Au fil des interviews, la tendance se confirme : le design est une histoire de rencontres. Rencontres comme celle de Rémi Bouhaniche avec l’Institut Bocuse en 2008 ou avec l’Inde quelques années plus tard, deux rencontres qui vont influencer voire transformer sa vie
« Bombay est pour moi le nouveau centre sensible du monde, condensateur d’énergies et de diversités. »
L’Institut Paul Bocuse tout d’abord, avec qui il collabore durant ses années de partenariat Usin-e et pour qui il intervient maintenant en tant que consultant. Fasciné par les métiers de bouche, (il rapproche la démarche du chef de celle du designer : « la qualité du fournisseur est primordiale ») il forme les étudiants à la notion d’aménagement intérieur tout en intervenant lui-même sur les locaux de l’Institut, pour le projet de bibliothèque ouvert en septembre 2013.
Il nous l’explique : «Ce lieu combine un espace détente et un espace d’études dans un environnement aux teintes et matières chaleureuses : bois lasuré assamela, sol béton gris chaud et murs dans un beige léger. L’espace [sera] ainsi une vitrine des savoir-faire de mes collaborateurs artisans, ébénistes, tapissiers et industriels du métal.»
Trophée Sirha Lyon 2013
Projet pour la bibliothèque de l’Institut Paul Bocuse
Et c’est ce qu’il privilégie : faire travailler un réseau de compétences, créer des partenariats comme il a pu le faire avec Amaury Poudray au sortir de l’ESADSE pour Usin-e ou avec Lucie Bourreau dont on a pu découvrir le travail de collaboration sur les objets brodés ici-même.
Usin-e, chaise Triomphe
Usin-e, table triomphe
L’Inde ensuite, qu’il a découverte durant ses années d’études aux Beaux-Arts de Saint-Etienne, au cours d’un échange de 6 mois à Bangalore, un véritable coup de cœur et le début d’une histoire d’amour avec le pays. Il considère cette période de sa vie comme une expérience enrichissante qui lui a permit de revoir sa vision du design ; en effet là-bas, il apprend à « relativiser » le design en plongeant dans la culture indienne qui fait l’éloge de la laideur, où le design aseptisé rencontre un regard critique et où l’artiste Subodh Gupta joue avec les objets du quotidien en inox. Les questions sur le design s’y posent toujours plus intensément : comment dessiner quelque chose de différent à chaque fois, à la force économique, politique et sociale ?
Il en revient avec certaines convictions : « créer de l’utile », prôner un design essentiel, valoriser le processus en favorisant le lien artisanat-industrie et en simplifiant la relation avec les entreprises.
Ce parti-pris convainque et lui offre de travailler aussi bien avec la Granville Gallery ou Roger Tator qu’avec l’ébéniste Jerhome, l’indien Magpie (marque avant-gardiste) ou Metalic et le tapissier lyonnais de talent Xavier Foret.
Guéridon Ammamma pour la Granville Gallery 2013
Guéridon Ammamma pour la Granville Gallery 2013
Avec ces derniers, il met au point une lampe étonnante, Etirement démontrant son affinité pour le textile « cette matière humaine ». Cette création a été primée à l’IMM Cologne.
Lampe Étirement
Lampe Étirement
Lampe Étirement