Abbiati décline… Gabriel progresse

A Milan, il y a un sérieux problème de gardien. En ce début de saison, le vétéran Abbiati n’y est pas. Ses nombreuses erreurs ont couté très cher à l’équipe d’Allegri jusqu’à présent. Il n’est bien évidemment pas le seul responsable de ce début de saison désastreux, il y a de nombreux joueurs médiocres en défense et au milieu mais de nombreux buts auraient pu être évités avec un gardien d’un niveau correct. Galliani est très attaché à Abbiati et la question de prolonger son contrat ne s’est jamais posée. Est-ce l’année de trop? Est-ce le bon moment de lancer Gabriel?

On va tenter d’analyser les buts évitables encaissés par Abbiati et commençons par le premier but encaissé de la saison, à Eindhoven (1-1) :

Ce tir est vraiment trop lointain pour pouvoir inquiéter un gardien. Le rebond devant Abbiati le rend certes assez vicieux mais ne justifie pas le but encaissé. Direction Verona (défaite 1-2), second match de la saison :

Toni est totalement à l’intérieur des 5,50m, on va dire à 4,5 ou maximum 5m de la ligne du but, en plein centre et sur un centre (et donc sans la puissance d’un tir) provenant un d’un corner (34m). De un, Abbiati est mal placé (pas sur sa ligne). De deux, sur ce genre d’action, il DOIT sortir. Là, il ne sort pas et n’est pas sur sa ligne. Et puis ne dit-on pas qu’un gardien doit être le maitre dans les 5,50m?

Passons les victoires contre PSV (3-0) et Cagliari (3-1) pour nous rendre à Torino (2-2) :

Il encaisse un but sur le premier poteau même si la distance du tir est une circonstance atténuante. Aidons-nous de Google pour rechercher un « arrêt sur le premier poteau » :

Même si situation que le but encaissé par Abbiati à Torino mais là, le gardien ferme les angles grâce à un bon placement… Il n’y a rien à dire sur Milan – Celtic (2-0) alors passons à Milan – Napoli (1-2) :

Le plus gros problème c’est d’abord de voir 6 joueurs de Napoli complètement seuls mais la distance à couvrir en cas de sortie ne semble pas grande. Un plongeon vers l’avant pour boxer le ballon aurait probablement suffi pour empêcher Albiol de marquer. A l’inverse, Abbiati hésite, fait un pas en avant et puis recule : une hésitation de trop. On arrive au second but de Napoli :

La frappe d’Higuain est puissante mais Abbiati est trop lent à plonger. De plus il plonge vers arrière, à la alors que ce qui est enseigné dans les écoles de foot, c’est de toujours plonger vers l’avant, surtout dans cette situation où l’espace à fermer est petit. Trois jours plus tard, à Bologne (3-3) :

Tout d’abord, ce n’est pas de la faute à Abbiati si Laxalt se retrouve seul en si bonne position. Néanmoins, le placement du gardien est tout simplement horrifiant. Laxalt n’en demandait pas tant. Il est gaucher, il est penché vers la gauche : placer son tir du plat du pied sur le premier poteau est ce qui est de plus simple. Abbiati devait mieux lire la situation. Le pire est à venir…

Ici c’est l’apothéose. Le joueur de Bologne centre pratiquement sur la ligne de fond, qui ne justifie pas le placement si avancé sur le premier poteau. A cela suit une mauvaise estimation de la trajectoire du centre et par conséquent l’impossibilité de récupérer sa position. Deux erreurs pour le prix d’une. Sans oublier qu’il doit rester maitre dans les 5,50m alors que là il part tout simplement à la cueillette. Petite recherche dans Google sur le placement de gardien sur un centre :

Le gardien est au centre légèrement devant sa ligne, prêt à plonger vers l’avant pour capter, dévier ou boxer le ballon. Peu importe la direction du centre, il sécurise le but. Après la victoire face à la Sampdoria (1-0), Milan s’est rendu à Amsterdam (1-1) :

Une nouvelle fois : même corner, même joueur sans marquage, ballon dans les 5,50m en plein centre et Abbiati reste sur sa ligne… quelques jours plus tard, on arrive au dernier match avant la pause : Juventus – Milan (3-2) :

Le mur se défait, ce qui ne doit jamais arriver mais le coup franc de Pirlo est central, à hauteur moyenne et pas d’une puissance exceptionnelle. Que fait Abbiati? Il plonge de nouveau vers l’arrière et arrive en retard sur le ballon qu’il dévie dans son propre but.

CONCLUSION
Sur les 15 buts encaissés en ce début de saison, 9 comportent une erreur d’Abbiati. Attention, cela ne veut pas dire qu’ils pouvaient tous être évités et encore moins que le gardien est le responsable de ces buts car il y a eu beaucoup d’erreurs défensives (marquage, inattention…) et certaines situations qui ne devraient jamais se produire, mais dans certains cas, le gardien aurait pu « sauver » les erreurs de ses coéquipiers en évitant le but. Si cette analyse est possible pour des tifosi, ne l’est-elle pas à Milanello? Ce n’est pas le travail des préparateurs des gardiens? Ne voient-ils pas qu’en ce moment Abbiati est une catastrophe?

L’erreur est humaine mais lorsqu’elles se répètent si souvent, il y a un problème. Les défenseurs sont souvent accusés des nombreux buts encaissés de la tête et / ou sur phase arrêtées mais Abbiati a sa part de responsabilité. Le gardien de l’AC Milan n’a jamais été exemplaire au niveau technique mais a souvent compensé avec un instinct et une réactivité hors norme. Malheureusement, plus les années passent, plus erreurs se multiplient. Fiable il y a encore quelques mois, Abbiati est en chute libre cette saison.

Allegri se retrouve à gérer un cas épineux entre ce gardien de 36 ans qui fait partie des meubles à Milan mais se montre de plus en plus défaillant. Pendant ce temps, le jeune Gabriel (20 ans) progresse et semble avoir parfaitement récupéré de sa blessure à l’épaule subie l’été. Lors du match amical cauchemardesque à Caen, il est un des seuls à avoir sauvé la face. Il est toutefois difficile de comprendre les réelles intentions de Milan le concernant vu les rumeurs (fondées ou non) concernant la recherche d’autres gardiens. Le Brésilien manque d’expérience et le club ne semble pas prêt à lui faire totalement confiance, peut être plus pour lui rendre service, car l’insérer dans ce Milan l’exposerait à des erreurs. A vrai dire ils sont mieux placés pour connaitre le mental de Gabriel et par conséquent sa capacité à gérer (l’énorme) pression que représente San Siro. Enfin, choisir le jeune Gabriel serait comme une sentence définitive pour Abbiati. Ce serait ensuite incohérent de faire marche arrière. Il s’agirait donc d’un choix radical et d’une hiérarchie bousculée. Ces doutes autour du gardien brésilien contrastent avec deux certitudes : celle d’avoir un gros problème de gardien actuellement avec un Abbiati sur le déclin et la certitude d’avoir un Gabriel qui démontre avoir toutes les qualités requises pour devenir le futur gardien de Milan. A quand le passage de flambeau?

Article adapté d’un article de Milan Night.