et dans les hôpitaux et que son cœur est  sans aucun doute débordant de compassion pour les veuves, les orphelins et autres estropiés de la vie. En un mot, qu’il ne manque probablement pas d’empathie envers ses malheureux compatriotes. Il aurait dû malgré tout se montrer plus ambitieux encore. Pourquoi, en effet, ne pas fixer l’objectif à zéro mort ?  Pourquoi passer ainsi à la trappe, sans autre forme de procès, 2000 de nos concitoyens ? Seraient-ils de moindre qualité ? J’ai ouï dire que, gaulois ou pas, tous les Astérix vivant dans notre bel hexagone étaient non seulement égaux en droits mais aussi en valeur. En quoi ces 2000 exemplaires seraient-ils différents ? En quoi auraient-ils démérité ? En vertu de quel mandat pourrait-il justifier de leur exclusion si la question était posée ? Aucune explication ne semble, à ce jour, avoir été apportée par les services de communication de la place Beauvau. Qu’importe d’ailleurs puisque les futurs radiés des registres d’état civil sont déjà statistiquement morts ! Si l’on conduit l’idée jusqu’à son terme, pourquoi s’arrêter au chiffre de 2000 ? Pourquoi ne pas éliminer aussi les chômeurs, les retraités, les enfants qui ne trouvent pas de place dans les crèches, les sans-logis, les sans-papiers et les sans-rien-du-tout ? Bien des problèmes financiers de nos régimes sociaux seraient ainsi bien plus facilement résolus. Hélas ! Lorsque les chiffres des mois de vacances seront officiellement établis, il est fort probable que l’on constatera que les ordres gouvernementaux n’ont pas été respectés. Comme d’habitude ! Mais, au moins, notre présomptueux chef des polices et des routes n’aurait-il pas donné l’impression de négliger d’un revers de discours 2000 électeurs potentiels. Ce qui, par les temps qui courent, pourrait se révéler particulièrement maladroit ! Quoi qu’il en soit, on voit bien  que, dorénavant, le monde ne pourra plus tourner comme avant.

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