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Sans-papier: Léonarda a-t-elle été jugée à Roissy ?

Publié le 15 octobre 2013 par Juan
C'est un fait divers, mais dramatique comme tant d'autres. Quelque chose qui a, sans faute, agité une belle partie de l'opposition de gauche. C'était presque anachronique, le signe d'un autre temps, un mauvais retour dans le passé. Ce n'était pas le premier.
Lundi 14 octobre, nous pensions qu'il fallait se lamenter de l'ouverture d'un tribunal d'exception, réservé aux clandestins. Mais il y eut aussi cette expulsion, une collégienne kosovar que la police est allé trouver dans un bus scolaire, lors d'une sortie organisée par son établissement. 
Léonarda, 15 ans, a été arrêtée puis expulsée avec sa mère et ses 5 frères et soeurs. Les policiers exécutaient une décision de justice. La famille de Léonarda avait une OQTF, une obligation de quitter le territoire français. Le père avait été expulsé le 8 octobre dernier. D'après RESF, dans deux mois, les enfants auraient pu bénéficier de la dernière circulaire Valls - 5 ans de présence en France, dont plus de 3 en scolarisation, et une mère qui travaille.

Excès de zèle ? Peut-être. On n'efface pas 10 années d'outrances anti-migratoires comme cela. Excès de zèle ? Peut-être pas. Car où sont les consignes inverses ? Hollande ne prendra pas ce "risque" politique-là. Celui de désavouer une police, qui exécutait des ordres. Car il y a pire: la France s'en fout. C'est là le drame. Cette expulsion était une bêtise, symboliquement désastreuse, politiquement sans intérêt. Elle nous rappelaient d'autres moments des plus désagréables, comme ce 6 juin dernier, dans le Nord de Paris.
Ce lundi, nous aurions pu nous réjouir de cette première semaine de l'égalité professionnelle. Après tout, la cause était belle. Mais un scrutin à Brignoles, et cette course à l'expulsion ont tout gâché.
Un sondage livrait un autre excellent résultat à Manuel Valls. Il serait plus populaire que François Fillon ou Jean-François Copé... parmi les sympathisants de l'UMP... On hallucine...
Ce lundi, il n'y avait pas que cela.
Des élus, tous socialistes, communistes ou écologistes, ont interpelé à plusieurs reprises le gouvernement à propos d'une survivance de l'ancien régime dont on se serait bien passé: l'établissement d'audiences délocalisées pour juger des clandestins.
"La justice, rendue au nom du peuple français, ne saurait être édictée dans des gares ou aérogares, ni dans des lieux difficilement accessibles au public." Matthias Fekl, député socialiste.
"Il ne faut pas oublier que ces salles d’audience ont été rendues possibles par la loi Besson, contre laquelle les parlementaires socialistes s’étaient vigoureusement battus, est-il nécessaire de le rappeler." Richard Yung, sénateur socialiste
Deux salles ont été installées. L'une au centre de rétention du Mesnil Amelot. L'autre à Roissy, jouxtant la "zone d’attente pour personnes en instance" (ZAPI) de l’aéroport. Les premières audiences délocalisées ont débuté ce lundi. Les tribunaux pour étrangers sont une vieille lubie sarkozyste. Elle n'effrayait plus Pierre Mazeaud et sa commission, en juillet 2008.
Le GISTI, comme d'autres associations de soutien aux sans-papiers, mais aussi deux syndicats de magistrats, avaient organisé le 17 septembre une visite des lieux, au Mesnil Amelot et à Roissy, histoire de juger sur place et sur pièce. L'association résumait ainsi:"Au choc d’un enfermement souvent incompréhensible, s’ajoute pour les étranger-e-s l’isolement d’une justice rendue loin des tribunaux et sous le seul regard de l’administration et des forces de l’ordre." 
Liste des associations et syndicats organisateurs :
Avocats pour la défense des droits des étrangers (ADDE)
Association nationale d’assistance aux frontières pour les étrangers (Anafé)
Groupe d’information et de soutien des immigrés (GISTI)
La Cimade
Ligue des droits de l’homme (LDH)
L’Observatoire citoyen de la rétention 77
Réseau éducation sans frontières (RESF)
Syndicat des avocats de France (SAF)
Syndicat de la magistrature (SM)
Union syndicale des magistrats administratifs (USMA)
Pourquoi donc faudrait-il des juridictions séparées pour juger des clandestins ?
Il paraît qu'on s'économise un déplacement d'une trentaine de kilomètres entre la zone de transit à Roissy et le tribunal de Meaux.
Vraiment ?
Christiane Taubira a fait part de ses "réticences".


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