Bon certes, à ce rythme là, je serai peut être déjà repassé par l’Australie avant d’achever cette série d’articles sur la faune, la flore et la géologie locales…. Mais au moins, on ne peut pas me reprocher de ne pas avancer…
Bref, aujourd’hui nous allons parler d’une espèce Strange et Funky que j’ai eu l’occasion de découvrir pour la première fois lors de notre deuxième journée en Australie: le renard volant noir, Pteropus alecto.
Rappelez-vous, je vous contais précédemment que nous avions déjà entrepris la visite du Litchfield National Park lors de notre arrivée, mais nous n’avions eu la force que d’y découvrir les milliers de termitières géantes qui y pullulent. C’est vrai qu’avec plus de 30 heures de vol dans le nez, c’est un miracle déjà que nous ayons tous trouvé la force de rester éveillés jusqu’à la tombée de la nuit.
Après un sommeil réparateur, on était enfin frais et dispos pour se mesurer à ce fameux parc national, célèbre notamment pour ses nombreuses cascades où l’on peut se baigner car les crocodiles y sont rares. Du coup, après une gentille randonnée près de la Walker Creek, nous nous sommes baignés près de notre première cascade: les Wangi Falls. Sympatoche donc, mais on voulait aussi voir ce qui se passait au dessus de ces cascades, et échapper aussi à l’affluence des touristes près de ce lieu très accessible. Manque de pot, même en s’écartant de la cascade, notre chemin nous mène vers une forêt encore plus bruyante, où règne un brouhaha assez inconcevable. Sauf que…
Sauf que ce n’étaient pas des touristes qui piaillaient ainsi… mais des chauve-souris géantes (ou renard volant) perchées dans les arbres! J’ai pris une vidéo un peu pourrie pour vous donner une idée du volume sonore, mais c’est le moment où une mouche, le pire fléau australien, s’est mis en tête de venir visiter le contenu de mes narines… D’où mes mouvements convulsifs dans la vidéo suivante:
Si on a tendance aujourd’hui à ignorer le cri d’un renard, il est clair, dans la vidéo précédente, qu’un renard-volant, ça jacasse comme une pie (vous suivez?).
Alors pourquoi utilisons-nous le terme de renard-volant? Et bien dans la famille des chiroptères (les chauve-souris), il y a les plus connues, les petites pipistrelles et autres qui appartiennent au groupe des Microchiroptères et qui sont capables de se repérer, pour la plupart, à l’aide d’écholocation. Et puis il y a les Megachiroptères (bien que cette classification soit de nos jours malmenée par de récentes découvertes phylogénétiques) qui, comme leur nom l’indique, sont le plus souvent dans la catégorie poids-lourd, sont incapables d’écholocation et dont la tête évoque celle d’un chien ou d’un renard:
Tous? Non, car un groupe de mégachiroptère résiste et arbore une tête… ben différente. En effet, le groupe des Nyctimène se caractérise par un faciès aux narines tubulaires et digne d’un film de de monstres de série Z:
Une espèce récemment découverte en Nouvelle Guinée a même été surnommée la Chauve-souris Yoda:
Mais bon, on s’égare… Revenons-en à nos renards-volants australiens. Ceux que j’ai observés appartiennent au groupe des Pteropodinés dans lequel on retrouve les plus grand chiroptères au monde, telle la roussette de Malaisie et ses 1,7 mètres d’envergure:
Sans atteindre ces mensurations records, le renard-volant noir australien, Pteropus alecto, reste assez imposant, en témoigne mes clichés pris à quelques mètres de distance:
[Pause Digression: En manipulant ces images, j’ai réalisé un truc marrant avec les photos de chauve-souris – retournez-les, et vous obtenez des scènes totalement différentes. Exemple trouvé sur l’internet mondial:
/Digression Off]
Apprenons-donc à connaître ces étranges chauve-souris à l’aide de ces différentes vidéos:
Traduction:
Lorsque le soleil se couche en Australie du Nord, des millions d’obscures créatures ailées dominent le ciel. Cela peut impressionner, mais ces grands renard volants ne sont que des chauve-souris inoffensives. Les plus grandes au monde! Leurs ailes peuvent s’étendre jusqu’à 1,7m! Sachant qu’une des plus petites chauve-souris pèse moins d’une pièce d’un centime, c’est plutôt grand! Près d’un quart des espèces de mammifères sont des chauve-souris. 160 d’entre elles sont des ‘Fruit-Bats’ et 60 d’entre elles portent le nom de renards-volants, en raison de leur faciès de renard. Les bébés renards-volants ne peuvent pas voler pendant le premier mois de leur vie. Ce qui signifie que leur mère doit les porter, même en vol… La nuit, ils cherchent des fruits et du nectar, principalement à la vue et à l’odorat. Comme la plupart des chauve-souris vampires et autres ‘Fruit-Bats’, ils n’utilisent pas l’écholocation pour se déplacer. Le jour, ils vivent en colonie qu’on appelle aussi camps, et pouvant contenir plus d’une centaine de milliers d’individus. La plupart du temps, ils restent à température fraiche en s’abritant dans les mangroves et les myrtes. Mais parfois, ces lieux ne sont pas assez frais. Avez-vous jamais porté un manteau de fourrure dans la fournaise australienne? On comprend pourquoi ils s’éventent ainsi! Et quand ça ne marche pas, ils se lèchent. Ils se refroidissent en laissant leur salive s’évaporer. Mais, avec une centaine de milliers de chauve-souris dans le même groupe d’arbres, ils est courant que la tension monte! Les bagarres sont fréquentes pour savoir à qui appartient telle branche. Ils défendent leur territoire, mais ils ne se blessent que rarement. Ce n’est souvent qu’une dispute bruyante. Malgré tout cela, et son imposante posture, il ne s’agit moins là que d’une grande peluche végétarienne.
