L’Opinion, journal vendu aux annonceurs ?
Publié Par Baptiste Créteur, le 16 octobre 2013 dans MédiasLes écologistes Yannick Jadot et Jean-Vincent Placé accusent L’Opinion de collusion avec les milieux d’affaires.
Par Baptiste Créteur.
Récemment, L’Opinion présentait une interview de Gérard Mestrallet, patron de GDF-Suez, dans le même numéro qu’une publicité pour GDF-Suez. Faut-il s’en émouvoir ? L’irréprochable Yannick Jadot s’en émeut, et se fend d’un tweet assassin.
Vu dans le journal L’Opinion du jour : double page de pub GDF-Suez et pleine page itw de son président Mestrallet. Indépendance des médias ?
Retweeté par le très intègre Jean-Vincent Placé :
Oui collusion anti écolo : affaires-medias-politique
Rappelons que la « collusion affaires-médias-politique » est régulièrement dénoncée comme un travers de la social-démocratie, mais qu’elle n’est dénoncée par le charmant sénateur que lorsque qu’il s’agit d’une collusion anti-écolos. Rappelons également que la France est un pays où les écologistes ont le monopole de la pensée, où le scepticisme est raillé dans des chansons ; le sénateur est bien placé pour comprendre que s’il y a aujourd’hui collusion, elle est pro-écolos.
On pourrait d’ailleurs s’interroger sur les liens entre Jean-Vincent Placé ancien directeur du Cédis (le centre de formation des élus des Verts) et la SCI Un Toit pour les Verts. Il a partagé la vie des deux dirigeantes de la SCI, Cécile Duflot et Eva Sas ; et il a trempé dans quelques affaires pas très nettes, d’après le magazine Cash Investigation :
La paille de L’Opinion ne doit donc pas faire oublier aux sympathiques écologistes leur propre poutre. Encore moins dans le contexte politico-médiatique et des affaires français.
La première source de financement des principaux journaux français, ce sont les subventions massives et inefficaces dont ils bénéficient. Et, étrangement, ces journaux présentent un important biais étatiste ; à ce niveau, c’est quasiment du publi-rédactionnel permanent. Jean-Vincent Placé a-t-il jamais dénoncé ce conflit d’intérêt ? Que demande l’État en échange des généreuses subventions aux groupes de presse ?
Les journalistes invitent un président en exercice à dîner, il leur rend visite en off ; nombreux sont les hommes politiques à partager la vie ou le lit de journalistes. Certains sont même les deux, par exemple l’écologiste (diantre !) Pascal Canfin. Le complot anti-écolos qui se manifeste par une pub et une interview dans le même journal fait plutôt pâle figure à côté de ces « collusions ».
Et surtout, où est le problème ? Quelqu’un a-t-il un jour pensé qu’une information pouvait être parfaitement objective, à part les porte-plumes et stagiaires des grandes rédactions dont le style et la créativité orthographique sont étrangement proches des dépêches AFP ?
Si L’Opinion ne convainc pas les écologistes, qu’ils ne le lisent pas. Si le journal perd sa crédibilité auprès des lecteurs, ils ne l’achèteront pas et il fera faillite ; c’est pour cette raison que les fonctions rédactionnelles et la régie publicitaire sont bien souvent séparées. Le journal ferait donc faillite, à moins que les manchots qui nous gouvernent lui accordent des subventions ; ce qui semblerait étonnant compte tenu de la ligne éditoriale ouverte à la critique et moins étatiste qu’ailleurs. C’est le fonctionnement normal d’un marché ; et comme toujours, les hommes politiques français veulent interférer et estiment avoir leur mot à dire, rendant vraies des craintes qui n’étaient que croyances de collusion. Alors, à quand une petite loi ?
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