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Il y a un an, deux chutes au Népal...

Publié le 26 septembre 2013 par Sylvainbazin
Ce matin, je passais une radio de contrôle pour mes deux bras. Ils vont bien, presque miraculeusement bien. Tout s'est ressoudé comme il faut, nickel. A peine devrait on me retirer une des plaques, voire même juste une visse, qui me gêne un peu, et encore ça ne presse pas, il faudra juste que j'essaie de caler ça dans mon calendrier un peu pléthorique. La page est donc presque tournée, au moins dans le sens de la guérison. Mais bien sûr, au-delà de l'aspect purement médical, cet épisode m'a marqué et j'y repense souvent, tout en l'associant globalement à une année 2012 qui fut particulièrement éprouvante pour moi, sur le plan personnel.
Il y a un an juste, je dévalais un glissement de terrain entre le Kanchenjunga et le Makalu, dans une des régions les plus sauvages du Népal. Je m'étais déjà cassé un bras deux jours plus tôt, et c'est par miracle que je ne me fracturais qu'un autre bras (et à nouveau le droit déjà cassé) dans cette chute. Je dois la vie à un heureux hasard qui a fait que les plus grosses pierres ne m'aient que frôlé, passant à quelques centimètres de mon crâne, que mon dos se soit aussi préservé et que j'ai pu au final stopper ma chute, une soixantaine de mètres plus bas. Je dois aussi une immense reconnaissance à mes sauveurs japonais et népalais, Typhoon et ses amis, rencontrés entre mes deux accidents et qui ont fait bien plus que me porter assistance.
J'ai dû ensuite marcher encore deux jours dans des terrains très compliqués avant de pouvoir être rapatrié sur Kathmandou puis opéré là-bas. Bien sûr, ce fut une expérience très difficile, de celles d'où on ne revient pas tout à fait indemme. Une expérience "aux limites", de quelque chose qu'on pressent comme la mort, même si je n'y ai pas tant pensé que ça pendant les cinq jours à partir de ma première chute, où je me suis retrouvé seul et dans un territoire très hostile. Je me revois scrutant les nuages à 5000 mètres d'altitude pour tenter de trouver mon chemin, je me revois dans les cailloux en équilibre avec mon seul bras valide. Je revois ma deuxième chute. Mais tout au long de ce périple pour la survie, j'ai senti aussi, c'est vrai, une main protectrice au-dessus de moi qui m'a toujours fait penser que je ne resterai pas là, pas cette fois.
Je tente toujours d'interpréter cette aventure et mes sentiments d'alors; je suis toujours en train d'écrire un récit plus détaillé de ce qu'il s'est passé pour moi pendant cette aventure.
C'était aussi la suite, presque logique, d'une année 2012 bien compliquée, sur un plan sentimental il faut bien le dire, et donc psychologique, éclairé par de beaux moments comme mon chemin de Saint-Jacques qui me fait aussi entrevoir la voie par laquelle peut-être j'y verrai plus clair. Il y a des traumatismes plus profonds que des fractures des bras, je le savais déjà et 2012 me l'a confirmé.
En comparaison,  mon année 2013 est plus calme, sinon apaisé. Je vais aussi repartir cet automne, très bientôt, sur un grand chemin. Je l'envisage bien plus sereinement aussi que je ne partais pour le GHT l'an passé. Cette Via Francigena sera sans doute heureuse, presque une récréation. Je vais y marcher, y courir un peu, y penser beaucoup, y découvrir sûrement.
Ma place, en tous cas aujourd'hui, me semble toujours être là, sur le chemin, à vivre, à rêver, à écrire. Je ne sais pas si on peut construire une vie ainsi, mais je pense que cela participe de l'édifice de la mienne et pourrai sans doute en aider beaucoup.
Dernièrement, plusieurs amis chères m'ont demandé comment je voyais ma vie dans une dizaine d'années, se posant eux aussi des questions sur la leur, dans nos âges un peu critique de la trentaine entamée. L'une d'elle, à qui je répondais que les concessions et compromis me semblaient nécessaires, m'a fait remarquer que j'étais sans doute celui qui en faisait le moins. C'est peut-être vrai, ou je n'ai pas eu l'occasion d'en faire et me laisse guider par ce chemin "d'aventures" qui semblent être le mien.
En tous cas, dans dix ans, j'espère que j'aurai quelques indices de plus pour comprendre pourquoi le hasard, le destin ou dieu n'a pas voulu que ma vie s'arrête brusquement, il y a un an. J'y pense souvent. 

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