La sexualité des renards-volants est toute aussi passionnante, ce que l’on va découvrir grâce à la vidéo suivante, nous décrivant les mœurs des renards-volants indonésiens:
Les mâles Pteropus ont des territoires dans les arbres de la colonie. Des branches qu’ils marquent avec leur odeur et qu’ils défendent face aux autres mâles. Les femelles décident où elles veulent nicher et avec qui se reproduire. Les mâles sont particulièrement bien équipés. Chaque matin, les mâles inspectent chaque femelle nichant sur sa branche. La parade nuptiale peut être longue et intense, 20 minutes de toilette méticuleuse, léchant les parties génitales femelles avec une longue et râpeuse langue, peut être pour l’exciter, ou retirer le sperme d’un mâle rival. Les rapports sont vigoureux, bruyants et répétitifs. Cela peut paraitre violent, mais la femelle a le loisir de partir et voler au loin, si elle en a eu assez.
Certains fans auront, je l’espère, reconnu Pteropus comme étant l’une des espèces que j’ai présentée dans ma série sur les Animaux Choupis. En effet, c’est quand même ultra Kawaï:
Et pour finir cette série de vidéos, un récapitulatif signé Ze Frank, dans la cadre de sa série sur les faits véridiques à propos de divers animaux. Today, these are True Facts about the Fruit Bat:
Traduction:
Ici nous explorerons des faits véridiques à propos de la chauve souris frugivore. Il y a beaucoup d’espèces de chauve souris frugivores, la plupart étant des Mega chauve-souris. Cela signifie qu’elles appartiennent au sous-ordre des Megachiroptères et dans la famille des Pteropidae. Oui, les latins ont un peu craqué leur slips pour nommer les choses…Ce qui est peut-être pour le mieux car si vous les aviez nommé vous-même, elles s’appelleraient toutes ‘chauve-souris-balaises-checkez-mon-tumblr.com’ . Ce groupe de chauve-souris contient les plus grands mammifères volants du monde: les renards-volants… qui sont des chauve-souris… Les plus grandes peuvent avoir une envergure d’1,7m. Heureusement, elles mangent des fruits. Contrairement aux oiseaux, les ailes de chauve-souris est fait d’une membrane qui s’étend entre les bras, les mains et leurs doigts super zarbis… Au repos, les chauve-souris s’entourent le corps de cette membrane comme d’une couverture. Ils se suspendent à l’envers à l’aide de leur petits pieds classieux, ce qui leur procure la possibilité de réaliser un dutch-oven… merci le dictionnaire-urbain [Dutch-oven = péter sous la couette jusqu’à saturation et attendre le conjoint pour lui glisser la tête sous les couvertures afin qu’il apprécie cette odeur]. C’est important parce que les megachiroptères possèdent un incroyable sens de l’odorat. Contrairement aux microchiroptères, les megachiroptères ne possèdent pas l’écholocation. Ceci est probablement du au fait qu’à l’exception de la goyave, les fruits n’ont pas tendance à fuir…Ici vous pouvez découvrir différentes parties de l’anatomie des mégachiroptères. Ses ailes, ses rotules globulaires… attendez, ce ne sont pas des rotules… Qu’est-ce que tu lèches, là? Ouh là… on va faire comme si ce sont des rotules en fait… Pour s’amuser, les Pteropus nichent dans les arbres et en utilisant l’imperméable que leur a pourvu l’évolution, ils jouent aux exhibitionnistes…Vilain mégachiroptère! Dû au fait que ces animaux sont consommés, ils sont en danger et parfois leurs bébés sont élevés dans les sanctuaires les plus mignons du monde!
