Un Milan décimé qui débute en Europe

C’est un moment délicat pour l’AC Milan. Très délicat. Après la défaite à Vérone, les Rossoneri avaient très bien réagi, d’abord face au PSV et ensuite face à Cagliari. Alors que tout le monde s’attendait à un bon Milan après la pause, l’équipe d’Allegri a rendu une copie horrible à Turin. Résultat : un match nul arraché (et même volé, soyons honnêtes), immérité et vraiment tiré par les cheveux. Une prestation qui a révélé tous les problèmes (pourtant bien connus) d’un Milan mal construit, mal pensé et fauché par les blessures. Aujourd’hui il faut tourner la page, il y a Milan – Celtic.

Alors que le climat autour du « nouveau » Milan, avec notamment le retour de Kakà et le changement tactique, mêlait curiosité à enthousiasme, le réveil a été brutal. L’AC Milan a disputé une prestation pathétique, sans queue ni tête. Le résultat d’une campagne de mercato qui n’a pas respecté les réels besoins de l’équipe. La défense prend l’eau de toute part : s’il est normal que l’équipe a besoin d’ajustement après le changement tactique, les erreurs individuelles sont trop nombreuses et directement liée à la qualité des joueurs (il semblait que Milan était qualitativement compétitif…). Les grandes équipes sont toutes construites sur une grande défense : Milan a ignoré cet adage, préférant empiler les attaquants plutôt que de renforcer ce secteur déficitaire. Le milieu manque d’alternative : Montolivo est le seul métronome. Sans lui (ou s’il n’est pas en forme), il n’y a aucun joueur pour faire circuler le ballon (Poli a d’autres caractéristiques). Et la phase offensive de la nouvelle tactique repose sur les épaules d’un Kakà logiquement hors forme et en manque de rythme. Il aura fallu un seul match pour mettre ce Milan à nu, avec toutes ses lacunes et « l’effet Kakà » a déjà disparu. Le changement tactique effectué tardivement et le nombre de blessures impressionnant n’aident pas.

CHANGEMENT TACTIQUE ET CONSÉQUENCES
Dans un club normal, qui a une programmation et un projet clair et défini, la tactique et l’idée de jeu doivent être choisies et mises en place dès le début de la préparation, avec une équipe déjà construite. A Milan, le changement tactique a été décidé autour d’une table début juin mais avec un effectif inadapté à la tactique. Ainsi, sans milieux offensifs de rôle jusqu’au 2 septembre, Allegri a du maintenir logiquement (et heureusement) le 4-3-3, qui a notamment permis de passer brillamment l’obstacle PSV lors des playoff de Champions League (mais surtout de remonter la saison passée et de subir une seule défaite lors des 19 matches retour de championnat…).

Ce n’est qu’en toute fin de mercato, en vendant Boateng en le remplaçant par Kakà (ainsi que l’achat de Matri) qu’effectif a été adapté au passage du 4-3-3 au 4-3-1-2. Un changement trop tardif et trop précipité avec comme résultat une équipe complètement désorganisée et déséquilibrée vue à Torino. Le 4-3-1-2 est une tactique très « axiale » et l’apport offensif (et le support au milieu) des défenseurs latéraux est fondamental pour élargir le jeu et ainsi diversifier les solutions offensives. Emanuelson déséquilibre l’équipe sans pour autant se montrer efficace. Zaccardo n’a rien apporté offensivement et a montré de graves lacunes en défense. De plus il s’agit de deux joueurs qui ne faisaient plus partie des plans de Milan.

Face à une équipe de Torino bien fermée, avec Montolivo et Muntari hors du coup, les tentatives d’attaques centrales en passant par un Kakà très bien tenu mais surtout hors forme et pas encore intégré à l’équipe ont toutes échoué (espérons que ce soit un épisode isolé car Kakà était méconnaissable et la presse le démoli déjà très injustement : laissons lui du temps!). Tout cela durant 90 minutes d’anarchie totale : des joueurs mal placés, pressing au hasard et pas organisé, des secteurs de jeu trop distants les uns des autres, sans lien, sans aucune idée de jeu… Allegri n’est pas exempt de tout reproche. En plus de son mauvais choix de formation initiale avec un Muntari et Robinho HONTEUX alors que Poli et Matri sont en forme et (Allegri a absolument voulu Matri pour lui préférer Robinho titulaire???), le pire est l’attitude inacceptable de l’équipe (surtout après la leçon à Vérone), sans idée, sans mordant, sans envie. La qualité peut manquer, le manque d’organisation et d’équilibre face à Torino peut s’expliquer par le changement tactique trop rapide mais voir 11 joueurs errer sur la pelouse est INACCEPTABLE pour ce que représente l’AC Milan.

