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droit de grève et vote à bulletin secret

Publié le 07 juin 2007 par Jeune Prof De Droite

Rachida Dati, l’une des deux porte-parole, avec Xavier Bertrand, de Nicolas Sarkozy pour la campagne présidentielle, est revenue brièvement hier, dans l’émission « les 4 vérités » (France 2), sur les nouvelles règles proposées par le candidat concernant l'application du droit de grève. Cette mise au point était nécessaire, car la proposition de N. Sarkozy est régulièrement critiquée par la gauche, qui reproche au ministre de l’intérieur de vouloir casser le droit de grève.

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Notons tout d’abord que le droit de grève est inscrit dans la constitution et qu’il ne s’agit bien évidemment pas de le remettre en cause.

"Le droit de grève s'exerce dans le cadre des lois qui le réglementent. Il est donc possible de poser de nouvelles règles", disait récemment le ministre de la santé dans un entretien à la Tribune : autrement dit, il n’est pas question de toucher à la constitution ni au principe du droit de grève.

L’idée de Nicolas Sarkozy est d’imposer, après huit jours de grève dans un service public, une université ou une administration, l’organisation d’un vote à bulletin secret, afin de savoir si la grève reçoit ou non le soutien de la majorité des votants. Le but d’une telle proposition n’est pas d’empêcher les grévistes de faire grève, et Rachida Dati précisait bien hier que la décision du vote ne remettait pas en cause le droit de grève à titre individuel ; il s’agit en revanche d’empêcher qu’une majorité d’étudiants ou de fonctionnaires ne soit réduite au silence et contrainte à la grève par une minorité active.

Pour avoir vécu l’an dernier les grèves contre le cpe au sein de l’université, je crois sincèrement au bien-fondé de cette mesure. Qu’on s’entende bien : je n’ai pas l’intention, en revenant sur cet épisode assez douloureux, de faire le procès ou l’apologie du CPE, mais simplement de m’intéresser au processus de grève en tant que tel. Je présente d’abord les faits sans prendre parti : alors qu’un certain nombre d’étudiants (pro- ou anti-CPE) avouaient souhaiter la poursuite des cours, l’assemblée générale étudiante vota et reconduisit le blocus de l’université pendant plusieurs semaines. Que penser d’une telle situation ?

« Ceux qui souhaitaient reprendre les cours étaient minoritaires », me répondront les grévistes, « et la grève était parfaitement légitime, puisque votée en assemblée générale. » Mais dès lors que les grévistes sont réellement majoritaires, pourquoi craindraient-ils le vote à bulletin secret proposé par N. Sarkozy ? Les détracteurs du ministre de l’intérieur ont l’air d’oublier l’un des principaux avantages du vote à bulletin secret : il ne permet pas seulement de protéger éventuellement la majorité d’une minorité de grévistes, mais il offre aussi la possibilité, si une majorité se prononce en faveur de la grève, de donner à cette dernière une légitimité incontestable.

Ajoutons que le principe des assemblées générales étudiantes est assez contestable lorsqu’il s’agit de voter la grève, ne serait-ce que parce que le vote se fait à main levée (ce qui permet toutes sortes de pressions) et que les organisateurs du vote, qui sont toujours des grévistes, sont à la fois juge et partie. Comme on ne demande jamais aux présents de montrer leur carte d’étudiants pour voter, les votes sont par ailleurs facilement truqués : les grévistes peuvent, par exemple (je parle d'expérience), faire participer des lycéens au vote. Je ne reviendrai pas sur d’autres procédés plus que douteux mis en place par les grévistes, comme l’attribution, lors des votes, de deux voix aux grévistes de la première heure...

La solution de N. Sarkozy me paraît donc être à la fois la plus raisonnable et la plus démocratique. Elle n’est pas, comme certains voudraient le faire croire, un moyen de tuer dans l’oeuf toute protestation, mais plutôt de respecter chaque membre d’une communauté, qu’il souhaite ou non la grève : sans empêcher la grève à titre individuel, elle permet à ceux qui veulent travailler de continuer à le faire, si la grève n’a pas reçu le soutien d’une majorité de votants. La période de huit jours avant l’organisation du vote laisse d’ailleurs le temps aux grévistes de s’organiser pour tenter de convaincre une majorité. Il doit être possible de faire grève et d’être entendu sans prendre en otage l’administration, le service public ou l’université à laquelle on appartient.

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