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Les Borgias, troisième saison (2013) : fidèle au genre

Publié le 21 septembre 2013 par Jfcd @enseriestv

La troisième saison de dix épisodes de Les Borgias a été diffusée sur les ondes de Showtime aux États-Unis et Bravo! au Canada ce printemps et est diffusée en français sur Addiktv depuis le 19 septembre. La série débute avec la difficile rémission du pape Alexandre VI (Jeremy Irons), lequel avait été empoisonné par le cardinal Della Rovere (Colm Feore). Alors que son fils Cesare (François Arnaud) tente de condamner ceux qui ont osé s’en prendre à son illustre père, les fiançailles entre sa sœur Lucrezia (Holliday Grainger) et le prince Alfonso d’Aragon (Sebastian de Souza) s’éternisent. La situation en Italie n’est pas non plus de tout repos puisque Caterina Forza (Geena Mckee) qui dut soutenir un siège contre l’armée pontificale la saison dernière complote désormais pour anéantir Alexandre une fois pour toutes. La série, fidèle à elle-même revient en force avec ses thèmes gagnants : sexe, violence, trahisons et complots. Néanmoins, les producteurs ont annoncé en juin que Les Borgias ne serait pas renouvelée. Peut-être qu’en effet, on avait tout exploité (plus d’une fois) et qu’il était temps de passer à autre chose. Ce qui est certain, c’est que mis à part quelques innocuités historiques, la série nous aura offert le portrait d’un des papes les plus controversés de l’histoire.

Les Borgias, troisième saison (2013) : fidèle au genre

Jamais de répit

Pour le plus grand plaisir des téléspectateurs, la saison des Borgias s’ouvre sur la rémission in extremis du pape, après qu’il eut été empoisonné par ses ennemis. On ne pouvait tout simplement pas se passer de Jeremy Irons, l’acteur qui interprète ce personnage haut en couleur. De toute façon, et question de respecter des faits historiques élémentaires, Alexandre VI n’est pas mort assassiné. Les complots issus de l’esprit pour le moins machiavélique du pape reprennent dès lors de plus belle. Dans un premier temps, il lui faut punir ses ennemis, à commencer par le cardinal Della Rovere qui depuis le premier épisode de la série, ne cesse de s’opposer à ce représentant du catholicisme. Séquestré, il ne tardera pas à s’échapper à l’aide de complices et à se trouver de nouvelles têtes fortes qui veulent aussi se débarrasser du pape. Sinon, les nuages s’amoncellent sur la relation entre le prince Alfonso et Lucrezia dont les noces arrivent à grands pas. Ce dernier est de nature trop bonasse. Avec Cesare  au troisième épisode, il rend visite au roi de Naples Ferdinand. Devant l’intransigeance de ce dernier d’accepter au sein de sa famille l’enfant bâtard de Lucrezia, Alfonso ne réagit point, ce qui exaspère d’abord Cesare, puis Lucrezia. Celle-ci, jamais satisfaite, se brouillera avec son époux le jour même de leur mariage et aura une relation sexuelle avec nul autre que son frère aîné… le seul qui la comprenne.

On retrouve donc les membres de cette famille qu’on aime surtout détester. Cesare est littéralement le chien de garde de la famille puisqu’il veille sans arrêt à ses intérêts. Meurtres, tortures, guerres, rien n’est de trop quand il s’agit de maintenir le prestige et la dignité de la famille. Ses manigances ont inspiré nul autre que Machiavel dans son ouvrage Le Prince; c’est peu dire. Quant à sa sœur Lucrezia, elle est toujours aussi énervante. Capricieuse, inconstante, elle mène tout le monde par le bout du nez et les épreuves qu’elle a dû traverser sont loin d’avoir chassé cette puérilité qui ne la caractérise que trop. Les Borgias est donc toujours aussi constante en mettant en scène une famille pécheresse à l’excès. De toute façon, une série sur un pape pieux, ça intéresse qui?

Les Borgias, troisième saison (2013) : fidèle au genre

Se défouler grâce à l’histoire

Depuis la crise économique de 2009, des scandales un peu partout sur la planète impliquant des cols blancs fusent de toute part. Malversations, corruptions, allégations de dépenses excessives de la part de nos politiciens par exemple, ce genre de crime semble être le nouveau banditisme du XXIe siècle. Non qu’ils n’aient jamais existé, c’est seulement qu’à une époque où le taux de chômage va grimpant et que les mises à pied se multiplient, on a tout de suite tendance à montrer du doigt les mieux nantis et les médias se font un point d’honneur de tout dénoncer.

Il en va de même dans certaines séries historiques des dernières années. Le personnage principal de Boardwalk Empire (2010- ), Nucky Thompson, est un politicien des années 30 qui d’une part dénonce les injustices et qui d’autre part est à la tête d’un réseau de contrebande d’alcool qui lui rapporte des millions de $. Dans Les Piliers de la Terre (2010), Woleran Bigod est un évêque très influent qui n’hésite pas à puiser dans les coffres de l’État pour satisfaire ses ambitions, au détriment du pauvre peuple. Enfin, dans Da Vinci’s Demons, le pape Sixte IV (un personnage secondaire) est dépeint comme étant un meurtrier pédophile que tous auraient raison de craindre.

Dans la même veine, Alexandre VI dans Les Borgias est représenté comme étant calculateur, hypocrite et très attiré par l’autre sexe. Il aurait pu être roi, empereur, premier ministre ou occuper n’importe quel poste haut placé, c’est du pareil au même. Le message que l’on retient est que ceux qui sont au pouvoir sont corrompus… très corrompus. D’ailleurs, la religion, outre les décors, prend très peu de place dans la série. Comme l’écrit Pierre Sérisier sur son blogue : « c’est sur ce thème que la série se montre le moins convaincante, ce qui est un peu embêtant compte tenu du fait que cela parle quand même de croyance.» De toute la lignée de papes remontant jusqu’au premier siècle, on a choisi de dédier une série à l’un des plus irréligieux que Rome ait connu. Cette « laïcité papale » n’est d’ailleurs qu’un prétexte à toutes sortes de scènes de violence extrême et de sexualité débridée. Celle d’une orgie lors du quatrième épisode de cette saison entre hommes d’Église et religieuses est particulièrement mémorable… À l’image des médias, on recherche le sensationnel avant tout, quitte à fortement exagérer des moments marquants où mettre en scène ce qui relève de la rumeur. La liaison sexuelle (et même émotionnelle) entre Cesare et sa sœur Lucrezia en est un bon exemple.

Les Borgias, troisième saison (2013) : fidèle au genre

Les Borgias, malgré ses exagérations reste tout de même une série divertissante. Celle-ci a d’ailleurs été en nomination pour dix Emmy et à l’occasion d’autres cérémonies, elle a remporté plusieurs prix, notamment pour sa trame sonore,  ses effets visuels, son montage, le design de production, etc. Mais cet esthétisme a un prix et il est à l’origine de l’annulation de la série, alors que celle-ci avait prévu un total de quatre saisons.  Question de ne pas trop s’éloigner de ses thèmes les plus vendeurs, Showtime lancera dès le 29 septembre une nouvelle série intitulée Masters of Sex, une biographie de William Masters et Virginia Johnson, des sexologues américains qui furent des pionniers en matière de sexologie humaine.




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