A TOUT PRIX
Résumé :Suite à la délocalisation de leur entreprise, trois sacrifiés du système prennent les armes et kidnappent leur ex patron. Bien que leur demande de rançon ait été rejetée, ils comptent bien prouver qu'ils sont prêts à tout pour obtenir l'argent qu'ils réclament.
Réalisateur:Yann Danh
Scénaristes: Yann Danh, Mahi Bena
Acteurs : Fatima Adoum, Onna Clairin, Marc Duret, Simon Frenay,Pascal Henault, Bruno Henry, Franck Sarrabas
Pays :France
Année : 2012
Durée: 15 min
Production: Wallpaper productions
Critique :
Tout simplement somptueux, A Tout Prix du réalisateur Yann Danh, joint agréablement la forme au fond.
Dénonçant une société néolibérale qui n’hésite pas à remercier gracieusement ses dirigeants tout en écrasant les «petits»,le court joue avec les codes du thriller et de la mise en scène ultra-léchée pour délivrer son message.
Les kidnappeurs, au centre de cette histoire, apparaissent comme le fruit de la crise que nous traversons. Obligés de séquestrer leur patron pour obtenir de l’argent, ces bras cassés représentent la lutte légitime du pot de terre contre le pot de fer perdue d’avance. L’usage de la violence devenant inéluctable, rend en fin de compte leur démarche immorale et contre productive. A Tout Prix ironise aussi sur la manipulation des masses et de l’individu. Vous en dire plus équivaut à vous lever un coin du voile de ce film au final surprenant.
Bref: Somptueux, bien foutu, intelligent et engagé, A Tout Prix est un court enragé qui vaut son pesant de douilles.
Note : 17/20
Teaser:
A TOUT PRIX - TEASER from Yann Danh on Vimeo.
Sites Internet :
Interview du réalisateur et scénariste:Yann Danh
Fantasticmovies:Pourriez-vous vous présenter en quelques mots aux lecteurs de fantasticmovies?
Yann Danh: J’ai 37 ans, je suis réalisateur scénariste et je veux faire du cinéma depuis mon adolescence.
Fantasticmovies: Quel est le dernier film que vous avez vu qui vous a le plus marqué?
Y.D.: Y’en a beaucoup ! Je cite ceux qui me viennent en tête : Dark Knight Rises & Zero Dark Thirty (vu en BluRay – je l’avais loupé en salle) En même temps Bigelow et Nolan sont des TRES TRES grands.
Fantasticmovies: Quelles sont vos influences en tant que cinéaste?
Y.D.: Scorsese, Spielberg, Leone, Coppola, Melville, De Palma, Nolan, Fincher, Oliver Stone, Schatzberg, Kurozawa, Kubrick, Yves Boisset, Paul Thomas Anderson, Sam Mendes, Kassovitz, Bryan Singer, John Woo, Bigelow, Tsui Hark...
Je peux continuer longtemps en fait… J'adore beaucoup de réals.
Fantasticmovies: Que pensez-vous du cinéma de genre actuel en général et dans votre pays?
Y.D.:Comme toujours il y’a du bon et du moins bon.
Ce que l’on peut se dire c’est que de façon générale le « GENRE » est moins cloisonné qu’à une époque. Il suffit de voir certaines séries TV à succès : « The Walking Dead » (US) « DEAD SET » (UK) ou encore « LES REVENANTS » (France)
Le GENRE est entré dans la culture populaire et c’est tant mieux. En ce qui concerne la France il y’a eu une vague que j’ai trouvé très intéressante. Pas toujours parfait mais ça démontre à mon sens qu’il y’a de vrais talents émergents. Je pense que malheureusement, et indépendamment des qualités et défauts de certains, on a un public à regagner. Je pense d’ailleurs que ça passera par le petit écran ! Plus la télé Française produira du GENRE de qualité plus le public aura confiance en notre capacité à en faire…
On voit bien quand on discute que les gens ont pas mal de souci à croire qu’un film d’horreur Français sera aussi réussi que n’importe quel film étranger. Et bizarrement ces films de Genre Français sont bien accueillis à l’étranger ou quand ils passent sur Canal+.
Enfin je pense qu’il est important de travailler sur nos propres mythologies, notre Histoire pour faire nos films. Il ne sert à rien d’essayer de faire du sous cinéma américain. Travaillons sur nos spécificités tout en ayant la même volonté de produire des films pour les gens qui paient leur place. En gros faisons un cinéma exigeant mais populaire.
Fantasticmovies:Comment est né le projet?
