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Médecin : un métier de tous les dangers – UFML

Publié le 01 octobre 2013 par Santelog @santelog

Médecin : un métier de tous les dangers – UFML

La stratégie Nationale de Santé est dévoilée. Sans grandes surprises, les économies succèdent aux réductions, et enchaînent les restrictions. Bien évidemment, le revenu des professionnels de santé constitue la variable d’ajustement préférée de cette politique de santé déconcertante, tant elle a à cœur d’appliquer en France tout ce que bien d’autres pays ont déjà tenté et, depuis, abandonné.

Les passions se sont déchainées sur le Tiers payant (TP) : adaptation de la profession à la crise et aux difficultés des patients pour les uns, enfermement honteux pour les autres…

Sur ce sujet, comme sur bien d’autres régulièrement abordés, le débat est trop souvent ramené, réduit aux seules dimensions financières, toujours en suggérant plus ou moins subtilement les liens entre revenus des médecins et déficit de l’Assurance Maladie (AM). Les tentatives d’en sortir n’aboutissent qu’à la mise en perspective de « vertu / encadrement des pratiques », ou « accès aux soins / coercition ».

En réalité le débat porte sur un enjeu autrement plus grave : la liberté et l’indépendance du médecin peuvent elles être entravées sans limites au nom de la qualité des soins ?

En quelques minutes de réflexion on obtient très facilement une liste non exhaustive mais déjà interminables de divers freins et entraves, certains minimes, d’autres plus graves, ou carrément cocasses.

  • nous n’avons pas droit à la publicité : industriels et assureurs oui, et ne s’en privent pas y compris au moyen de campagnes gore et infamantes ;
  • devons modérer l’expression de nos idées personnelles, voire en faire vérifier la légalité ou légitimité par un homme de loi afin de ne pas risquer les foudres de la justice, tandis que personnages publics ou médiatiques peuvent sans crainte insulter bassement la profession ;
  • sommes sous surveillance de la « Répression des Fraudes  » pour de graves délits tels qu’un affichage défaillant ou en trop petits caractères de nos honoraires dans la salle d’attente… Mesure seulement vexatoire, le site Ameli publiant les tarifs de chacun et les comparant sans hésiter à ceux de collègues. A noter néanmoins que les caisses revendiquent l’exclusivité de cela, tant est qu’une plate forme qui s’y est frottée s’est retrouvée censurée (Fourmi Santé) ;
  • risquons la prison à renseigner nos patients sur des traitements non accessibles en France, ainsi les dons d’ovocytes si difficiles à réaliser en France que bien souvent les couples qui en ont les moyens préfèrent s’expatrier. Ne pas les conseiller revient donc à fermer les yeux sur certaines prises en charge éthiquement douteuses et techniquement dangereuses ;
  • pourrons être jugés sans avoir accès ni aux pièces de notre dossier à charge ni à une défense juridique devant des tribunaux administratifs où les sanctions sont décidées par les plaignants. Une action juridique a d’ailleurs été engagée à ce sujet ;
  • nous voyons refuser l’adaptation de nos tarifs à l’augmentation vertigineuse des charges et du coût de la vie au motif de splendeurs passées tandis que nos principaux détracteurs affichent des bénéfices en hausse considérable grâce à de confortables augmentations de cotisations ;
  • pouvons être poursuivis à propos de faits datant de plusieurs dizaines d’années engageant responsabilité, biens personnels et familiaux ;
  • voyons débarquer une équipe de gendarmes au cabinet en cas de mise en cause dans une affaire, sans en connaître tenants et aboutissants. Si la mise en cause se fait dans un brouhaha médiatique, la disculpation bénéficie généralement de la plus grande discrétion ;
  • réquisitions arbitraires et aveugles des ARS dans une organisation absurde et bureaucratique des permanences des Soins ;
  • sans parler de ce ridicule Sunshine act où 10 euros serait le prix de la corruption tandis que les puissants lobbies de toutes sortes arpentent chaque jour les couloirs du parlement et du sénat et que les conflits d’intérêt au plus haut niveau ne sont même plus dissimulés, tant l’arrogance du pouvoir est grande (lois sur les réseaux présentées par d’anciens dirigeants de mutuelles, grandes personnalités de la finance dans les comités directeurs de l’assurance maladie, Cahuzac ancien patron d’une société de conseil des labos pharmaceutiques pour l’obtention d’AMM… ).

Cette triste énumération montre que le médecin fait l’objet d’un traitement tout à fait particulier à l’égard de la justice et de l’égalité puisqu’on fait de son silence, de sa mise en cause facile, une forme de garantie de la sécurité des patients.

Cela doit être dénoncé avec force car il s’agit d’une grave menace non seulement sur la profession mais sur l’avenir des soins en France.

Ce qui est en tain de s’instaurer par la force et la coercition actuellement, est une subornation complète du praticien aux organismes payeurs et à l’état. Il est curieux d’ailleurs de voir que cela se fait avec parfois le parfait assentiment de confrères résignés à penser que telle est la place du médecin dans le soin : obéir aux payeurs pour mieux soigner les patients. Hier les payeurs étaient les assurés, dans un système solidaire. Aujourd’hui, l’Assurance Maladie est une hydre dont les comptes sont opaques et relève davantage d’un bras financier de l’Etat et des partis que d’un organisme de protection sociale. Le gouvernement, avec l’appui des syndicats vient de lui accorder aussi le droit de « rendre justice », bafouant au passage toute la philosophie du droit, et le droit lui-même d’ailleurs.

