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Prostitution : des prostituées libres ou victimes de la traite ?

Publié le 19 octobre 2013 par Copeau @Contrepoints
Analyse

Prostitution : des prostituées libres ou victimes de la traite ?

Publié Par Contrepoints, le 19 octobre 2013 dans Actualités, Sujets de société

90% des prostituées seraient contraintes de vendre leurs charmes par la traite. Réalité ou mythe des opposants à la prostitution ?

Par Alain Borgrave.

Prostituée au Mexique (Crédits : Tomas Castelazo, Creative Commons)
La traite des êtres humains serait endémique parmi les prostitué(e)s. 90% d’entre elles seraient contraintes de vendre leurs charmes suite à de graves abus ou à des menaces. C’est en tout cas ce qu’essaient de nous faire croire les abolitionnistes dont le but est de faire disparaître la prostitution. Leur mesure phare étant la pénalisation des clients, considérés comme de mauvais citoyens encourageant par leurs actes l’esclavage et la souffrance d’autrui.

A l’heure actuelle et depuis des décennies, ni la vente ni l’achat de services sexuels ne sont prohibés. En interdire l’achat par la menace d’une amende de 1 500 €, doublée en cas de récidive, constitue une atteinte sans précédent à la liberté des pratiques sexuelles entre adultes. Et pour justifier une pareille mesure liberticide, il faut de bonnes raisons.

C’est ce qui explique sans nul doute les imprécisions sur l’ampleur réelle de la traite des êtres humains. Et le mot « imprécisions » est faible : on verra que les chiffres cités sont 10 fois supérieurs à la réalité. Il s’agit de présenter la prostitution sous un jour apocalyptique pour justifier une mesure d’exception. Dans la réalité, la traite et la prostitution forcée sont relativement rares et représentent de l’ordre de 5% à 10% des prostitué(e)s.

Chiffres cités pour la traite

Selon Guy Geoffroy, rapporteur de la mission parlementaire de 2011 sur la prostitution « Il faut se fermer les yeux devant la réalité pour feindre d’ignorer qu’aujourd’hui la prostitution est imposée à plus de 90 % à des femmes et des hommes d’origine étrangère victimes d’une des plus immondes pratiques qui puisse exister : la traite des êtres humains. »

Ce type de statistiques a été cité à de nombreuses reprises, par N. V.-Belkacem, ministre des Droits des femmes (90%), par Maud Olivier, rédactrice de la loi (80% à 90%), par Joëlle Milquet, ministre de l’Intérieur en Belgique (80%).

Résultats de la recherche

Les études sociologiques réalisées à l’international placent la traite des êtres humains à des niveaux très inférieurs (hélas à ce jour aucune étude précise sur le sujet n’a été réalisée en France).

Londres (2011) : dans cette étude concernant les prostitué(e)s migrant(e)s à Londres, seules 6% des femmes prostituées considèrent avoir été trompées et forcées à vendre des services sexuels. Un grand nombre des répondants ont choisi la vente de services sexuels après d’autres expériences professionnelles jugées moins attrayantes en terme de rémunération et de conditions de travail.

Grande-Bretagne (2010) : dans cette autre étude réalisée par la police britannique sur les prostitué(e)s migrant(e)s, 9,4% des 210 personnes de l’échantillon ont été considérées victimes de la traite des êtres humains (p. 31). On peut aussi voir dans le détail p. 27 que seule un(e) prostitué(e) migrant(e) était victime de violence (0.5%) et que la confiscation de documents concernait 5% d’entre elles. La non- ou faible rémunération concernait de l’ordre de 3% d’entre elles. La tromperie au recrutement, 3% aussi. Si l’on tient compte des 44 nationales qui étaient exclues de l’enquête et dont aucune n’en était victime, la traite concernerait 7.8% des prostitué(e)s.

Nouvelle-Zélande (2008) : dans cette enquête réalisée par le ministère de la Justice en Nouvelle-Zélande, on peut lire page 15 que « Malgré la croyance que la plupart des prostitué(e)s sont forcé(e)s à entrer dans l’industrie du sexe, seule une très petite proportion de travailleurs(euses) du sexe, 3,9%, ont affirmé avoir été forcé(e)s par quelqu’un au moment de l’entrée ou plus tard ».

Danemark (2011): dans cette étude commandée par le ministère de la Justice (p.168), seules 4% des prostitué(e)s ont reconnu avoir débuté sous la contrainte (p.168: « Følte mig tvunget ind af andre »). Par contre 44% ont cité « une bonne occasion de se faire de l’argent », 30% connaissaient quelqu’un qui se prostituait et ont voulu essayer, 8% se sont senti(e)s forcé(e)s par le manque d’argent.

De nombreuses autres sources confirment ces résultats: voir ici, ici, ici, iciiciici, ici et ici

Le discours politique sur la traite apparaît donc pour ce qu’il est réellement : une manipulation dont le but est de justifier une atteinte aux libertés fondamentales. Dont la conséquence sera de réprimer l’achat de services sexuels en transformant les clients en des délinquants. Et, bien sûr de fragiliser les prostitué(e)s qui seront repoussé(e)s dans la clandestinité pour protéger leurs clients.

Voix académiques

Des voix académiques s’élèvent pour dénoncer cette manipulation.

- Selon Jean-Michel Chaumont, de l’université catholique de Louvain (UCL, Belgique), « Que le discours sur la traite et la prostitution relève davantage du registre mythique que d’une description réaliste est un secret de polichinelle qui rend plus énigmatique encore sa prégnance. »

« Il y a encore une raison importante pour laquelle l’imposture doit être  dénoncée : le discours des pseudo-experts a des conséquences concrètes. Quantité d’associations préférant œuvrer à la réduction des risques plutôt qu’à l’abolition de la prostitution se sont ainsi vues privées de financement. »

- Ronald Weitzer, de la George Washington University (USA) dans son article « La construction sociale de la traite : idéologie et institutionnalisation d’une croisade morale » explique que « La dernière décennie a vu le développement d’une croisade morale contre la traite des êtres humains. Mon analyse démontre que les arguments centraux des abolitionnistes sont douteux, et malgré cela les activistes ont eu un succès remarquable pour implémenter leurs idées auprès des pouvoirs publics. »

Pour terminer

Selon Maud Olivier, rédactrice de la loi, questionnée sur le consentement, « au bout de 20 passes par jour le consentement a perdu de sa valeur« . On se demande bien d’où viennent ces 20 passes par jour puisque l’enquête danoise citée ci-dessus indique p. 207 que le nombre moyen de clients par jour au Danemark est inférieur à 4. La situation serait-elle si différente en France ?

Contrairement à ce que dit Mme Olivier, les prostituées ne font donc pas 20 passes par jour. Et, que cela lui plaise ou non, plus de 90% d’entre-elles sont consentantes.

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