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Les "Roms", êtres humains comme les autres... (le billet de Koz)

Publié le 01 octobre 2013 par Sylvainrakotoarison

(verbatim)

Très bonnes remarques (comme souvent) du blogueur Koztoujours sur les récentes déclarations de Manuel Valls à propos des "Roms"...
Je me permets de livrer sa réflexion provenant de son blog au lien ci-dessous.
http://www.koztoujours.fr/roms-des-freres


Roms, des frères
par Koztoujours, tu m'intéresses !
Posted: 01 Oct 2013 07:51 AM PDT
Ne pas parler des Roms, passer son tour.
Il y aurait bien des raisons de le passer. Il y a les jeunes filles ce matin, place du Châtelet, qui tendent des pétitions pour mieux faire les poches.
Il y a ces autres jeunes filles que j’ai croisées, enfant, il y a probablement 30 ans à Rome, et qui me faisaient peur en me pressant avec des pétitions du même tonneau. Il y a la forte probabilité pour que le cambriolage subi l’an dernier ait été le fait de Roms. Il y a aussi tous ces faits qui ne me touchent pas directement mais que nous savons exacts, il y a ces réseaux de mendicité, et les nuisances pour les voisins. Les nier serait aussi injuste que lâche. Et l’on ne peut pas ignorer non plus ces populations locales soumises à des exactions.
Il y a la trop pratique accusation d’angélisme, que lancent ceux pour lesquels la seule réponse jamais valide sera toujours la répression. Des angéliques ou « des tordus », notez. Il y a cette question, tout aussi commode : « et tu ferais quoi, toi ? », qui les autoriserait davantage à s’exprimer puisque leur solution de facilité est connue. Il y a cette autre accusation latente d’être un bourgeois au chaud (oubliant que le bourgeois apeuré est également au chaud). Et il y a cette variante mi-sérieuse mi-badine entendue d’une proche, qui porte pourtant une lourde responsabilité là-dedans : « arrête de faire ton catholique ». Cette crainte de paraître politiquement correct, qui prend le pas sur le cœur. Il y a aussi ces 77% de Français qui approuvent Manuel Valls.
Il y a encore ceux que l’on avait entendus il y a trois ans déjà, dans l’Eglise ou à gauche, et qui se montrent trop discrets aujourd’hui, alors même que les déclarations (réitérées) de Manuel Valls sont plus que comparables à celles de Nicolas Sarkozy dans son fameux discours de Grenoble. Combien de politiques de gauche pour venir apporter leur soutien à Valls aujourd’hui, signe que ce discours progresse tranquillement. S’ils se taisent, alors, pourquoi parler ?
Et puis, il y a aussi cette petite voix d’enfant qui, d’un trottoir à l’autre de l’avenue de la Grande Armée, appelle son frère perché sur les épaules de son père. Il y a le sourire éclatant du père, le signe de la main de la mère, le regard des enfants. Cette petite famille que je croisais encore récemment tous les jours et qui, certes, vit de la mendicité, mais dont je ne peux imaginer qu’elle s’en satisfasse. Il y a Marizska, Mozol et Luana, dont nous parle Valérie. Luana, qui a été scolarisée et qui est aujourd’hui étudiante en médecine. Il y a Sergiu, professeur de piano. Il y a cet homme, vu en photo dans La Croix, fier d’avoir pu acheter la photo de classe de son fils. Et Anna et Maria, qu’évoque Florence.
Il y a tout simplement cette confiance intuitive en l’Homme qui doit nous faire rejeter l’idée étonnante qu’une population globale puisse refuser, par principe et par culture, le confort, l’intégration, la paix, l’estime des autres, la sécurité, le respect, la stabilité, la vie de famille et l’avenir pour ses enfants. Passe encore pour une personne isolée, mais imaginer cela d’une population entière n’est ni réaliste ni acceptable. Cette idée est encore plus odieuse vis-à-vis d’une population qui a connu directement les conséquences des propos globalisants poussés à l’extrême, et envers laquelle l’Europe aurait peut-être une dette d’humanité.
Aujourd’hui, les associations humanitaires ont raison, dans leur lettre ouverte, d’exiger du Président une parole forte sur les Roms. Il ne peut pas se retrancher derrière ses habituelles synthèses impossibles.
Intégrer les Roms se heurte certainement à leurs propres réticences, à leur méfiance aussi. Ce choix est certainement difficile. Ça l’est évidemment plus encore lorsqu’on expulse une famille avec des enfants scolarisés, ou lorsqu’on ferme aux parents le marché du travail. Une société qui se respecte devrait, sur ce sujet comme sur d’autres, mettre le paquet pour les plus faibles.
Tant pis alors si nous passons pour des angéliques, des tordus ou, pire, des catholiques. Tant pis. Prenons même le risque, en voyant surtout en eux des Hommes, d’avoir un regard réducteur sur la réalité des Roms en France. D’autres ne se privent pas d’être cruellement simplistes pour ne voir en eux que des délinquants, ou des engeances d’inadaptés. Vous qui pensez que je me trompe, dîtes-vous que je veux bien risquer de me tromper mais, de préférence, en ayant cru en l’Homme. Me tromper par amour du prochain, pas par haine de l’autre (ni indifférence). Refuser d’être bassement flatté dans mon rejet de l’étranger par ces discours tristement connus des temps de crise. Être une voix, même  – et encore – contre la majorité, pour gêner un tant soit peu les consciences qui s’assoupissent. Être aussi intraitable sur ce sujet que sur d’autres pour rappeler la dignité de tout l’homme et de tout Homme, pour rappeler que les Roms sont aussi, tout simplement, des frères.
Koztoujours le 01/10/2013
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