Vu que j’ai pas mal parlé de piafs la semaine précédente, autant en profiter pour vous présenter le travail d’un photographe qui a réussi à restituer au mieux la grâce et l’étrangeté de ces bêtes à plumes.
Bob Croslin est un photographe américain de la baie de Tampa réputé pour ses photos publicitaires. En quête de challenge, il a réalisé une récente série de portraits d’oiseaux appartenant à un sanctuaire du golfe de Floride. Ses modèles sont tous rescapés et bien que le but soit d’éventuellement relâcher ses animaux sauvages, la plupart sont trop mal en point et resteront finir leur vie dans le sanctuaire:
Shorty, la Buse à queue courte (Buteo brachyurus) a perdu une aile en percutant une voiture
Un Fou de Bassan (Morus bassanus) éborgné par un hameçon
George le Pélican d'Amérique (Pelecanus erythrorhynchos)
a perdu une aile à un fil de pêche
Un autre Pélican d'Amérique (Pelecanus erythrorhynchos)
Bihoreau violacé (Nyctanassa violacea)
Edgar, une Corneille d'Amérique (Corvus brachyrhynchos) élevé sans succès comme animal domestique
Un Crécerelle d'Amérique (Falco sparverius) adopté comme animal domestique et incapable de chasser sa propre nourriture
Barney, l'Hirondelle rustique (Hirundo rustica) incapable de voler après avoir percuté une voiture
Wobbles, le Grand Héron (Ardea herodias) aux pattes cassées
Billy le Pélican brun (Pelecanus occidentalis), a perdu la partie haute de son bec à un fil de pêche et doit être nourri à la main
Héron garde-bœufs (Bubulcus ibis)
Un Jaseur des cèdres Bombycilla cedrorum incapable de réaliser des migrations du fait d'une aile brisée
Gizmo, le Petit-duc maculé (Megascops asio), élevé sans succès comme animal domestique
Reddish, l’Aigrette roussâtre (Egretta rufescens), frappé par une voiture et ne pouvant plus voler
Buse à queue rousse (Buteo jamaicensis)
Spatule rosée (Platalea ajaja)
Jackson, la Sterne royale (Thalasseus maximus), blessé par une ligne de pêche
Non seulement ces portraits sont très touchants, de par l’histoire de chacune de ces oiseaux, mais en plus, on décèle dans chaque cliché le caractère individuel de ces animaux. Et pourtant,photographier des oiseaux pour leur tirer leur portrait n’est vraiment pas facile!
Selon Bob Croslin, une journée typique ressemblait à ça: préparer une toile de fond, préparer l’éclairage, voir un des vétérinaire du sanctuaire amener un spécimen, voir ledit spécimen fienter ou vomir sur la toile de fond, refaire la toile de fond, observer le vétérinaire essayer de récupérer l’oiseau, prendre deux ou trois clichés, rebelote avec le vétérinaire, prendre encore une ou deux photos avant que l’oiseau devienne vraiment trop énervé.
Mais le résultat en valait certainement la chandelle: non seulement cette série est magnifique (elle a notamment remportée le prix annuel international de photographie dans la catégorie des Sciences et de l’histoire naturelle), mais elle révèle également l’impact que peuvent avoir nos activités sur ces centaines d’oiseaux estropiés!
Et puis la personnalité des oiseaux est incroyablement mise en valeur dans les photos de Bob Croslin. La plupart des vétérinaires qui l’assistaient ne croyait d’ailleurs pas du tout en ce projet qu’ils jugeaient vain. La photo par exemple de Reddish, l’aigrette roussâtre est particulièrement remarquable. Vu que cet individu est particulièrement féroce (cf vidéo):
Et bien Croslin a tout simplement pris une photo du bougre prêt à lui foutre une rouste, avec sa crête hérissée et son œil menaçant. En fait il s’agit de la séance photo la plus rapide et la plus facile de toute la série, à la grande surprise des vétérinaires.
Liens:
Bob Croslin
Grounded
Article Raw File sur Wired