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Cantonale partielle: désertion générale à Brignoles

Publié le 08 octobre 2013 par Juan
Il suffit d'une élection cantonale partielle pour que le grand cirque des commentaires reprennent. Pourtant, il n'y avait qu'une chose à retenir, la désertion générale du corps électoral.
Pendant quelques heures, peut-être quelques jours, la petite ville de Brignoles est devenue le centre de notre monde médiatico-politique. Les habituels commentaires ont repris jusqu'à l'overdose. En vrac, on nous explique la montée de l'extrême droite (49% des suffrages si l'on additionne le score du FN et celui du "Parti de la France"), on glose sur l'inévitable "front républicain" pour faire "barrage" (puisque quelques ténors socialistes et parfois ministres ont d'ores et déjà appelé à voter contre le candidat frontiste Laurent Lopez); on répète les traditionnelles incantations sur les "leçons à retenir" et autres billevesées médiatiques; on jauge les mines consternées des représentants des partis de gouvernement ou des éditocrates en mode "Y'a-qu'à-Faut-qu'on". On se fait peur avec le "danger frontiste". On exhibe de nouveaux sondages qui prédise 25% d'intentions de vote pour le FN. On ne sait pas pour quelles élections - la question n'était pas posée - mais qu'importe. On écoute la gauche à nouveau désunie s'invectiver gentiment. Ainsi le PCF qui accuse les écologistes d'avoir fait perdre la gauche, oubliant la chute vertigineuse de son propre score en quelques années (de 3100 en 2012 à 981 cette fois-ci...).
Vingt-quatre heures après les "faits", nous pouvions avoir la nausée, générale et définitive, un ras-le-bol fort bien résumé par Guy Birenbaum dans un billet pour le Huffington Post.
A Brignolles, donc, le Front national est arrivé loin devant, au point d'éliminer du second tour une gauche par ailleurs désertée. Un FN à 40% des suffrages, l'UMP à 20%, un candidat PS/PCF à 14%, une écologiste à 8% derrière un candidat de l'obscur "Parti de la France" qui se hisse quatrième avec 9% des suffrages. Un vrai désastre !
 A Brignolles, donc, l'extrême droite a réalisé un score incroyable car le corps électoral a déserté les urnes.  Le choix du second tour se résume en un duel entre deux faces d'une même pièce, une UMP localement frontisée contre un Front national prétendument normalisé où deux tiers des électeurs ont préféré rester chez eux.
Lundi matin, sur Twitter, le journaliste Olivier Biffaud rappelait quelques scores de ce canton à l'extrême droite bien présente:
Abstention /FN  2004 : 37,6% / 2269 voix (22,4%)  2011 : 51,7 / 2636 (21,5)  2012 : 61,9 / 2757 (33) 
2013 : 66,6 / 2718 (40,4)

En d'autres termes, le constat est manifeste, la conclusion s'impose: les électeurs ont déserté les urnes. On peut même penser que cette désertion frappe d'abord et surtout l'électorat de gauche et/ou de centre-gauche. Et il n'y a pas grand monde, à gauche, pour assumer les vraies raisons du vote frontiste.
On nous dira que Brignoles n'est qu'un petit canton.
Et vous, ça vous fait quoi d'imaginer que votre département, cet échelon où se gèrent la protection maternelle et infantile, l'adoption, le soutien aux familles en difficulté financière ; les personnes handicapées, la création et la gestion de maisons de retraite, le RSA ou les collèges, passe un jour à l'extrême droite ?
Attendons-nous à d'autres déroutes, plus collectives celles-là.


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