Le changement qui réussit. Deuxième volet de l’étude des
réformes en France. Dans le plus grand des secrets, M.Sarkozy
s’est attelé à démanteler l’Etat d’après guerre. Pour cela il a appliqué
des techniques de conduite du changement développées ailleurs. Voilà une
démonstration de comment bien mener un changement : contrairement au cas
précédent, on a cette fois un objectif, et une méthode.
L’Etat d’après guerre avait été conçu
pour éviter un retour de la barbarie totalitaire. Son idée était de fournir à l’individu
des conditions de vie qui lui ôtent la tentation de se comporter comme une bête :
le filet de sécurité de l’assurance sociale. L’objectif du changement est de
passer à un modèle qui récompense le mérite individuel.
La mise en œuvre du changement se fait alors selon la méthode
Thatcher. Un Etat fort détruit les rentes de situation pour placer l’individu
en concurrence parfaite. Pour cela, on circonscrit l’opposant dans un périmètre
dont il ne peut plus sortir. On lui coupe les vivres. Alors, il s’entre-déchire :
il s’est converti à l’individualisme. Dans ce processus, l’Etat grossit sans
cesse (consultants, avocats, systèmes d’information…) jusqu’à l’explosion. (Aux
USA on appelle cette technique « kill
the beast ».) La transformation est achevée.
Exemple d’objets de ces méthodes : collectivités
locales et universités.
Dans ce dernier cas, les méritants (les grandes écoles) sont regroupés sur le
plateau de Saclay. Les autres sont soumis à des synergies et à des réductions
de crédits.Autre exemple : l’auto-entrepreneur.
Grâce à Internet il a été possible de transformer le salarié en travailleur
précaire, en sapant les assises du salariat, de l’artisanat…
Mais, que se passera-t-il si l’Etat disparaît ? Non
seulement, il soutient les exclus du marché, mais aussi une partie de l’économie.
Elle s’effondrera. C’est le scénario Allemagne
années 20. Et si les gouvernements d’après-guerre n’avaient pas eu
totalement tort ?