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Africards : Dans l’histoire d’un projet monétique qui fait son chemin

Par Wilntonga

Cet article m’est inspiré d’un billet d’humeur publié par mon ami blogueur Mekontchou Achille. J’ai fais un commentaire sur son blog, mais j’ai voulu étendre ma pensée en apportant davantage de précisions pour rendre justice à la carte Africards au cœur du mélodrame qu’il rapporte avec fidélité et un brin de frustration…et à raison d’ailleurs. Mon propos se limite à la situation de l’Afrique Noire francophone (en 2004, pour la seule Afrique du Sud, 10 millions de cartes avaient été vendus source : Jeune Afrique).

La carte Africards est introduite sur le marché en 2007 par une banque Burkinabé qui s’appelle alors à l’époque BIB (Banque Internationale du burkina). Elle se met en place rapidement comme un service autonome, plus ou moins en marge des autres produits de la banque et prend vite sa démarcation.

A l’époque déjà, la monétique générale en Afrique avait trois grandes tendances :

- la première est celle des cartes de paiement qui sont expérimentées dans un certain nombre de pays comme la I-card de la banque camerounaise Afriland first Bank (qui a d’ailleurs beaucoup évolué entre temps ;

- la seconde tendance ce sont les cartes de débit à portée surtout locales ou régionales et liées presqu’en circuit fermé à une banque ou à un réseau de banque comme les cartes de débits que l’on a pu observer dans les grandes banques ou encore les fameuses et efficaces GIM-UEMOA adoptées par presque toutes les grandes banques d’Afrique de l’Ouest;

- la troisième tendance concerne des tentatives de cartes de débit internationales, surtout en prépayées. Quelques banques osent des cartes crédit/débit Visa ou Master, mais les coûts sont extravagants.

Dans ce sillage , l’expérience Africards va très vite se démarquer alors même que les concurrences ivoiriennes et camerounaises principalement vont vite voir leurs limites. L’Africards dans les années 2010 devient la carte visa de l’Afrique de l’Ouest et du Cameroun et son utilisation commence à se faire clairement sentir même si le nombre d’utilisateurs reste relativement faible comparativement à ce qu’on peut observer en Afrique anglophone.

En 2012, la BIB est reprise par UBA qui essaye de renforcer le positionnement de la carte Africards. Entre autres, elle entre de manière remarquable sur le marché non francophone. Pendant ce temps, la monétique africaine a énormément évolué et désormais chaque grande banque dispose de sa propre carte visa ou Master, certaines faisant même des cartes de crédit, un produit libéralisé (il sera intéressant de voir ce qui va se passer dans quelques années sur ce point). Même UBA dispose de sa propre carte Visa rattachée au compte bancaire. La plupart de ces cartes dont d’ailleurs des cartes à puce, presque tout le monde étant depuis 2011-2012 entrain de refaire des mises à jour.

Cependant, dans sa distribution, Africards révèle des questions de fond.

En effet, officiellement la distribution de la carte est effectuée par des vendeurs agrées. Et par vendeur agrées, on entend des structures/personnes ayant des agréments de UBA. Sauf que ces personnes dans les pays font des alliances parfois avec des personnes de foi relative. D’autre part, les cartes étant facile à obtenir, il suffit d’en acheter par plusieurs approches, plusieurs cartes, pour pouvoir les revendre. Ces options qui offrent des possibilités de dérives restent hors de contrôle de UBa qui émet les cartes et reste un problème sérieux à régler. En effet, cela pose un problème d’image qu’il faudra bien attaquer pour que Africards ne devienne pas une aubaine pour le banditisme monétique.

L’option de recharge en ligne actuellement fonctionnelle pour les détenteurs de compte UBA est une belle solution. Mais il faudra envisager qu’elle puisse se dispatcher auprès de davantage de banques même si aujourd’hui, chacun a la possibilité d’offrir sa propre prépayée Visa (dans un pays comme le Cameroun presque toutes les grandes banques le font).

En attendant, les défis de l’Africards restent ceux de la monétique africaine en général et en particulier du secteur des cartes de débit :

- une meilleure professionnalisation du secteur de la distribution (les cartes prépayées continuent de courir le risque d’être revendus par des aventuriers au risque d’hypothéquer la crédibilité des institutions qui les émettent ou même du processus même de la monétique;

- une appropriation par les utilisateurs africains; J’ai noté une forte élitisation dans l’utilisation des cartes visa et une phobie de la classe moyenne pour ce genre d’outils;

- de meilleures politiques clients des banques concernées (on y reviendra dans un autre article);

- une extension du réseau d’utilisation de ces cartes à l’intérieur de l’Afrique (en générale, elles fonctionnent seulement dans les principales villes de nombreux pays);

- un développement plus accru des services de vente et d’achat en ligne (la gouvernance est un corolaire de ce défi quand on sait que des pays comme le Cameroun restent boudés par des géants comme Paypal à cause du niveau de confiance qu’ils inspirent).

Allez, il y a encore du chemin à faire.


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