Y.D.:Ces dernières années, alors que la situation économique et sociale de notre pays se dégradait j’ai ressentit une énorme crispation. J’ai d’ailleurs été choqué par certains politiciens qui ont attisé ce « chacun pour soi » « la peur de l’autre »…
« Où allons nous ? Doit on prendre l’argent par tous les moyens nécessaires et se tirer ? Peut on encore rêver à des lendemains meilleurs ? Où sont passés les idéaux ? »
On se croirait en pleine guerre… où chacun essaie de survivre sans trop réfléchir aux conséquences… Au sein d’une des entreprises où j’ai travaillé j’ai vu des responsables diviser pour mieux régner (au lieu de résoudre les vrais problèmes) … et j’ai eu le même sentiment vis à vis de certains politiciens…
« A qui profite le crime ? »
En même temps, il suffit d’ouvrir un livre d’Histoire pour se rendre compte que ce n’est pas nouveau.
Fantasticmovies: A Tout Prix est vraiment très beau à regarder et le travail du son est vraiment bien, était-ce beaucoup de travail en post-production?
Y.D.: Je te remercie beaucoup. On a tenté avec nos petits moyens d’aller vers ce que je disais tout à l’heure : un cinéma exigeant mais populaire. Et en ce qui me concerne j’ai toujours aimé le cinéma où l’image et le son sont très travaillés et contribuent à faire vivre une pure expérience de cinéma.
Pour y arriver c’est un très gros travail en préparation, au tournage et bien entendu en post-prod. Mais aucune des étapes ne peut fonctionner sans les autres. La post-prod ne peut pas réinventer un travail qui n’est pas là (surtout pour l’image). Maintenant on a eu un énorme travail de post-prod son (sound design entre autre) et j’en profite pour tirer de nouveau mon chapeau au très talentueux Arnaud Julien pour son travail et son talent !
Fantasticmovies: Parlez-nous des effets spéciaux.
Y.D.:Le film a des FX plateaux effectués par le talentueux David Scherer. Ils se devaient d’être discrets et « réalistes » (même si j’exècre ce mot quand il s’agit de cinéma). On a plusieurs plans numériques et pareil : vu le type de film il fallait que ce soit invisible. Autrement dit, ça a demandé pas mal de temps pour arriver à un équilibre où on ne voit pas le travail. Ca peut être frustrant pour ceux qui le font… Mais la seule chose qui compte c’est le film.
Fantasticmovies:Fut-il facile de trouver des acteurs et une équipe motivés pour le film?
Y.D.:Ce ne fut pas très compliqué. Certains de mes collaborateurs sur ce film (cast ou technique), ça fait un moment que l’on travaille ensemble. De plus j’ai réalisé des clips ainsi que d’autres courts métrages qui ont été remarqués (Ca aide pour attirer ou convaincre des gens de talent à nous suivre dans l’aventure.)
Fantasticmovies:A Tout Prix dénonce les dérives de notre société néolibérale qui mènent inéluctablement à la violence. Pensez-vous que pour faire changer les choses, il faut prendre les armes?
Y.D.: J’ose espérer que mon film ne laisse pas penser ça ?!
Je suis contre la violence même si elle est une composante de l’Histoire de l’humanité.
Va-t-on assister à une nouvelle révolution ? Peut être…
Est ce que ça passera par les armes ? Je le crains…
Fantasticmovies: Avez-vous une anecdote à raconter à propos du tournage?
Y.D.:J’en ai des tonnes ! Hahaha ! Plus sérieusement il m’est difficile d’en choisir une… Il y’a un très bon Making Of présent avec le court métrage sur le Double DVD collector de la Guerre des Gangs de Lucio Fulci (Editeur : The Ecstasy of Films) qui revient sur les différentes phases de fabrication du film et les problèmes rencontrés… Et je peux te dire que ça n’a pas été de tout repos ! L’équipe et moi même on en a chié sévère !!!
Fantasticmovies:Parlez-nous du budget d’A Tout Prix.
Y.D.: Le film a coûté 8000 Euros. Encore merci à l’équipe, au cast , aux différents prestataires (en particulier ALGA PANAVISION & PANALUX) ainsi que WALLPAPER PROD qui ont permis que le film se fasse avec un budget aussi ridicule! Sans leur contribution cela aurait été IMPOSSIBLE !
Fantasticmovies: Des projets futurs ?
Y.D.: J’ai signé en mai avec Metaluna productions pour un de mes projets de long métrage : « IMPLACABLE »
Fantasticmovies: Un mot pour la fin?
Y.D.:J’ai beaucoup de chance !