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Stop aux hommes providentiels, vive les comptables !

Publié le 14 octobre 2013 par Copeau @Contrepoints
Billet d'humeur

Stop aux hommes providentiels, vive les comptables !

Publié Par Nicolas Nilsen, le 14 octobre 2013 dans Politique

Les Français sont tout de même bizarres : ils attendent tout de “l’État-Providence” et des “hommes Providentiels”, alors que tous deux ont complètement échoué.

Un billet d’humeur de Nicolas Nilsen.

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Les Français sont tout de même bizarres : ils attendent tout de “l’État-Providence” et des “hommes Providentiels” ! Mais l’État-Providence a totalement échoué — et pourtant ils en redemandent. Les “Hommes-Providentiels ont eux-aussi totalement échoué — et pourtant ils n’espèrent que le retour de ceux qui les ont plantés (François Fillon, Nicolas Sarkozy ou les autres)… Allez comprendre !

L’État-Providence est au bord de la faillite, ruiné par des dépenses non-financées et criblé d’une dette à hauteur de 246% du PIB1. De leur côté, les hommes dits providentiels n’ont apporté que promesses illusoires et déceptions. Baignés dans l’idéologie, leurs programmes ne sont toujours pas enracinés dans le réel — et n’annoncent donc que de nouveaux échecs et de nouvelles déroutes (chômage, ruine du système de protection sociale, hôpitaux en ruine, effondrement des retraites, etc.).

Cela donne tout de même à réfléchir pour les prochaines présidentielles, car il va bien falloir aider la Nation à s’en sortir au lieu de continuer à la regarder s’enfoncer. Mais quels sont donc les problèmes auxquels les hommes politiques devraient apporter des solutions ? Et la seule réponse qui vient est que ce sont des problèmes économiques et financiers majeurs : marée noire du chômage, dette abyssale, dépenses non contrôlées, bureaucratie insoutenable, fiscalité spoliatrice, etc.

Et au milieu de toute cette insouciance, quelle est d’après vous l’institution qui, depuis des décennies, a l’audace de dénoncer avec constance la gabegie étatique ? Et quel est l’homme qui — alors que tous les autres ont le culot d’affirmer que tout va bien — a le courage de dénoncer leurs errements dans des rapports officiels qui valent, annuellement, leur pesant de cacahuètes ?

Cet homme discret, modéré et mesuré a un nom. Il s’appelle Didier Migaud. Il a été nommé Premier président de la Cour des Comptes le 23 février 2010, par le président de la République Nicolas Sarkozy. Il parle peu, on l’invite rarement dans les grands shows télévisés, il ne la ramène pas comme ses petits collègues de la politique qui multiplient promesses idéologiques et inefficacité concrète. Et pourtant c’est lui qui a raison. Je ne suis pas vraiment socialiste et donc ce n’est pas exactement mon cheval. Mais si j’en parle c’est justement pour faire réfléchir : cet homme discret a tout compris et a dit (courageusement) où était l’erreur ! Il a dit à Jean-Marc Ayrault (qui évidemment ne l’écoute pas) ce qu’il fallait faire : arrêter la gabegie bureaucratique, freiner la pression fiscale et consentir à un freinage sans précédent de la dépense publique (de l’État et des collectivités locales). Il l’a dit au Premier Ministre, il l’a dit aux journalistes, il l’a dit aux citoyens mais on est en France donc personne ne l’écoute. Gilles Carrez, le Président de la Commission des Finances, dit d’ailleurs la même chose à droite. Mais personne ne les écoute : ils sont mal vus par les médias parce qu’ils ne proposent pas d’augmenter indéfiniment les dépenses et ne disent pas, comme Obama, qu’augmenter la dette ne coûte pas un centime !

Cet homme a pourtant raison et, même s’il est socialiste, il faut oser dire que c’est lui qui a raison. Il est plus courageux et plus honnête que les Fillon, Copé et autres politiciens qui ont exercé le pouvoir et ont accumulé une dette honteuse.

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Ceci étant dit, je ne veux surtout plus de grands hommes providentiels !

Je ne veux plus que le pays soit dirigé par des prétendus « grands hommes », ou des « Grands Timoniers » (qu’ils soient aux commandes de la Chine ou d’un petit pédalo). Je ne veux plus de « petits Pères des peuples » ni de « Grands guides », ni de « Führer » ni de « guides » tout court, ni de « Duce », ni des « Sauveurs de la Patrie ». Je ne veux plus de « Che », ou de « Lider màximo », plus de gens qui prétendent nous « faire rêver » ou nous « indiquer le chemin », ou nous « tracer un horizon » ! Je ne veux plus que le pays soit dirigé par des gens qui nous promettent des « grands soirs »…

J’en ai marre des « grands hommes » et surtout de la fascination pour les « hommes providentiels ». J’en ai marre des « grandes figures historiques ». J’en ai marre qu’ils prétendent incarner une « grande idée pour la France », ou le « génie national » ou « l’exception Française »

Pendant les cinq prochaines années, je ne veux plus de “grands dépensiers”

Je ne veux plus qu’avec mon argent ils financent leurs “grands projets” qui finiront en grands trous, en grands déficits et en grands désastres. Je veux juste des petits comptables, avec des manches de lustrine et des petites machines à calculer… Des petits comptables pour qui un sou est un sou… Qui géreront la France en bons pères de famille et qui équilibreront les comptes publics en veillant scrupuleusement à ne déjà pas endetter les générations qui suivent. Des petits hommes ennuyeux, qui ne feront pas de bruit mais géreront correctement, des petits hommes gris qui ne se prendront pas pour des hommes providentiels, des petits hommes discrets qui ne jacasseront pas du matin au soir dans les médias, des petits hommes modestes qui ne feront plus la moindre promesse mais présenteront des comptes équilibrés !

Tout le reste on s’en occupera nous-mêmes !

PS. Et quand je dis des petits hommes qui ne se prennent pas pour des hommes providentiels, je pense à des hommes de qualité et d’honneur qui nous représenteront dignement. Et évidemment pas des hommes qui se croient “normaux” mais ne sont en réalité que de petits idéologues tragiques sans envergure qui n’aiment que les honneurs (au pluriel).

Du même auteur :


Sur le web.

  1. Selon un rapport de la Cour des comptes, la dette publique française s’élèverait à 4 923 milliards d’euros, soit 246% du PIB. C’est donc bien plus que le montant généralement évoqué par l’INSEE (qui est celui de la dette au sens de Maastricht des administrations publiques) : il s’élevait fin 2012 à 1 834 milliards d’euros. L’écart, plus de 3 000 milliards d’euros, correspond au montant des engagements hors bilan de l’État calculés par la Cour des comptes.
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