75% des échantillons de lait maternel vendus en ligne contiennent des bactéries qui peuvent entraîner de graves maladies, constate cette étude du Nationwide Children’s Hospital. En cause, le non-respect des procédures de collecte, de manutention, de stockage ou d’expédition de ces laits. Ces conclusions, publiées dans la revue Pediatrics, mettent donc en garde sur les sites de partage de lait, de plus en plus nombreux, en particulier aux Etats-Unis.
Sur un an, ce sont 13.000 offres de lait qui sont publiées sur ces sites spécialisés aux Etats-Unis, une tendance à la hausse, précisent ces auteurs, les premiers à examiner l’innocuité de la vente de lait maternel sur Internet.
L’équipe qui a travaillé avec des chercheurs du Cincinnati Children’s Hospital Medical Center et de l’Ohio State University a donc tout simplement répondu aux annonces publiées, acheté le lait maternel puis l’a analysé en laboratoire. Au total, ce sont 101 échantillons achetés en ligne qui ont été analysés puis comparés à 20 échantillons provenant d’une banque de lait (ou lactarium). Les chercheurs rappellent que dans ce dernier cas, le lait maternel est pasteurisé donc débarrassé de toute bactérie nuisible. Mais que même avant la pasteurisation, les mesures d’hygiène concernant le recueil et le stockage sont telles que le risque bactérien est minime.
17% des échantillons à concentration bactérienne élevée : L’analyse constate un très grand nombre d’échantillons à concentration bactérienne élevée ou à contamination fécale, liée probablement d’une mauvaise hygiène des mains. Dans 17% des échantillons, sont retrouvés des niveaux particulièrement élevés d’un ou plusieurs types de bactéries.
Certains échantillons contenaient même des salmonelles, précise le Pr Sarah A. Keim, auteur principal de l’étude. D’autres bactéries nuisibles peuvent provenir de l’utilisation de tire-laits ou de contenants non stérilisés. Le non-respect de la chaine du froid durant le stockage est effectif dans le cas de près de 20% des échantillons analysés. Enfin, les auteurs mettent en cause les modes et parfois les délais d’expédition. Plus le délai d’expédition est long, plus le risque de contamination apparaît élevé.
En substance, les vendeurs « n’y connaissent rien » : Ils font parfois état de leur régime alimentaire, qui n’a aucune incidence directe sur la sécurité du lait maternel. Dans le même temps, la majorité semble ignorer les mesures d’hygiène concernant la collecte, la manutention ou le stockage du lait. Les sites affichent généralement beaucoup de conseils mais peu suivis par leurs utilisateurs.
Le risque de maladie grave : En conclusion, les types de bactéries identifiées dans les échantillons peuvent causer des maladies graves aux nourrissons, en particulier à ceux qui ont un système immunitaire affaibli. Les lactariums restent une alternative plus sûre lorsque la mère ne peut pas donner de lait. Alors que le lait maternel humain peut contribuer à renforcer le système immunitaire et protéger contre des maladies graves comme la septicémie ou l’entérocolite nécrosante, ces conclusions appellent aussi les femmes qui ont des surplus de lait à penser à en faire don à un lactarium, plutôt que de le vendre en ligne.
Bref, la société change, et cela impacte même les pratiques concernant l’allaitement maternel. D’où l’intérêt de mener de telles études pour « surveiller » une alimentation des bébés qui évolue rapidement. En France, l’Agence de sécurité du Médicament, a, dès 2011, rappelé aux mères le risque de transmission d’agents infectieux associés à cette pratique d’échanges de lait maternel sur Internet.
Source: Pediatrics October 21, 2013 doi: 10.1542/peds.2013-1687 Microbial Contamination of Human Milk Purchased Via the Internet
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