Jean-Luc Mélenchon s'est beaucoup investi pour que le Front de gauche présente des listes autonomes du parti socialiste et particulièrement à Paris, ville capitale, qui sera forcément regardée à la loupe lors de ce scrutin. Alors que dans de très nombreuses villes de plus de 20 000 habitants les communistes se sont majoritairement prononcés pour de telles listes, à Paris ce ne sera pas le cas. Le PCF fera alliance avec le PS de Mme Hidalgo dans la capitale.
Sur le coup, s'est évidemment un coup dur pour le Parti de Gauche et pour Jean-Luc Mélenchon qui a multiplié les injonctions envers les communistes parisiens ces derniers jou, leur rappelant que leur choix pouvait mettre à mal le Front de gauche. Il est clair que c'est le cas, le PS et les médias se faisant fort d'appuyer sur ce camouflet infligé par les communistes parisiens à l'ancien candidat à la présidentielle.
Pourtant, s'arrêter à cette analyse serait aller un peu vite en besogne. Ce serait oublier la situation sur le terrain et que la base électorale du Front de gauche est particulièrement remontée contre la politique menée par le parti socialiste. J'en veux pour preuve la multiplication des listes autonomes pour les municipales un peu partout en France.
Ce serait surtout négliger la responsabilité du PCF dans cette affaire et particulièrement celle de son premier secrétaire, Pierre Laurent. Il n'aura échappé à personne, même si cela n'a pas été mis en avant, que la véritable raison de l'alliance des communistes avec les socialistes à Paris est l'augmentation potentielle du nombre d'élus au conseil de Paris, de 8 à 13, soit juste le nombre nécessaire pour permettre à Pierre Laurent de conserver à coup sûr son siège de sénateur. Ce genre de marchandage ne passe pas dans l'électorat de gauche, et s'il est vrai que le résultat en faveur de l'accord avec le PS est sans appel, il y a quand même 43 % des militants communistes qui ont choisi de dire non, ce qui est beaucoup pour un parti habitué à suivre la ligne officielle sans broncher, d'autant plus que Pierre Laurent s'était lui-même investi pour le oui.
Ainsi, le parti communiste, première force du Front de gauche sort affaibli de cet épisode. En tenant un discours particulièrement virulent contre le chef du gouvernement, mais en choisissant de s'allier ça et là, et surtout à Paris avec le PS, le parti de Pierre Laurent apparaît sans direction réelle, sans cohérence.
A contrario, la position de Jean-Luc Mélenchon n'a jamais changé : pas d'alliances possibles dans les grandes villes avec un parti dont on conteste la politique au quotidien. Cette cohérence là, même les militants communistes la comprennent et l'entendent (43 % à Paris). Là où le PCF a pris le risque d'apparaître comme comptable de la politique menée par François Hollande, Jean-Luc Mélenchon est bel et bien pour les gens de gauche, le principal recours à gauche.
Le vrai et seul leader du Front de gauche est donc désormais Jean-Luc Mélenchon, et c'est d'autant plus vrai que le Parti de Gauche pourra, s'il le souhaite, utilisé la marque et le logo du Front de gauche pendant la campagne, puisqu'ils lui appartiennent (lire ici), affaiblissant encore un peu plus le PCF.