Je suis née comme ça. Un vice qui coule dans mes veines depuis ma naissance. Il n’y a pourtant aucun antécédent dans la famille, comme quoi parfois c’est juste la faute du hasard… à moins que ce soit le destin. Tu parles d’un destin. J’aurais préféré être destinée à quelque chose de plus glorieux, de moins sombre, moins glauque, mais ce n’est pas comme si j’avais eu le choix.
Je n’ai jamais compté le nombre de victimes. Cinq, dix, peut-être plus. Il faut dire que je ne suis pas non plus très méticuleuse et que je ne me voyais pas tenir une liste.
Mon arme ? L’eau. Probablement une des plus vieilles méthodes de torture du monde. Mais efficace. Fatale.
Si j’ai des regrets ? Oui. Tout le temps. Je me demande pourquoi, pourquoi « moi » ? J’aurais tellement aimé être différente. A croire que je fais tout pour être malheureuse. Aurais-je pu éviter tout ça ? Je ne sais pas. Peut-on lutter contre notre nature profonde ? C’est pas faute d’avoir essayé.
J’ai su m’arrêter plusieurs fois. Mais je finis toujours pas recommencer. Inévitable. Tragique.
A vrai dire, ça fait plusieurs années que ça n’est pas arrivé. Peut-être qu’en vieillissant je deviens plus forte. Peut-être que je résiste de plus en plus à mes pulsions. Mais ce n’est pas définitif. Ca ne l’est jamais. J’ai déjà pensé que j’étais guérie, que je ne craquerais plus jamais. Mais je me trompe toujours.
Voilà maintenant des années entières que je lutte contre ma nature, que je tremble de toutes les fibres de mon corps pour ne pas céder à la tentation. Mais au fond j’en ai tellement envie, je le veux tellement.
Rien que d’en parler, ça me démange.
Ca me démange !
Bon. Tant pis si je fais une victime de plus. C’est décidé, ce soir, je vais m’acheter une plante. Ca fera trop joli chez moi.
Je suis désolée par avance, j’aurais tellement voulu avoir la main verte.