
On est loin du film biographique et romantique avec Isabelle Adjani traitant plutôt de la passion de Camille pour Rodin. Très star system avec ses 6 Césars, Dumont livre un film aux antipodes du précédent. Il décide déjà de ne traiter que quelques jours de la vie de Camille. Les quelques jours de 1915 où elle attend la visite de son frère Paul ; visite sur laquelle elle compte beaucoup. Elle est en effet interné depuis 2 ans dans un asile de fous par sa famille ; elle y restera 30 ans, jusqu’à sa mort en 1943. Elle paraît très vite saine d’esprit au milieu de ces fous ; tout juste un sentiment de persécution est perceptible. Les infirmières et nonnes lui confient même des patientes. La folie cachée aux yeux de la société est un des sujets du film. Et Bruno Dumont anti cinéma commercial au possible met Juliette Binoche au cœur du film mais l’entoure de véritables déments, nonnes et infirmières. C’est un peu la limite du film, on voie très vite la médiocrité du jeu des non comédiens. Le seul mérite est que cela sublime encore plus la performance de Binoche. On finit même par se demander si c’est un film sur Camille ou sur Juliette. Peu de parole, mais de longs plans fixes et serrés sur le visage de Binoche viennent révéler au combien son jeu relève de l’incarnation ; la détresse dans les yeux de cette femme ne comprenant pas son internement est impressionnante. Après derrière ce stratagème de l’entourer de véritables malades nait quelques moments de grâce mais aussi de grosses longueurs. Et la rencontre tant attendue entre Paul et sa sœur qui devait être d’une richesse absolue est bâclée en 10 minutes et nous laisse sur notre faim. Tout est trop lent dans la première heure et tout est trop rapide dans le dernier quart d’heure. Cette rencontre où deux visions du monde s’opposent méritait plus. Paul, submergé par l’exubérance d’une sœur dépassée par sa joie de le revoir (joie comprise par le spectateur car il a appréhendé sa réalité), ne perçoit pas ou refuse de comprendre la raison en elle. Il prend congé, enfin plutôt il s’enfuit. Terrible et déchirant, cette femme est laissée à son sort. Mais çà ne prend par guère, le rythme est tellement inadapté au récit.Sorti en 2013