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Mollaïcité, la laïcité version dirigiste

Publié le 27 septembre 2013 par Copeau @Contrepoints
Liberticides & Co | Religion | Sujets de société

Mollaïcité, la laïcité version dirigiste

Publié le 27/09/2013

Aux yeux du gouvernement et de l'administration françaises, tous les prétextes sont bons pour envahir la vie des Français. La laïcité figure en bonne place au rang des notions dévoyées.

Par Baptiste Créteur.

Mollaïcité, la laïcité version dirigiste

"Miss Burka".

Le ramadan a, il y a quelques mois, été l'occasion pour les ministres de saisir l'opportunité annuelle de communiquer à bas frais, au choix, sur leur plaisir de vivre dans une France cosmopolite ou, au contraire, leur crainte d'une invasion et d'une perte de leurs propres traditions, comme si les traditions des uns devait forcément enthousiasmer ou faire disparaître celles des autres.

Manuel Valls a choisi son camp : il est plus proche du croissant que du pain au chocolat. Pour lui, le ramadan fait partie du calendrier commun de tous les Français. Sa vision de la laïcité est empreinte du même esprit que la plupart des notions socialistes ; au lieu d'une liberté individuelle à laquelle on laisserait toute sa place, elle désigne alors une uniformisation tendant vers l'indifférenciation.

Et quoi de mieux pour uniformiser que de supprimer des fêtes chrétiennes du calendrier pour les remplacer par des fêtes musulmanes et juives ? Chacun aurait alors droit à son jour férié, et les hommes politiques auraient une occasion supplémentaire à saisir. C'est ce que propose Dounia Bouzar, désormais membre de l'observatoire de la laïcité. D'une observatrice, un tel activisme a de quoi surprendre.

Dans son raisonnement, de nombreux éléments propres à la démarche socialiste permettent de comprendre sa nomination par Jean-Marc Ayrault. Ouste, la marge de manœuvre de l'individu. Vive le "travailler ensemble" (©Dounia Bouzar). Mais surtout, vive le code vestimentaire imposé par l’État.

Concrètement, dans sa vision, si une femme veut être cadre et porter le voile, elle doit choisir – peu importe que tout le monde soit d'accord ou, plus probablement, s'en fiche : que la religion soit visible serait contraire à la laïcité. Et rien ne doit être négocié individuellement, entre adultes responsables et consentants : pour les mêmes raisons que ces syndicats qui détruisent l'emploi pour conserver leur pouvoir, l’État ne doit pas laisser les individus décider.

Et on retrouve aussi la même conviction des socialistes qu'ils composent l'avant-garde du monde : la France devrait "ouvrir la voie". En matière de laïcité comme en matière d'égalité des sexes, peu importe ; tous ces sujets, fortement ancrés dans la tradition et ô combien individuels, entrent dans l'indéfinissable vivre ensemble, et l’État doit entourer de ses mains baladeuses les contours de la sphère privée réduite à sa plus simple expression.

Une fois de plus, les socialistes sont soucieux d'assurer la division des Français entre le camp du bien, l'empire du progrès, les girouettes du sens de l'histoire d'un côté, et les conservateurs, traditionalistes, intégristes et autres fondamentalistes de l'autre. Les jours fériés issus du calendrier des fêtes chrétiennes sont de l'ordre de la coutume et de la tradition ; en revanche, les remplacer par d'autres est de l'ordre du symbole.

Pour faire face au décalage croissant de compétitivité entre la France et le reste du monde, pourquoi ne pas tout simplement supprimer deux jours fériés ? Et si l'enjeu est uniquement d'assurer aux pratiquants de différentes religions la possibilité de prendre part aux fêtes, pourquoi ne pas supprimer à la place les armistices, ou la fête du travail et le 14 juillet ?

D'un côté, Dounia Bouzar veut uniformiser le lieu de travail, empêchant certaines pratiques religieuses et obligeant les plus pratiquants à choisir entre travail et conformité avec leur rite. De l'autre, elle veut leur offrir deux jours fériés pour leur éviter d'avoir à choisir entre travail et conformité avec leur rite. Sans cohérence ni bon sens, elle veut légiférer là où la loi n'a pas son mot à dire et le choix individuel toute sa place. Dans cette vision, c'est à l’État de décider quelle pratique religieuse est compatible avec la laïcité ou non ; vivre devient vivre ensemble, et vivre ensemble suppose de vivre selon les mêmes règles, dictées par l’État. On peut être sans foi, mais pas sans loi.

Et pour enfoncer un peu le clou, pourquoi ne pas, après avoir interdit la burka, sponsoriser "Miss Burka", distillant un peu de tolérance clivante sur la tradition nordique des géants ? Vous en avez rêvé, les socialistes du Conseil Régional du Nord-Pas-de-Calais l'ont fait. De l'argent public pour "travailler sur la décrispation face aux problèmes identitaires" autour d'un vêtement interdit dans l'espace public, n'est-ce pas après tout le rôle de nos institutions ?

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