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grève des enseignants, ou la question des heures de "première chaire"

Publié le 07 juin 2007 par Jeune Prof De Droite

Je voudrais dire un mot des grèves qui toucheront l’Education nationale aujourd’hui, grèves dont je ne suis pas solidaire. Le but, pour les grévistes, est d’abord de s’opposer au décret Robien, qui supprime un certain nombre d’heures de décharges pour les enseignants, et de façon plus générale, comme pour chacune des grèves de la fonction publique, de demander une revalorisation des salaires.

Commençons par expliquer en quoi consiste le fameux décret Robien. Depuis 1950 existe dans l’Education nationale ce qu’on appelle « l’heure de première chaire ». Par cette expression qui doit paraître curieuse à ceux qui ne sont pas familiers avec le milieu de l’enseignement, il faut comprendre qu’est accordée à tout professeur exerçant au moins six heures en classes de première ou de terminale une diminution d’une heure de son service hebdomadaire, en raison du surcroît de travail qu’impose la préparation au baccalauréat. Autrement dit, le maximum de service du certifié bénéficiant de l’heure de première chaire est donc de 17 heures au lieu de 18, et pour l’agrégé, de 14 heures au lieu de 15. Il arrive cependant fréquemment que la 15ème ou la 18ème heures soit assurée tout de même par l’enseignant, mais elle est alors payée en tant qu’heure supplémentaire-année (l’heure supplémentaire à l’année est rémunérée en moyenne 1600 euros par an pour un agrégé).

Le ministère de l’Education Nationale, suite à un audit commun avec l’inspection des finances, a estimé pouvoir moderniser les décrets de 1950 pour les adapter à la situation actuelle. Cela signifie en clair que le ministère cherche (légitimement, lorsqu’on voit le poids de la dette en France) à faire des économies. Le décret Robien n’est pas, me semble-t-il, aussi scandaleux qu’on veut le faire croire, dans la mesure où il ne supprime pas en soi l’heure de première chaire, mais la maintient désormais uniquement pour les professeurs qui enseignent une discipline obligatoire évaluée au baccalauréat.

En 1964, en effet, le baccalauréat en deux parties a été supprimé, si bien que depuis cette date, un certain nombre de professeurs continuent à bénéficier de l’heure de première chaire (pour des heures en classe de première) tout en enseignant moins de 6 heures hebdomadaires dans des classes évaluées au baccalauréat. Il ne semble donc pas en soi incohérent de revoir à la baisse l’attribution de ces heures de première chaire. Au-delà de l’économie à réaliser, on peut également considérer que c’est une mesure d’élémentaire justice vis-à-vis des professeurs qui enseignent effectivement leurs six heures hebdomadaires dans les classes de baccalauréat.

Je donne quelques chiffres qui feront comprendre combien l’enjeu est important. Selon l’audit du ministère, la totalité des heures de décharges représente l’équivalent de 28000 postes à temps plein ! En juin 2006, le ministre délégué au budget estimait que la modification de l’attribution des heures de première chaire permettrait à terme la suppression de 10000 emplois (entendez par là, le non remplacement de 10000 départs à la retraite). Par conséquent, Gilles de Robien pouvait déclarer à la presse en septembre dernier : « Le budget 2007 se traduit donc par la remise en cause de 10% de ces décharges, soit 2300 équivalents temps pleins d’enseignants qui seront invités à faire des cours devant des élèves, ce qui explique la suppression équivalente de 2300 emplois. C’est de la bonne gestion. »

Je comprends que certains enseignants ayant toujours bénéficié de cette heure de première chaire soient mécontents : ceux qui n’assuraient que 14 ou 17 heures devront en assurer une de plus, et ceux qui effectuaient tout de même 15 ou 18 heures perdront le bénéfice d’une heure supplémentaire année. Cependant, l’intérêt général doit toujours primer sur l’intérêt particulier. Le budget de l’Education nationale, - qui est le plus élevé d’Europe en proportion du nombre d’élèves et pour des résultats qui ne sont pas meilleurs -, peut et doit être diminué. Cette réforme des heures de première chaire est justement un moyen de le faire sans porter atteinte à la qualité du service public.

En disant cela, je ne nie pas pour autant la réalité de la dévalorisation du salaire enseignant depuis 20 ans. Mais il faut être honnête, on ne peut pas vouloir à la fois toujours plus de fonctionnaires et demander des augmentations. Les salaires des fonctionnaires ne pourront augmenter que de deux manières : seule, d’abord, la réduction du nombre des fonctionnaires permettra de dégager des marges de manoeuvre - soulignons que N. Sarkozy, avec le plus grand bon sens, propose le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant en retraite, l’argent ainsi économisé devant pour 50% servir au remboursement de la dette et pour 50% à l’augmentation du salaire des fonctionnaires. Ensuite, la seconde manière de gagner davantage pour les fonctionnaires ne pourra être que de travailler davantage. Il n’y a aucune raison qu’il y ait en ce domaine deux poids deux mesures entre le secteur privé et le secteur public.

Enfin, pour conclure, je rappellerai que le gouvernement a accordé des hausses de salaire non négligeables depuis 2005 à l’ensemble des fonctionnaires : le point d’indice a ainsi successivement été augmenté de 0,5% au 1er février 2005, 0,5% au 1er juillet 2005, 0,8% au 1er novembre 2005, 0,5% au 1er juillet 2006, 0,5% au 1er février 2007. A cela il faut ajouter l’attribution d’un point d’indice supplémentaire à l’ensemble des fonctionnaires au 1er novembre 2006. Même si l’augmentation est inférieure à l’inflation, il ne faut pas non plus, je crois, dramatiser la situation !

J'imagine que mes propos vont susciter de vives réactions, mais la politique n'a pas pour objet de faire plaisir à une catégorie de population, mais d'assurer au mieux le bien de tous. C'est ce dont l'enseignant que je suis a plus que jamais conscience.

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