Comme dans « Rosemary’s Baby », le thriller fantastique de Roman Polanski sorti en 1968, il y a des bébés qui font froid dans le dos.
Au moment où le Front National s’apprête à fêter le 41ème anniversaire de sa création, il n’est pas inutile de rappeler à toutes celles et ceux qui pensent que ce mouvement est un parti comme les autres (54% des Français selon un récent sondage) qui en étaient les pères fondateurs. C’est une question de santé publique. Parmi les petites fées qui se penchées au dessus du berceau du bébé de Jean-Marie Le Pen le 5 octobre 1972 et qui ont participé à sa construction : Pierre Bousquet, François Brigneau, Victor Barthélémy, André Dufrassaise et Léon Gaultier. Point commun entre tous ces hommes : ils ont collaboré sans scrupule avec l’occupant allemand. Le premier, Pierre Bousquet, a participé en 1945 au sein de la division SS Charlemagne à la défense de Berlin assiégée par les troupes alliées et a été membre du premier bureau politique du FN et son trésorier pendant 9 années. Le deuxième, François Brigneau, fut membre de la Milice française créée en 1943 par le gouvernement Vichy pour lutter contre la Résistance. Les miliciens étaient des supplétifs de la Gestapo et des autres forces allemandes. François Brigneau fut élu vice-président du FN à sa fondation. Le troisième, André Dufraisse, fut membre du Parti Populaire Français (PPF) fondé et dirigé par Jacques Doriot, l’un des principaux partis collaborationnistes. Engagé dans la Légion des Volontaires Français (LVF), André Dufraisse a combattu sous l’uniforme allemand sur le front de l’Est et a été élu en 1972 au premier bureau politique du FN. Victor Barthélémy, quant à lui, fut responsable national du PPF et a participé à la création de la LVF dont il était membre du comité central. Il a participé à la création du FN en 1972 et l’année suivante en est devenu son secrétaire administratif. Enfin, Léon Gaultier a été pendant l’occupation un proche collaborateur de Paul Marion, secrétaire général à l’information et à la propagande du régime de Vichy. Il a ensuite combattu sous l’uniforme allemand sur le front de l’Est. Il compte parmi les membres fondateurs du conseil national du FN. C’était l’associé de Jean-Marie Le Pen dans sa société d’édition, la SERP.
Tous ces personnages n’ont pas grand-chose en commun avec les hommes et les femmes, qu’ils aient été de droite ou de gauche, qui se sont battus pour libérer la France et vaincre le nazisme.
D’aucuns vous diront, parmi les militants et les cadres du FN – c’est le refrain entendu – que tout cela c’est de la « Préhistoire », qu’il faut tirer un trait là-dessus et que le Front National a fait peau neuve. Pourtant l’Histoire nous enseigne qu’il faut toujours conserver un regard sur le passé pour ne pas reproduire les mêmes erreurs qui ont conduit à des drames. Savoir d’où vient le Front National nous permet de comprendre où il veut aller réellement.
En dépit des complicités dont il bénéficie, – celle de nombreux médias qui entretiennent des liaisons dangereuses avec le parti d’extrême-droite, celle aussi de cette droite « forte » dont les déhanchements intellectuels tomberaient sous le coup de la loi si le racolage électoral était interdit – le FN a toutes les difficultés à masquer sa véritable nature et à dissimuler un héritage qui lui colle à la peau comme un tatouage sur celle des skinheads et autres néo-nazis qui encombrent les rangs de ses supporters. Ils sont nombreux sur la toile à attendre le « grand nettoyage », à menacer leurs opposants sous couvert d’anonymat comme ce fut le cas récemment avec Julie Del Papa, cette jeune militante du Parti de Gauche à Avignon prise pour cible par des cyber-activistes d’extrême-droite. Menaces de mort, de viols collectifs, insultes, c’est un feu nourri de tweets orduriers qui lui ont été adressés dans ce qui apparaît comme une attaque coordonnée. Et les propos sont d’une violence inouïe. Alors le FN un parti comme les autres ? Comme dirait Jean-Marie : mon œil !
François Vernon
Un FN, une extrême droite en eaux troubles : ses liens directs avec les membres violents des droites radicales
L’assassinat de Clément Méric a remis en lumière les activitiés des groupuscules d’extrême-droite mais une certaine presse complaisante a choisi de taire leurs liens directs avec le FN. Et pourtant, les JNR, Troisième Voie et d’autres groupuscules ont bel et bien assuré le service d’ordre de la campagne de Marine Le Pen en 2012 pour les présidentielles. Serge Ayoub et ses accolytes sont bien venus la soutenir sur le marché de Hénin-Beaumont pour les législatives. Serge Ayoub et Marine Le Pen ont même déjà déjeuné ensemble.
Extrait de : Le FN : des membres de l’oligarchie au service des puissants par Sylvie Aebischer et Boris Bilia