Voici Eric. Eric n’est pas un mégachiroptère. Eric est un des rares microchiroptère frugivore. Quand il était petit, certains autres microchiroptères l’appelaient face de vagin. Personne ne l’appelait renard volant et on l’appelait plutôt sexe ambulant. Mais ces autres chauve-souris étaient stupides parce qu’Eric est un chiroptère frugivore sensible et merveilleux. Il écrit même des poèmes… à propos de raisin. Et alors que ces autres chauve-souris vivent des vies creuses, jugeant les autres par leur apparence, Eric se concentrait sur ce qui était à l’intérieur, et il a rencontré Lily, et eux deux baisent bien mieux que les autres.
Donc vous voilà informé sur tout ce que vous avez voulu savoir sur Pteropus, sans jamais oser le demander… Mais SSAFT va au delà et vous propose de découvrir ce que vous n’avez JAMAIS voulu savoir sur Pteropus et que vous n’auriez jamais pensé à demander… à savoir: ‘comment masturber un renard volant’?
Dans la série Vie De Merde De Chercheur (VDMDC), en voilà un qui a décroché le gros lot: dans l’article intitulé Collection of semen by manual stimulation and ejaculate characteristics of the black flying-fox (Pteropus alecto), on apprend, à grand renfort de photographies, comment collecter le sperme d’un mâle renard volant sauvage avec son poing. L’équipe de zoologistes qui a pondu ce protocole a en effet remarqué que certains mâles Pteropus, lorsqu’ils étaient manipulés par des humains, présentaient des érections spontanées voire, éjaculaient sur les manipulateurs… (1 point VDMDC). Alors que la méthode préférée pour collecter le sperme de spécimens sauvages est l’électro-stimulation (1 point Vie de Merde de Chiroptère), notre équipe de zoologiste a pensé que la manipulation mécanique pouvait offrir une méthode alternative plus efficace et moins invasive.
Le procédé est le suivant: approcher un mâle mature et lui pose une main gantée près du sexe. S’il est plus ou moins habitué à la présence humaine, il pourra se mettre à lécher le gant ainsi que son pénis flaccide. Une fois le membre en érection, le manipulateur prend le pénis entre l’index et le médium de son poing fermé (2ème point VDMDC):
Vous remarquerez que le gland de Pteropus alecto n’est pas banal: en effet, il est épineux, ce qui a son importance quand on connait la suite de la procédure.
Pour d’autres formes de glands chez les mammifères, RV ici
En effet, ce n’est pas le manipulateur qui contrôle les mouvements de stimulation, mais bien l’animal qui prend donc votre poing fermé pour une femelle en chaleur et s’astique donc jusqu’à éjaculation (3ème point VDMDC):
Résultat des courses: cette technique pourtant plus longue que l’électro stimulation (de 20 à 30 minutes , 4ème point VDMDC) n’est portée à succès que la moitié du temps, pour une qualité de sperme sensiblement équivalente. La conclusion est donc qu’il s’agit d’une méthode alternative sans vraiment de contexte dans laquelle elle peut être préférable à l’électrostimulation… (un total de 5 point VDMDC pour cette fantastique étude parue dans Zoo Biology).
En conclusion, si on peut dire que l’allure générale des mégachiroptères évoque sans problème le Dark Knight, faut espérer que la comparaison s’arrête là, parce qu’un justicier frugivore au gland épineux, ça le fait un peu moins…
Mais pour finir sur une note plus poétique, je vous propose, comme la dernière fois, une série de photos supplémentaires prises dans le parc national de Litchfield:
La suite au prochain numéro où je parlerai d’un oiseau au faciès difficile.
Liens:
Arkive
Références:
Teeling, E.C., M.S. Springer, O. Madsen, P. Bates, S.J. O’Brien, and W.J. Murphy. 2005. A Molecular Phylogeny for Bats Illuminates Biogeography and the Fossil Record. Science 307: 580-584.
Nelson JE. 1989. Pteropodidae. In Fauna of Australia. Vol. I, B, Mammalia. Eds. DW Walton and BJ Richardson. Canberra: Australian Gov Pub Service pp. 836-844.
Melville, D. F., Crichton, E. G., Paterson-Wimberley, T. & Johnston, S. D. Collection of semen by manual stimulation and ejaculate characteristics of the black flying-fox (Pteropus alecto). Zoo Biology 27, 159-164, doi:10.1002/zoo.20169 (2008).