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L’anniversaire des promesses non tenues

Publié le 19 septembre 2013 par Lino83

Lehman Brothers

L’anniversaire des promesses non tenues

18 septembre par Corporate Europe Observatory

Cinq ans après la faillite de Lehman Brothers et du début de la pire crise économique depuis des décennies, l’Union Européenne n’a pas tenu ses promesses de régulation du secteur financier. Une révision urgente est nécessaire.

Le 15 septembre à marqué le 5e anniversaire de la faillite la plus spectaculaire de la crise financière de 2007-2008. Ce jour là, Lehman Brothers, la fameuse banque d’investissement de Wall Street s’est déclarée en faillite en raison d’investissements immobiliers désastreux via des produits financiers. A ce moment, les leaders européens ont fait des promesses ambitieuses de régulation financière au sein de l’Union Européenne "en réponse à la crise mais également pour éviter de nouvelles crises futures" comme l’avait dit le président de la Commission Européenne, José Manuel Barroso. Cinq ans plus tard, les résultats sont tristement insuffisants.

La crise financière a donné lieu en Europe à une crise économique dévastatrice. Le chômage a fortement augmenté jusqu’à atteindre le niveau record de pratiquement 26 millions de chômeurs, ce qui représente 10,7% de la population active européenne avec des niveaux de chômage bien plus élevés chez les jeunes. De plus, cette crise économique a déclenché une crise de l’Euro qui a conduit à des mesures d’austérité douloureuses dans presque tous les pays de l’Union européenne alors que dans le même temps les pays de l’Union Européenne réunissaient des centaines de milliards d’euros pour sauver ces mêmes banques qui avaient pris les risques qui les avaient menées à la crise. Les citoyens européens qui ont payé un prix aussi élevé ont pleinement le droit d’exiger des politiques une action effective qui nous préserve d’un nouvel effondrement similaire. Cependant après cinq ans de "réforme financière" dans l’Union européenne, le résultat est décevant.

Il saute aux yeux que les banques européennes continuent d’avoir trop peu de fonds propres pour garantir leurs activités. Les règles européennes laxistes continuent à autoriser des banques comme Deutsche Bank ou Barclays de spéculer avec des montants supérieurs à ce que devait Lehman Brothers avant sa faillite. Les marchés de dérivés continuent de croître et représentent aujourd’hui bien plus qu’il n’y a cinq ans. Par ailleurs, rares sont les produits toxiques qui ont été interdits et ce n’est le cas d’aucun de ceux qui ont joué un rôle clé dans la crise.

La victoire du lobby financier qui a réussi à empêcher l’adoption d’une régulation effective est une des raisons de cet échec. Le secteur financier investit des millions pour influencer ceux à l’origine des décisions et joue sur la peur avec comme principal argument que la régulation du secteur financier serait coûteuse pour la société en termes d’emploi. Il s’agit pourtant d’un argument absurde lorsqu’on connaît les coûts de la crise de 2008 tenant en compte les sauvetages bancaires et les millions de personnes qui ont perdu leur emploi.

Les entreprises financières ont un accès permanent aux décideurs politiques par exemple pour le débat sur les nouvelles normes relatives aux banques et aux dérivés. Comme l’Alliance pour la Transparence du Lobby et de la Régulation Ethique dans l’Union européenne (ALTER-EU) l’a plusieurs fois signalé, les groupes d’Experts de la Commission et du Conseil continuent d’être dominés par les représentants des grandes entreprises financières. Un groupe crée récemment pour conseiller l’Union européenne avec des mesures contre l’évasion fiscale comprend de nombreux responsables du secteur comptable qui joue un rôle important pour conseiller les entreprises sur la manière de minimiser le paiement d’impôts.

Les démarches préliminaires à une véritable réforme financière sont les suivantes :

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 un nouveau contexte démocratique de la réforme financière qui intègre des mesures effectives pour freiner l’influence à Bruxelles du lobby financier par la révision des groupes de conseil dominés par le secteur financier et freiner le phénomène des "portes tournantes". Celui-ci fait référence aux politiques ou aux Hauts-fonctionnaires qui passent du secteur public au secteur privé et dans le cas qui nous occupe au secteur financier.

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 une révision immédiate et structurelle de l’agenda des réformes du secteur financier pour assurer que cette terrifiante crise financière et économique serve pour renforcer la régulation et le contrôle démocratique du secteur financier pour qu’il soit au service de la société et finance des activités sensées au plan social et environnemental. Les premiers pas en ce sens sont l’introduction d’une taxe sur les transactions financières, l’obligation faite aux  banques de provisionner des réserves plus élevées, la scission en entités plus petites des banques "trop grandes pour faire faillite", la réduction de l’importance du secteur financier dans l’économie et la fin des activités spéculatives comme celle relative aux prix de l’alimentation.

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 des mesures rapides et effectives pour freiner l’évasion fiscale. Si on prend les données de l’Union européenne celles-ci pourraient rapporter un milliard d’euros par an ce qui serait plus que suffisant pour éviter les actuelles mesures d’austérité.

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 des mesures qui condamnent les personnes qui dans le secteur financier sont avérés être responsables de scandales, tromperies vis à vis des clients, fraude et activités criminelles. Il est inacceptable que dans des scandales comme celui du Libor ou la participation de HSBC au blanchissement d’argent, les banques concluent des accords financiers et les responsables ne soient nullement sanctionnés. Les banques ne doivent jamais être "trop grandes pour que leurs dirigeants échappent à la prison".

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 les cinq années de "réforme financière" ont donné lieu à une grande déception. Cela signifie pour les citoyens que la régulation du secteur financier continue d’être à l’agenda politique ces prochaines années, y compris pour les élections européennes de l’année prochaine pour garantir la mise en place effective des réformes qui supposent un véritable changement.

Signataires Action from Ireland Amis de la Terre Flandre et Bruxelles Amis de la Terre Irlande Amis de la Terre Europe Les Amis de la Terre (F) Corporate Europe Observatory Fédération européenne des Syndicats de services publics (EPSU) CNE-CSC (Belgique) Transnational Institute War on Want (UK) Citizen Debt Audit Platform (Espagne) FairFin (Belgique) Zukunftskonvent Lost in Europe Food & Water Europe Tax Justice Network transform !italia European ATTAC Network ATTAC-Finlande ATTAC Norvège ATTAC Pologne ATTAC Flandres ATTAC Espagne ATTAC France ATTAC Autriche ATTAC Allemagne ATTAC-Irlande ATTAC Grèce ATTAC Islande Kairos Europe Ecologistas en Acción (Espagne) Jubilee Debt Campaign (UK) World Economy, Ecology & Development – WEED (Allemagne) Both Ends (NL) CADTM Europe World Development Movement (UK) Auditoria a Cidadada Divida Publica – IAC (Port.) Bank Track Fondazione Culturale Responsabilità Etica (Italy) Veblen Institute for Economic Reforms (F) Réseau européen contre la pauvreté

Traduction : Virginie de Romanet


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