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Peut-on être à la fois ministre de l'intérieur et candidat à la présidentielle ?

Publié le 07 juin 2007 par Jeune Prof De Droite

Après Jean-Marc Ayrault mardi sur Europe1, François Hollande, qui était interviewé par Jean-Michel Aphatie sur RTL, a accusé hier à son tour N. Sarkozy de profiter de son statut de ministre de l’intérieur pour faire campagne. Il souhaite voir N. Sarkozy démissionner au plus vite de ses fonctions.

Une telle demande manque assurément de cohérence, car le PS tente d’imposer à Nicolas Sarkozy une règle qu’il ne s’est jamais appliquée à lui-même. Lionel Jospin n’a pas démissionné de ses fonctions de premier ministre pour faire campagne en 2002 ; François Mitterrand n’a pas renoncé à sa fonction de président de la République pour être candidat à sa propre succession en 1988. Il est vrai que la fonction de ministre accroît la visibilité du candidat dans les media, mais dans la mesure où la gauche comme la droite, lorsqu’elles étaient aux affaires, ont toujours profité de cette situation, il n’y a pas de raison de reprocher à Nicolas Sarkozy de le faire aussi.

Être aux responsabilités n’est d’ailleurs pas obligatoirement un avantage. Le premier ministre Edouard Balladur, que les sondages donnaient vainqueur à la présidentielle de 1995 quelques mois avant le scrutin, a finalement été battu.

N. Sarkozy prend lui-même un risque en restant au ministère, dans la mesure où en cas de problème grave (bavure, nouvelles émeutes, attentat...) il serait une cible tout trouvée pour ses détracteurs. En ce sens, N. Sarkozy fait preuve d’un certaine courage politique, en plaçant l’accomplissement de sa mission ministérielle au-dessus des contingences politiques de la bataille présidentielle.

Les socialistes, voyant que l’argument risquaient de ne pas convaincre, dans la mesure où ils avaient fait autrefois exactement l’inverse de ce qu’ils préconisent actuellement, ont souligné ensuite qu’à la différence des précédentes campagnes présidentielles (1988, 1995, 2002), la France n’était pas aujourd’hui en cohabitation. En substance, il n’est pas gênant qu’un ministre reste au pouvoir en cas de cohabitation, car les forces s’équilibrent entre le président de la République et les ministres. L’argument est assez plaisant, car il signifie donc implicitement que si Lionel Jospin a conservé sa fonction de premier ministre jusqu’au bout, c’est uniquement parce qu’il subissait la cohabitation : il va donc de soi que si le président de la République avait été de gauche à l’époque, le même Lionel Jospin aurait démissionné pour faire campagne... Le moins que l’on puisse dire, c’est que rien n’est moins sûr ! Ajoutons, d’ailleurs, que même s’il n’y a pas de cohabitation aujourd’hui, on ne peut pas non plus affirmer que J. Chirac soit le meilleur soutien de N. Sarkozy !

Les socialistes ont alors évoqué un dernier argument qu’ils jugent imparable : N. Sarkozy n’est pas n’importe quel ministre, il est le ministre de l’intérieur, autrement dit, celui qui a en charge le bon déroulement des élections : en clair, N. Sarkozy profiterait de sa fonction pour être à la fois juge et partie. Rappelons de nouveau que Lionel Jospin était premier ministre en 2002, que François Mitterrand était président de la République en 1988, et que ces deux fonctions sont au-dessus de celle de ministre de l’intérieur, qui dépend hiérarchiquement du premier ministre. Il s’agit donc d’un pseudo-argument. (voir à ce sujet les remarques très pertinentes que faisait François Fillon mardi dernier dans son blog)

Ajoutons que, de toute façon, pour faire taire les rumeurs, N. Sarkozy a annoncé qu’il aura quitté le ministère de l’intérieur le 9 avril, date du début officiel de la campagne présidentielle. Jamais un candidat ne se sera imposé à lui-même une telle règle et n’aura fait preuve, en ce sens, d’autant de droiture.

Manifestement, les socialistes tentent de masquer leur actuel défaut de projet derrière toutes sortes de polémiques plus stériles et vaines les unes que les autres. La police retrouve le scooter volé du fils de N. Sarkozy ? Assurément, c’est que ce dernier profite de sa situation de ministre. Qu’on réfléchisse pourtant un instant à ce qu’aurait dit la gauche si le scooter n’avait pas été retrouvé : « le ministre de l’intérieur Sarkozy est incapable d’assurer la sécurité des biens de sa propre famille ! quel bilan ! » Quant aux fiches des RG, c’est l’histoire de l’arroseur arrosé : Bruno Rebelle a été fiché pour la première fois en décembre 1997, donc lorsque Lionel Jospin était premier ministre ! Le principe semble donc simple pour les socialistes : quoi qu’il fasse ou ne fasse pas, N. Sarkozy est coupable.

Il est plus que temps d’élever un peu le débat, et on ne peut qu’espérer que S. Royal finira par le faire, le 11 février prochain ou à une autre date....

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