(NDLR L’entreprise privée et la concurrence sont les
ingrédients essentiels à l’éradication de la pauvreté dans le monde. Malheureusement,
les bons sentiments gauchistes prévalent sur le rationnel et le pragmatisme.)
Comment peut-on savoir si un pays pauvre deviendra plus
prospère dans l’avenir? Dans cette entrevue fascinante, l’auteur, philanthrope
et consultant stratégique Michael Fairbanks affirme que cela dépend
essentiellement des valeurs et des attitudes qui sont largement répandues dans
cette société. Si les gens croient que la concurrence est une bonne chose,
s’ils sont confiants face à l’avenir et s’ils comprennent l’importance de la
complexité, il est fort probable qu’ils amélioreront leur sort.
Par contraste, les pays où l’on voit les choses uniquement dans une optique
matérielle sont condamnés à rester pauvres. « Les citoyens d’un pays
pauvre croient que la richesse consiste en une abondance de ressources
souterraines [comme] la bauxite, le cuivre; ils croient que cela vient d’un
climat ensoleillé; ils pensent que cela découle d’une main-d’œuvre à bon
marché; ou encore d’un positionnement géographique. » Pourtant, le
Venezuela possède toutes ces choses, souligne M. Fairbanks, et sa croissance
reste faible parce qu’il est facile de reproduire ces avantages.
L’auteur discute plus en détail de son rôle en tant que conseiller du président
du Rwanda Paul Kagame, qui s’est battu pour éviter le génocide dans son pays.
Kagame avait non seulement l’autorité pour faire bouger les choses, il
comprenait les idées entrepreneuriales mises de l’avant par Michael Fairbanks.
Parmi les succès que ce pays ravagé par la guerre a connus, on compte le
développement d’un tourisme haut de gamme pour observer les précieux gorilles
du Rwanda. Vendus comme une expérience unique sur la planète, ces safaris ont
généré des profits pour les villages environnants et ont permis de mettre fin
au braconnage.
Pour ce qui est de l’aide étrangère, M. Fairbanks déclare sans ambages que
« les Chinois ont contribué davantage à éradiquer la pauvreté en Afrique
que toute l’aide étrangère dans l’histoire ». Même s’il ne nie pas qu’il
existe des cas de corruption et d’exploitation, il blâme les médias occidentaux
d’avoir exagéré ces incidents et minimisé les bienfaits substantiels découlant
de la présence chinoise sur le continent. En cherchant simplement à faire des
affaires avec les Africains, les Chinois ont aidé beaucoup de gens, ont
construit des routes et procuré des emplois, et tout cela sans l’attitude
moralisatrice et condescendante qui accompagne souvent l’aide étrangère.
Robert Scully en discute avec Michael Fairbanks, cofondateur
du Fonds SEVEN, une organisation philanthropique dirigée par des entrepreneurs
dédiée à la promotion de solutions entrepreneuriales à la pauvreté dans le
monde. Il est également le fondateur et le président honoraire du Groupe OTF,
la première firme américaine de consultation stratégique financée par du
capital de risque qui se concentre sur les pays en développement. Il est le
coauteur de Plowing the Sea: Nurturing the Hidden Sources of Growth in the
Developing World.