Au début de la semaine, je suis allée faire mes courses au Franprix. J’avais très peu de choses à prendre donc je n’ai pas traîné.
Une seule caisse d’ouverte, une file d’attente interminable, je passe à la caisse. Je m’en vais rapidement, pressée de rentrer chez moi.
Je traverse la rue, je commence à descendre des escaliers quand je me rends compte que j’ai oublié un truc. Je me dis que j’irais plus tard, que c’est pas grave, mais finalement je retourne au supermarché.
Re-escapade dans les rayons, re-file d’attente interminable. Je commence à regarder autour de moi quand j’entends deux hommes parler. L’un a une voix calme, il répond posément. L’autre a la voix qui porte, il y a plusieurs personnes devant moi et pourtant j’entends distinctement ce qu’il dit. Je lève la tête et m’aperçois que j’ai vu ce jeune homme juste devant le magasin lors de ma première venue. Il s’amusait avec un chien, nos regards s’étaient croisés et quelque chose dans son regard m’avait déplu. Et là quand je le revois, je me sens encore plus mal à l’aise.
Le jeune homme : "mais moi j’en ai baisé plein des petites CONNES ! comme ça, facile, elles sont toutes pareilles. PAREILLES !!! Ces connasses".
Le vigile arrive et se met à proximité du jeune homme.
Le second homme, ne semble pas très tranquille. Il lui fait remarquer que ses propos sont un peu forts et qu’il pourraient choquer certaines personnes ici (désignant les jeunes femmes juste derrière eux dans la file). Le premier se retourne et crie alors : "elles s’en battent la race !!!" et se rapprochant de la jeune femme à côté d’eux, il lui dit en souriant : "et puis elles savent bien de quoi je parle, elles connaissent bien ces histoires de baise". Puis il rit. Fort, d’une manière que je juge hystérique. Puis il se retourne vers son premier interlocuteur et lui parle boulot. L’autre lui demande ce qu’il fait dans la vie. Il lui répond qu’il ne peut pas lui dire, mais que c’est secret. Et qu’il sera obligé de le tuer s’il le lui dit. Et il se remet à rire. Un rire forcé, pas naturel du tout.
J’ai la chair de poule, son rire et son attitude me gênent. J’ai beau me dire qu’il ne se passera rien de plus, qu’il veut juste mettre la jeune femme mal à l’aise et peut-être bien nous aussi. C’est épidermique, Je ne me sens pas bien.
Quand il m’arrive de croiser des personnes qui me mettent mal à l’aise, je me fie à mon intuition, je garde mes distances, j’observe. Je me demande souvent ce qui provoque ma réaction. Un geste ? une attitude globale, le ton de la voix, le comportement de cette personne avec une autre ? Je me demande souvent ce qui est de l’ordre de la réflexion ou de l’intuition dans ma réaction.
Une autre caisse s’ouvre, je m’y précipite. Le jeune homme y arrive avant moi. Il pose ses courses, parle avec le caissier. Il le paye et lui dit : "bon, maintenant que je vous ai payé, vous allez me rendre service. Vous allez me dire le secret. Ok ? Je sais bien ce que vous faites tous là. Depuis des années, vous avez pris des choses de moi, vous me suivez, je le sais, mais ce soir vous allez me dire le secret. Vous allez me le dire" Il tente de regarder le caissier qui détourne les yeux et qui reste silencieux.
Le jeune homme attend, il se dirige vers la porte, il semble vouloir se retourner pour dire quelque chose, mais il finit par sortir du magasin.