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L'administration française et les Shadoks

Publié le 20 septembre 2013 par Desfraises

L'administration française et les Shadoks
Chère Madame Administration française,
Tu t’étonnes du désamour manifesté à ton encontre par tes gentils citoyens ? Laisse-moi te donner un tout petit et modeste exemple du pourquoi et du comment.
Figure-toi que je m’ennuyais. Alors, plutôt que de me détendre en lisant un roman ou bien en allant au cinéma - c’est mon jour de repos acquis de longue haleine -, j’ai décidé de prendre à bras-le-corps ma pile de paperasse, de l’étreindre, de la zigouiller par le traitement et l’archivage.
Entre deux tranches de saucisson pain-beurre, j’achève de remplir le formulaire cerfa n°12100*02 remis par les gentilles mimines d’une de tes administrées qui s’est occupée avec talent de mon passeport cet été. Je photocopie, je griffonne, je signe. Au passage, je bâille aux corneilles, m’émerveillant devant la signature de mon papa qui a déclaré ma venue au monde pré-Web2.0 le lendemain de ma naissance auprès de vos services il y a... quelques lunes de cela. Je vérifie la complétude de mon dossier. Je n’ai pas oublié de prendre un rendez-vous via le site de la préfecture de police. Je sors de belle humeur, fier de couper la chique à ma tendance procrastinatrice. Le soleil brille, la dame crache de sa fenêtre rue Daguerre, un passant promène une tulipe fatiguée.
Le préposé de l’antenne de la préfecture en mairie du 14e arrondissement de Paris, pour ne pas le citer, m’accueille sans bonjour ni merde :
- Vous avez rendez-vous ?
- Oui. Tapez votre n° de téléphone sur la borne.
Je m’exécute, il attend. Puis il vérifie scrupuleusement l’état de mon dossier. Formulaire dûment renseigné, justificatif de domicile et sa jolie photocopie, extrait d’acte de naissance, passeport et sa jolie photocopie, puis les 2 photos qu’il scrute d’un œil professionnel, pour ne pas dire soviétique.
- Ah, elles ont été faites en 2011.
- Oui, et alors ?
- Alors le dossier est incomplet, il nous faut des photos récentes.
- Pouvez-vous m’expliquer pourquoi vos mêmes services ont accepté ces mêmes photos pour établir mon passeport cet été ?
Je prends le cliché et le superpose à mon visage affichant une expression un tantouillet moins aimable et demande :
- Ça n’est pas ressemblant ?
- Si si.
Il sort alors le disque rayé de la procédure qui veut que, de c’est comme ça et c’est pas autrement blablabla, non sans s’accompagner de l’approbation grégaire de ses collègues.
- Si j’avais découpé les photos, vous n’auriez pas vu la date inscrite en minuscules sur le papier photo ?
- Eh bien, je l’ai vue.
- Vous connaissez les Shadoks ?
Je te dispense, chère Madame Administration française, de la suite de l’échange. Je te rassure, je ne l’ai pas insulté, je me suis fait violence. Je me suis violenté, d’ailleurs, au point de t’écrire et te soumettre une idée. Que dirais-tu de poser au pied du sapin de Noël de tes administrés le coffret DVD des Shadoks pour empêcher tes employés de pomper et/ou afin de saisir la portée philosophique pour ne pas dire poétique des Shadoks ?
Bisous.
Laurent
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P.S. Comme je n’avais pas d’autres chats à fouetter et que je suis de nature opiniâtre, j’ai visité une autre antenne de préfecture, ce même après-midi ensoleillé, pour soumettre mon dossier à la sagacité d’une préposée plus compréhensive. Ok, j’avoue, j’ai triché, j’ai découpé les photos, faisant disparaître la mention de la date. Pas folle, la guêpe.

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