La fin du règne des polytiques ?
Publié le 5/10/2013
On sait à peu près à quoi s'attendre quand un article titre : Horreur : des fonctionnaires détournent de l'argent. Quand ils se font prendre pour 500 000 euros, les détournements de fonds font les gros titres ; mais on entend étrangement peu parler des syndicats, de la formation professionnelle ou des CE des entreprises publiques, ou des juteux contrats accordés aux amis du pouvoir. Et quand quelqu'un en parle, il n'est pas tout à fait serein.
La chance qu'ont les institutions publiques, c'est que quand elles se font voler, elles reçoivent une subvention pour combler le préjudice. Ce qui n'est pas le cas pour une entreprise privée ou un particulier, dont le manque de vigilance est rarement récompensé de la sorte. On aurait d'ailleurs plutôt tendance à traiter une victime de détournements de fonds depuis 10 ans de benêt.
C'est d'ailleurs comme ça qu'il conviendra d'appeler les Français qui croient encore que l’État les sert du mieux possible et prennent toute déclaration politique pour argent comptant. 58 policiers et gendarmes de plus en Corse et quelques arrestations juste avant la visite présidentielle, ça tombe bien pour la couverture de l'événement en donnant de la matière aux journalistes mais ça ne réduit pas le nombre d'homicides - 17 depuis le début de l'année.
Le gouvernement, selon le président, se mobilise pour la sécurité ; l'actualité ne colle pas tout à fait. Quand ils braquent une bijouterie à deux en province, les braqueurs se font descendre ; désormais, les malfrats interviennent à 10 dans les beaux quartiers de la capitale.
Étrangement, les malfrats sont armés, aussi bien à Paris qu'en Corse ; aux dernières nouvelles, les armes à feu sont pourtant interdites en France. Les citoyens honnêtes sont désarmés face à ceux qui font respecter la loi d'un côté et ceux qui l'enfreignent de l'autre, les deux représentant historiquement une menace considérable pour la liberté.
Car si l’État est chargé de faire respecter les droits fondamentaux, garantissant à chacun sûreté, libertés individuelles et propriété, il est aujourd'hui le premier à violer la propriété et les libertés individuelles tout en utilisant son théorique monopole de la violence légitime pour légitimer toute violence.
Heureusement pour les valeurs qui ont un jour représenté un espoir pour la France, les Français commencent à s'apercevoir que l’État n'agit pas toujours dans leur intérêt, a fortiori quand ils paient. A ce titre, les nouveaux contribuables apportent un espoir à ceux qui souhaitent rationaliser la dépense publique : plus les contribuables sont nombreux à voter et à sentir l'impact direct de leurs décisions, plus ils seront sensibles à l'utilisation faite de l'argent de leurs impôts.
Il est facile d'être généreux avec l'argent des autres, et certains en ont fait un métier : les hommes polytiques (du latin poly, plusieurs, et du français tique, animal parasite suceur de sang), aussi parfois appelés polytics en référence à leurs différentes manies : taxer, réguler, subventionner, etc. Leurs mouvements sans aucune coordination les ont récemment poussé à faire augmenter le prix des livres sur Internet, tout en dépensant des millions pour favoriser l'accès à la culture.
Les contribuables, en revanche, qui financent l’État, commencent à trouver l'addition salée et le temps long. Les efforts croissants qu'on leur demande pour lutter contre des problèmes conjoncturels semblent les renforcer ou en créer de nouveau plutôt que les résoudre. Ils sont de plus en plus nombreux et grognent de plus en plus fort.
L’État doit désormais être mieux géré, cesser d'étendre son emprise et laisser plus de place au choix individuel s'il ne veut pas que la grogne devienne fronde et que la fronde lui jette des cailloux. En sera-t-il capable ?
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