Demain ces payeurs seront, n’en doutons pas une minute, des groupes financiers qui vont hériter d’un monde médical enchainé, muselé et terrifié… et l’on voudrait faire croire aux patients que cela améliorera la qualité et l’accès aux soins. Tous les arguments les plus démagogiques ont été utilisés, principalement de la part de certains médias mais aussi de plate formes commerciales sans aucune compétence médicale, telles que Santéclair, qui n’hésitent pas à lancer des campagnes calomnieuses contre l’ensemble des professions de santé dans une décomplexion totale et une certitude d’impunité qui en dit long sur leurs appuis.

Médecin : un métier de tous les dangers – UFML

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Néanmoins, ni les faits, ni la réalité ne peuvent être maquillés longtemps : un médecin aux ordres, ne peux être ni libre ni indépendant. Médecin ni libre, ni indépendant, je ne peux exercer mon art dans une relation singulière avec mon patient. Si je ne peux exercer mon art dans cette relation singulière fondamentale, je suis potentiellement dangereux, car je pratique alors une science normée et fais de l’acte médical une réponse à des QCM établis « quelque part » dans les hautes sphères administratives du pouvoir, si hautes qu’elles ne voient plus le sol.

N’oublions jamais que la médecine aux ordres, c’est l’affaire du sang contaminé.

La corruption, la vraie, celle qui impacte la santé des populations, ne sera pas réglée par ce pathétique Sunshine Act, dans un pays où les politiques se disculpent eux-mêmes et promulguent des lois qui les protègent.

Néanmoins, ces problèmes doivent être débattus au sein de la profession, mais pour ce faire nous devons rester libres.

Nous ne devons pas nous laisser emporter par ces torrents de propos démagogiques.

Notre responsabilité dans la santé des patients est totale et entière, l’actualité le démontre chaque jour ; à ce titre, il est de notre devoir de défendre pas à pas notre indépendance d’exercice qui est la condition de l’exercice de la responsabilité et de cesser d’amalgamer système de soins et financement du système de soins.

Nous savons que le système qui se met en place est un système aux apparences trompeuses, qui dissimule mal d’énormes enjeux financiers : il s’agit de la réalisation du rêve ancien des technocrates de transformer la santé en produit économique. Pour ce faire le professionnel du soin se devra d’être un effecteur de soins, sans initiative ni autonomie et capable d’ajuster sa « production » aux consignes des équipes dirigeantes validées par l’analyse des open data.

Nous ne pouvons accepter cela, il en va de la survie même de notre profession. Nous devons être capables, et c’est difficile, d’affronter les discours méprisants, culpabilisants ou moralisateurs afin de défendre ces valeurs fondamentales de notre métier : liberté et indépendance.

Nous, UFML, sommes prêts pour ce combat et vous invitons à nous rejoindre pour une défense sans faille de la profession et de ses valeurs.

Retrouvons nous tous le 8 novembre 2013 à Paris pour l’Assemblée Générale UFML.

Dr Dominique Thiers-Bautrant, Vice Présidente UFML

Le Tiers payant expliqué à mes patients

- Le tiers payant généralisé, c’est épatant, pour les patients comme pour les médecins, n’est-ce pas ! Vous, qu’en pensez-vous Docteur ?
- Vous êtes salarié ?
- Oui.
- Dans quel secteur ?
- Automobile.
- Bien. Alors imaginons que vous ne travailliez-pas pour un employeur unique mais disons pour une cinquantaine, et que chacun d’entre eux ne vous paie pas au mois, ni même à l’heure, mais au ¼ d’heure de travail effectué pour leur compte, vous me suivez ?
- Euh, oui …
- Imaginons maintenant qu’en vérifiant votre feuille de paie chaque mois, vous vous aperceviez que 10 à 15 % de vos ¼ d’heures de travail ne vous soient pas payés, et que vous soyez obligé de vous plaindre auprès de vos employeurs pour leur réclamer votre dû, vous me suivez toujours ?
- …
- Enfin, imaginons que vos employeurs vous disent alors qu’ils ne peuvent pas vous régler les sommes dues parce que vos clients n’avaient plus de points sur leur permis de conduire, ou n’étaient pas à jour de leur prime d’assurance auto, et que vous n’étiez donc pas autorisés à leur vendre un véhicule … Imaginons même qu’un jour, en raison d’une augmentation très importante du nombre de morts sur les routes, vos employeurs vous disent qu’ils ne vous paieront pas parce que vous n’avez pas rempli les objectifs de prévention de la délinquance routière qui vous étaient assignés : comment qualifieriez-vous ce système de rémunération ?
- D’inacceptable !
- Nous sommes d’accord.

SONDAGE :  Etes-vous prêt à participer à une action d’envergure par un arrêt d’activité pour le retrait de la généralisation du Tiers Payant ?

Médecin : un métier de tous les dangers – UFMLSource : Communiqué de presse du 1er octobre

Union Française pour une Médecine Libre

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