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Les Roms : le hit politique de l’année 2014?

Publié le 24 septembre 2013 par Delits

Cet article a été publié sur le site d’Atlantico le mercredi 18 septembre : http://www.atlantico.fr/rdv/politico-scanner/pourquoi-roms-pourraient-bien-etre-sujet-politique-2014-matthieu-chaigne-844880.html

Ils seront les guest stars de l’année électorale. Issus de Roumanie, Hongrie, Slovaquie, Serbie ou Kosovo, et recoupant donc des nationalités, statuts administratifs différents, les Roms agitent déjà le landerneau politique. Cette semaine NKM, candidate de l’UMP à Paris, s’emparait de la question de la sécurité. Dans sa ligne de mire notamment, les bandes de Roms, très visibles par les Parisiens et qui cristallisent les griefs des commerçants, touristes et habitants. Plus tôt dans l’été, c’était au tour du maire de Nice de dénoncer l’inertie du Gouvernement face à l’accroissement du nombre de camps illégaux. Les Roms : un sujet brulant depuis la sortie du président Sarkozy et son discours de Grenoble. C’était il y a trois ans. Une tornade médiatique, européenne, ecclésiastique même – l’Eglise catholique avait dénoncé la politique menée alors – s’était abattue sur l’exécutif.

Pourtant, tout indique que la question des Roms, constituera un sujet incontournable dans cette double année électorale. Poison des municipalités rurales comme urbaines, et symbole – ou bouc émissaire- d’une Europe qui ne parvient plus à maitriser ses flux, la question des Roms est une aubaine électorale. Décryptage avec 4 chiffres clés

1. Un sujet de préoccupation qui transcende les clivages partisans

Pour les Français, la présence des Roms est un vrai sujet. Selon une étude Harris Interactive, 70 % d’entre eux se disent préoccupés par la question. 73% jugent également que ce thème devrait être important pour le gouvernement de Jean-Marc Ayrault. Parce qu’elle inquiète nos compatriotes, la question des Roms doit logiquement être inscrite, selon eux, à l’agenda politique. Et si la focalisation est massive chez les sympathisants du FN et de l’UMP où le chiffre monte respectivement à 95% et 90%, presque un sympathisant PS sur deux témoigne également de sa préoccupation.

2. L’illégalité au cœur de l’exaspération.

Selon Harris Interactive, 86% des Français se déclarent opposés à l’installation, à coté de leur domicile, de campements Roms dans un espace non prévu à cette fin. Le caractère sauvage de certains campements est ainsi clairement dénoncé par nos compatriotes qui réclament des réponses musclées. Selon l’IFOP, pour faire respecter la loi contre les camps illégaux, les sondés sont partisans de la méthode forte. Ainsi, 80 % d’entre eux souhaitent un démantèlement des camps illégaux. Au cœur de la polémique déclenchée par le gouvernement Sarkozy durant l’été 2010, ce chiffre était tombé à 66%. Soucieux de marquer leur désapprobation à l’endroit du pouvoir, les sympathisants socialistes avaient à l’époque dénoncé à une large majorité le discours répressif du Président. Ils sont aujourd’hui 70% à souhaiter la suppression des camps illégaux.

Le respect de la loi constitue donc une demande transpartisane, qui n’est pas sans nourrir quelques ambiguïtés. Car une partie de nos compatriotes considère à tort que les Roms n’ont pas le droit de se trouver sur le territoire français. Or, les ressortissants de Roumanie et Bulgarie ont l’autorisation, en tant que membres de l’Union Européenne, de circuler librement dans tous les Etats membres pour une durée de 3 mois, avant de subir certaines restrictions. Une décision qu’il n’est pas interdit de contester, mais qui ne recoupe pas le champ de la légalité, ce dernier contribuant pourtant fortement à nourrir l’exacerbation.

3. Au delà des chiffres, le sentiment d’impuissance

Mais au delà du débat sur la légalité, les chiffres font également état d’une crispation sur l’acceptation même des Roms sur le sol français.

Il y a d’abord le sentiment d’impuissance, évalué il y a un an par l’IFOP. Selon l’étude, une écrasante majorité de Français (73%) juge que le démantèlement des camps par les forces de l’ordre n’est pas une mesure efficace, qui ne fait que déplacer le problème. Une perception d’un Etat dépassé par une population défiant les lois qui a sans conteste nourri le rejet massif de cette population. Aujourd’hui, 44% des Français se déclarent opposés à la présence de camps de Roms, même dans un espace prévu pour leur accueil. Plus que la légalité de la présence, c’est l’assimilation qui est largement remise en cause.

4. Le dilemme français.

Comme expliqué dans un article de Délits d’Opinion, c’est bien la société française dans ses profondeurs qui est tiraillée entre sa culture d’accueil, son refus de la stigmatisation et la demande croissante d’autorité. Interrogés par LH2, au lendemain de la polémique de 2010, deux France se faisaient face, une courte majorité estimant que la politique de l’exécutif n’était pas conforme aux principes de la République Française. Aujourd’hui, le débat ne peut plus aujourd’hui être réduit à une lecture binaire du peuple de droite contre le peuple de gauche.

Les candidats locaux, les listes européennes qui ne manqueront pas de se saisir de la question des Roms devront donc naviguer entre ces deux injonctions contradictoires qui perdurent dans la société française et probablement aussi dans l’esprit de chacun. Répondre avec efficacité à un sentiment d’exaspération qui menace l’existence même du pacte social, sans sombrer dans l’obsession qui cristalliserait bien facilement sur la question des Roms une impuissance politique plus large.


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