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Treizième étage (chanson country humoristique)

Par Guimond

Yvon Tremblay prend l’ascenseur
Jusqu’au treizième étage
Puis bloque la porte avec un extincteur
Yvon Tremblay arrive dans le hall
Calme et non disposé à négocier
Il sort le 9 millimètres de sous sa chemise
En quête de victimes à mettre à sac
Yvon Tremblay frappe au 1301
La porte avec un décalque d’arc-en-ciel
Un doigt appuyé sur l’oeilleton
En activant la culasse du Glock
Il murmure diaboliquement:
“On verra bien qui se moquera de moi
Maintenant qu’un oeil vaut bien une dent
Je crois que la rétribution est juste
Une manière naturelle d’équilibrer
L’ombre avec de la lumière
Dans cette belle tour de verre
Je vais vous la règler votre affaire
Je ne croise que des morts vivants
À qui maintenant le beau trophée
Pour le massacre le mieux ficelé
De ce côté-ci du Mississipi”
Yvon Tremblay attend qu’on ouvre
Avant de vider le premier chargeur
Tout en traversant le luxueux salon
Une femme un homme un petit garçon
S’en vont rencontrer leur créateur
Pendant qu’Yvon Tremblay se ressaisi
C’est alors que dans le building une alarme retentit
“Je crois que la vie mérite d’être vécu
Avant de se trouver en cellule pendu”
Ses pas laissent des pistes rouges
De retour dans le couloir, il hurle
“Plus personne ne bouge”
Et dans sa tête la voix étrange retentit
Puis du canon du flingue le feu crache
Sa mort expéditive à un couple sans âge
Qui de toutes leurs forces s’enfuit
L’homme d’abord en deux se plie
De très près sa douce le suit
De tous les coins les cris retentissent
Et Yvon imbu de haine s’en chrisse
Tel un dragon maniant bien le jargon
Il décime une vieille dame à la peau lisse
Qui par curiosité a le malheur
D’ouvrir sa porte pour mieux jauger
D’ou proviennent le bruit assorti aux cris
Yvon Tremblay se met à hurler
“Faites vous en pas ça sera pas long
Je vais tous vous recrêper le chignon”
Dans sa folie ordinaire il rit comme deux
Soldats torturés au bord des aveux
Yvon Tremblay recharge l’automatique
Et bang bang bang la belle Sophie périt
Deux balles dans le ventre une dans le cou
Son regard flotte au-dessus des trous
Puis sur la moquette ou le sang jaillit
Déjà d’en bas des sirènes se pressent
Il se penche au-dessus du corps flétri
Et lui souffle un baiser d’adieu
Avant de lui refermer les yeux
“Voyez-vous qu’être malade n’aura pas suffit
À me garder attaché sur un lit”
Il marche dans les morceaux de cerveau
Vers la porte suivante: à qui le gros lot
De nulle part apparaît un homme
Mal habillé se croyant brave mais sot
Yvon lui redessine le portrait
D’un coup de crosse en plein visage
Comme dans les films il est d’usage
Ramasse le pauvre type, enfin un otage
Un bras autour du col cravaté
Le traîne vers la fenêtre comme un pantin
Puis pour l’effet lui tire dans une main
Yvon Tremblay rit bleu de rage
À l’idée même de son prochain ouvrage
Il plaque le type braillant contre la fenêtre
Le sommant d’ouvrir sinon
“Je te ferai exploser la tête, osti que t’es bête!”
Incapable de retenir ses sanglots
Le gars s’exécute sans souffler un mot
Yvon Tremblay voit bien la scène
Le ruban jaune que des flics tendent
Autour des voitures stationnées en bas
On lui ordonne de se rendre dans un porte-voix
Pendant qu’il termine sa besogne
En éliminant son prisonnier
Pour aussitôt le défenestrer
Quel choc en bas parmi les badauds
Qui doivent le prendre pour un salaud
Yvon grimpe alors sur le seuil
Seul au monde et si puissant
Le corps tendu mais vacillant
Yvon Tremblay a tout compris
Ce qu’il lui restait a saisir
Et de la mort et de la vie
Et de la mort et de la vie…

Si à cette chanson
Il existait une morale
Ce serait de ne jamais sortir
En ces temps incertains
Sans votre gilet pare-balle!

Seul au monde et si puissant
Le corps tendu mais vacillant
Yvon Tremblay a tout compris
Ce qu’il lui restait a saisir
Et de la mort et de la vie
Et de la mort et de la vie…


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