BLESSURES ET ORIGINES DE CELLES-CI
Chapitre blessures. La circonstance atténuante des dirigeants est qu’il était difficile de prévoir l’hécatombe que Milan vit actuellement. Et il est difficile d’en connaitre les causes réelles : problèmes de préparation? En effet, Milan avait l’objectif de préparer l’équipe pour les playoff de Champions League. C’était le cas également il y a deux ans (pour la Supercoupe) lorsque Milan a vécu une hécatombe similaire. D’une manière générale, on peut tout de même en conclure que la préparation est trop lourde à Milan (voire les déclarations de Pato). Cependant, d’autres facteurs entrent en jeu. Tout d’abord la chance, ou plutôt la malchance.

Il faut séparer les blessures traumatiques (dues à des chocs par exemple) de celles musculaires. Pazzini a été opéré d’un problème de longue date. Bonera a souffert d’une fracture de la rotule suite à un choc. Silvestre et De Sciglio ont été touchés à un ménisque, ce qui n’est pas lié à la préparation. Quant à Poli, il a un hématome suite à une contusion (un choc). Comme blessures musculaires et donc potentiellement liées à la préparation, il y a Montolivo, Abate, El Shaarawy et Kakà. Curieusement (ou pas), les trois Italiens ont participé à la Confederations Cup (même si El Shaa n’a pas joué). Un surplus d’effort (d’ailleurs Abate s’est blessé en Nazionale), moins de repos entre les deux saisons et pas une réelle préparation d’avant saison (souvenez-vous des titularisations immédiates de Montolivo et El Shaarawy aux USA sans pratiquement aucun entrainement). Quant à Kakà, comment imputer sa blessure au staff milanais alors qu’il est arrivé il y a un peu plus de dix jours?

ET MAINTENANT?
A Torino, la prestation de Milan a frôlé le néant, en atteignant un des points les plus bas de ces 25 dernières années. C’est d’autant plus inadmissible alors qu’il s’agit de la seconde fois cette saison. Ce soir, l’AC Milan débute en Champions League face à Celtic et Allegri est forcé de trouver une solution tactique et technique avec peu de joueurs. Comme il l’a lui-même souligné, sans compter les gardiens et joueurs de la Primavera, il n’a que 13 joueurs de champs disponibles. De ce fait, il n’a pratiquement aucun choix à effectuer. Devant Abbiati, il y aura Zaccardo, Zapata, Mexès et probablement Constant (plus physique qu’Emanuelson). Au milieu, un trio Nocerino, De Jong et Muntari et une attaque Birsa, Matri et Balotelli. Vu le rôle hybride de Birsa, la tactique devrait un mélange de 4-3-1-2 et 4-3-3. Sur le banc, Allegri a deux jokers et demi : Emanuelson, Robinho et un Poli pas au mieux. Les autres joueurs sont des jeunes.

La situation est délicate. Alors qu’il n’y avait déjà peu de certitudes, Milan doit aller au combat avec une équipe inédite lors d’un match à remporter impérativement. En effet, avec Barcelone grand favori du groupe (qui reçoit l’Ajax), Milan doit obtenir le maximum de points face à Celtic et Ajax. Et ce Milan – Celtic est sur le papier le match le plus facile du groupe pour les Rossoneri. Malgré cela, vu la prestation à Turin, il y a tout de même de quoi être inquiet (Celtic est une équipe combative). Le manque d’équilibre et de mécanismes ne se règle pas en deux jours d’entrainements. Quoi qu’il en soit, Milan doit réagir. Allegri n’est pas du genre à s’alarmer et s’apitoyer sur son sort. Les Rossoneri, eux, devront montrer un tout autre visage. Malgré les absences, l’équipe alignée reste supérieure à celle du Celtic. Avec le soutien de San Siro et de tous les tifosi dans le monde, l’AC Milan a l’obligation de débuter sa Champions League avec une victoire.

Forza Milan