Tomber sur cet article du Figaro m'a mis en fureur. On y voit le ministre d'une démocratie jouer à l'enfant sage devant un garde-champêtre libéral finlandais désigné dans le cadre de la foire d'empoigne des compositions de commission.
Le même Olli Rehn qui tance régulièrement la France (et d'autres) parce qu'elle n'en fait pas assez dans la politique stupide d'austérité à laquelle mène l'euro.
Je pensais que au-delà même des dégats que fait quotidiennement cette politique d'austérité, c'est probablement la violence symbolique faite aux citoyens de chacun des pays membres qui est la plus forte.
Partout s'impose le constat que le vote au niveau national ne sert à rien, tandis que le vote européen ne sert à rien - puisque les "gouvernements" européens sont toujours des compromis droite/gauche incolores.
Un entretien de Daniel Schneidermann sur Ragemag me confirme dans mon opinion. Dans l'extrait ci-dessous, les deux journalistes discutent de la confusion des genres entre journalistes et politiques, exemple bachelot à l'appui :
Ragemag : Avant, c’étaient des métiers [politique et journaliste].
« Oui, mais entre-temps, il y a eu un truc qui s’appelait l’Europe. Ça va plus loin. Les classes politiques nationales n’ont plus aucun pouvoir. Elles se sont laissé déposséder leur pouvoir par en haut, par l’Europe, par les institutions supranationales, et par en bas, par les régions, les départements, etc. Il leur reste un pouvoir symbolique, un pouvoir de totem. Et ça vaut aussi bien pour Sarkozy que pour Hollande.
Le pouvoir qu’il leur reste à partir du moment où il y a une monnaie commune, dont les parités sont fixes et dont on ne sort pas, c’est juste de la rigolade. Donc, comme ils n’ont plus de pouvoir à mon sens autre que symbolique, ça ne me pose pas de problème qu’ils aillent sur les plateaux. »
Voilà pourquoi Mosco a l'air d'un guignol devant Rehn : c'est structurel. Mosco, c'est un gars qui a besoin que le type d'en face, qui détient le vrai pouvoir (par exemple, pour la BCE, de cesser d'acheter des obligations françaises, ce qui ferait monter les taux et ruinerait le budget - ce qui est arrivé à Berlusconi), le laisse poser sur la photo. Juste pour ramener la photo à la maison.
Je crois que Montebourg est plus malin, qu'il aurait évité ce genre de pause pitoyable. il n'a pas plus de pouvoirs pour autant.
Je lis par ailleurs que Olli Rehn, quand il aura cessé de couler les économies européennes, envisage de remplacer Barroso. Raison de plus pour Mosco de filer droit.
Bref, les dégats de l'aventure europénne ne sont pas qu'économiques, plus profondément, ils résident dans la dévalorisation permanente de la démocratie qui est voulue et organisée par le jeu des institutions supra-démocratiques.