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Superleggera by Touring

Publié le 24 septembre 2013 par Llc

Certains noms sonnent mieux que d’autres à notre oreille. Celui de Superleggera m’a toujours grandement enthousiasmé. Je me souviens l’avoir découvert, adolescent, à la lecture d’un article relatant l’un des grands duels Nord-Sud, symbolique, sportif bien évidemment, entre deux marques mythiques, Ferrari et Aston Martin, et deux modèles qui ne le sont pas moins, la 250 GT d’une part, la DB4 GT Superleggera d’autre part – de l’avis général (et du mien), l’une des plus belles voitures jamais construites. Superleggera : ce mot délicatement calligraphié sur le capot sonnait alors pour moi comme une promesse de vitesse et de fluidité, ce qu’il fut pendant des années pour de nombreux acheteurs.

Touring et le système Weymann

La Carozzeria Touring est née du rachat en 1926 d’une entreprise de carrosserie, Falco, anciennement spécialisée dans l’aéronautique légère, par deux hommes, Felice Bianchi Anderloni, ancien pilote d’essai Isotta Fraschini et pilote de voitures de tourisme, et Gaetano Ponzoni, juriste de formation comme lui, jusque-là employé de banque, à Vittorio Ascari, frère d’Antonio Ascari, le grand pilote Alfa Romeo de la décennie. Ensemble, les trois hommes (car les repreneurs ont pris soin de garder avec eux Vittorio Ascari, dont l’expérience et les relations sont tout sauf inutiles) s’orientent vers les fuori serie, soit la personnalisation des châssis nus, comme c’est l’usage à l’époque. Par chance, la société est installée non loin des usines Isotta Fraschini et Alfa Romeo, ce qui va leur permettre de capter plus facilement des clients. Fort de son passé de pilote, Felice Bianchi Anderloni peut se prévaloir d’une compétence et d’un souci techniques qui échappent à bon nombre de ses concurrents, et il a deux obsessions : le poids et l’aérodynamisme. « Le poids est l’ennemi, a-t-il coutume de répéter, la résistance de l’air est l’obstacle ». Dès le début, il décide donc d’acquérir les droits d’exploitation pour la Lombardie de la « licence Weymann », qui permet l’abandon des panneaux de carrosserie en tôle au profit d’autres, plus souples et plus légers, dont le travail se rapproche en outre de l’activité aéronautique de Falco. Dans le même temps, Touring apporte à ses voitures des améliorations stylistiques discrètes mais efficaces qui lui valent de se distinguer et font le bonheur de sa riche clientèle. Inscrites à l’épreuve des Mille Miglia, les conduites intérieures de la marque, opportunément baptisées Fugientem Incurro Diem (« je cours contre le temps »), s’imposent bientôt dans l’esprit des spectateurs. Riches clients d’un côté, succès populaires de l’autre, la Carozzeria Touring présente au début des années 1930 des atouts propres à séduire un constructeur généraliste. Alfa Romeo ne s’y trompe pas. Sa collaboration avec le carrossier ne s’achèvera qu’avec la liquidation de la société en 1966.

L’heure de gloire : le procédé Superleggera

1931 : le prototype 6C 1750 GS Flying Star, en rupture totale avec le dessin purement fonctionnel de la plupart des productions de l’industrie automobile, reçoit le premier prix d’élégance à la Villa d’Este. Mais l’avenir n’est pas rose pour autant. Alors qu’apparaissent déjà les châssis autoporteurs et les premiers modèles à ailes ovoïdes en métal, le système Weymann, basé sur une ossature en bois, apparaît désormais techniquement dépassé. Pour résoudre ce problème, Touring met au point un treillis de tubes d’acier recouverts de panneaux d’aluminium, autorisant un dessin plus fin et un gain de poids substantiel. Le procédé Superleggera est né. Il trouve à s’appliquer dès 1937 sur l’Alfa Romeo 6C 2300B, et, trois ans plus tard, sur la BMW 328, qui surclasse aux Mille Miglia toutes ses concurrentes grâce notamment à sa ligne aérodynamique.

Après la Guerre, la supériorité technique et économique de la solution Touring (dont la licence se vendra très bien à l’étranger) s’impose dans le monde de l’automobile haut de gamme. Deux modèles, l’Aston Martin DB4 (1958), dont le dessin doit beaucoup au procédé Superleggera, et la 350 GT, première Lamborghini de l’histoire, viennent spontanément à l’esprit, mais on pourrait en citer beaucoup d’autres : les Alfa Romeo 2000 et 2600 Spider, la Bristol 401, la Ferrari 166 Inter, la Lancia Flaminia GT, les Maserati 3500 GT et 5000 GT (pour une liste exhaustive, voir le Registro Internazionale Touring Superlegerra) … Malheureusement, le passage de l’automobile à la grande série et d’importants revers de fortune auront raison du savoir-faire de Touring au milieu des années 1960.

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Lamborghini 400 GT 2+2 : un style unique.

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Alfa Romeo 2600 Spider.

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La Lancia Flaminia GT décapotable (convertibile) de Marcella Mastroianni.

Depuis 2006, une nouvelle société, baptisée Carrozzeria Touring Superleggera Srl, tente de faire revivre le mythe, produisant principalement des prototypes et des fuori serie à l’intention de riches collectionneurs. Parmi ses réalisations les plus abouties, signalons le concept-car Disco Volante (photos), hommage au concept-car 1900 C52 du même nom, dont Alfa Romeo a validé la mise en production prochaine.


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