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Critique Ciné : Boulevard du Crépuscule

Publié le 19 octobre 2013 par Delromainzika @cabreakingnews

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Boulevard du Crépuscule // De Billy Wilder. Avec William Holdern et Gloria Swanson.


J'avais envie de vous parler de vieux classiques du cinéma. Ce qu'il y a de bien avec les vieux classiques c'est que pour certains ils n'ont pas pris une ride. Certes le casting et les décors nous rappellent que l'on n'est pas à notre époque mais certains films ont une vision si réaliste des choses et si pérenne que finalement on ne garde en souvenir que l'audace de ces films. C'est le cas de Boulevard du Crépuscule. Billy Wilder est parvenu à brosser le portrait des changements que Hollywood a subit avec l'arrivée du cinéma parlé et comment les anciens stars du cinéma muet, aujourd'hui détrônées, vivent leurs derniers jours. Il choisit alors de nous raconter la vie de Norma, une femme qui n'a qu'une envie, retrouver le chemin des studios et tourner un nouveau film, le film qu'elle a écrit et qu'un jeune scénariste, Joe, a tenté de réadapter pour qu'il soit plus potable et présentable. Le personnage de Norma plonge alors dans la folie. Elle croit dure comme fer que son retour est faisable et ce même si son idée de film est datée et la met en scène sur presque tous les plans du film (un peu comme à l'époque où elle était une star du cinéma muet).
Norma Desmond, grande actrice du muet, vit recluse dans sa luxueuse villa de Berverly Hills en compagnie de Max von Meyerling, son majordome qui fut aussi son metteur en scène et mari. Joe Gillis, un scénariste sans le sou, pénètre par hasard dans la propriété et Norma lui propose de travailler au scénario du film qui marquera son retour à l'écran, Salomé. Joe accepte, s'installe chez elle, à la fois fasciné et effrayé par ses extravagances et son délire, et devient bientôt son amant. Quand son délire se transforme en paranoïa et qu'elle débarque au milieu des studios Paramount pour convaincre Cecil B. DeMille de tourner à nouveau avec elle, Gillis commence à prendre ses distances...
Boulevard du Crépuscule nous parle de tous les travers d'Hollywood, de ce monde de charognards qui n'ont finalement pas grand chose à faire des stars. Ce film parvient à nous plonger également dans la psychose de Norma qui va petit à petit devenir complètement folle et ne plus pouvoir se séparer de son scénariste, Joe. Leur relation, particulièrement jouissive, se développe au cours du film pour exploser à la fin en quelque chose d'assez inattendu. Je ne m'attendais pas du tout à ce que cette grande tragédie me passionnant autant et pourtant. Billy Wilder met tout cela en scène avec une certaine subtilité. Il cache tout un tas de choses dans son film et exploite l'univers avec parcimonie. Que cela soit les décors, très cloisonnés, donnant l'impression que le personnage de Joe étouffe au fil du temps. Si au début il apprécie la grandeur de la maison de Norma, petit à petit cette dernière va l'étouffer et ne plus le lâcher. Boulevard du Crépuscule parvient à saisir le spectateur du début jusqu'à la fin grâce à cette relation certes mais aussi à une dynamique. Le récit est conté de façon intelligente, voire même extraordinaire finalement.
L'ambiance se dessine au fur et à mesure alors que l'on en comprend les enjeux. Ce qu'il y a de bien intéressant dans Boulevard du Crépuscule c'est bien évidemment cette mise en scène du tout Hollywood de l'époque et la confrontation de l'univers de Norma et du cinéma d'aujourd'hui (enfin, de 1950). La déchéance de cette grande star du cinéma muet est mise en scène à la perfection par un Billy Wilder très en forme. Gloria Swanson y met du sien elle aussi alors qu'elle incarne Norma avec énormément de sagesse et beaucoup de folie. La confrontation entre la passion (cette relation qu'elle vit avec Joe qui vire à l'obsession) et la gloire qui n'existe plus (on entretient autour de Norma sa popularité alors que Max écrit de fausses lettres de fans). Boulevard du Crépuscule est un film cruel finalement car la pauvre Norma ne voulait qu'une chose : qu'on lui donne une chance de prouver qu'elle était encore faite pour cette industrie. Et le film est parfois même assez cynique, s'amusant des codes avec beaucoup de légèreté.
Note : 10/10. En bref, un chef d'oeuvre. On nous parle d'un Hollywood rongé par l'industrie.


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