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61 - En cavale (4ème partie)

Publié le 06 mai 2008 par Theophile

Hteldenuit Nous entrons dans une petite ville, située à une dizaine de kilomètres de Saint-Velin. Une petite ville grise, sans vie, déserte, dans laquelle  les commerces et bars sont fermés dès 18 heures. Nous tournons dans la ville  pour essayer de trouver un endroit où passer la nuit.

    - Tiens regarde, Sam. C'est un hôtel là-bas non ?
    - Oui. On dirait.

Samuel se gare près de l'hôtel.

    - Je vais voir, ne bougez pas.

Samuel sort de la voiture et entre dans l'hôtel. Nous l'attendons. Nous continuons notre conversation. Joséphine interroge :

    - Tu es sûre maman ?
    - Oui, maintenant que j'y pense, son fusil est chez lui, à Lauhon. Il ne peut pas l'avoir avec lui, ici.
    - Mais alors...
    - Il nous a menti. C'est pour ça qu'il ne voulait pas ouvrir la porte.
    - Il nous a fait du chantage...
    - Oui.
    - Il est malade. C'est plus possible maman. C'est plus possible de vivre avec ce cinglé. Quand ? Quand est-ce qu'on pourra vivre en paix ?

Joséphine se met à pleurer. Ma mère s'avance de l'arrière de la voiture pour la prendre dans ces bras. Elles restent ainsi quelques instants.
Samuel entre dans la voiture. Il voit ma mère et ma soeur blotties l'une contre l'autre. Il demande :

    - Ca va ?
    - Oui ça va... ça va aller. Hein ma chérie ?
    - Oui, maman...
    - Alors, il y a de la place ?
    - Il n'a plus qu'une chambre simple. Il n'a pas de place pour quatre.
    - Merde.
    - Qu'est-ce qu'on fait ?

Sur le rond point, derrière nous, j'aperçois une voiture qui roule doucement, comme si elle surveillait les alentours.

    - Maman, regarde.
    - C'est lui !
    - Baissez-vous.

Nous nous baissons tous pour nous cacher, allongés sur les fauteuils. Samuel, regarde dans le rétroviseur pour voir la voiture qui effectue plusieurs tours, autour du rond point. Tout en guettant, il murmure à ma mère :

    - Myriam. La plaque d'immatriculation. S'il la voit, il va tout de suite savoir que c'est nous !  Des 18 il n'y en pas beaucoup ici...
    - Qu'est-ce qu'il fait ?
    - Il regarde partout. Ca fait trois fois qu'il fait le tour de rond point, tout doucement.

Silence. Soudainement, l'intérieur de la voiture est éclairé par les phares qui stationnent dans notre direction.

    - Putain ! Je crois qu'il nous a vu !
    - Démarre ! Démarre !

Samuel démarre au quart de tour. Aussitôt, la voiture de "l'autre" se met à notre poursuite. Dans les rues de cette petite ville, la course-poursuite reprend. Samuel essaye à nouveau de le semer. Il cherche à le tromper en prenant au dernier moment un virage, puis un autre. Ce qui joue en notre faveur, c'est que Samuel est meilleur conducteur que "l'autre". Les crissements des pneus, à chaque virage, pourraient réveillés un mort. Nous gagnons de l'avance dans ce zig-zag infernal. Samuel ne cède pas.

    - Je vais t'avoir gros con !

La situation en est presque amusante. A chaque coin de rue, nous gagnons. Les nerfs qui se lâchent par tant de tension, amusés par l'humiliation que Samuel lui inflige par ses réflexes et sa dextérité. Le mot "gros con" nous fait rire dans cette voiture en cavale.
Nous finissons par sortir de la ville et nous nous engageons sur une sombre route départementale. "L'autre gros con", (qui devient pour nous son nouveau surnom) est loin derrière, mais on l'aperçoit encore qui persiste à vouloir nous attraper.

    - Bon ! Je ne sais pas où on va, mais on y va !

Samuel, est presque lassé par ce "gros con qui nous colle au cul". Phrase spontanée dans la bouche de ce jeune homme si gentil, qui me fait rire terriblement dans cette voiture. C'est presque de la fierté que j'éprouve à ce moment-là. La fierté d'être une deuxième fois à deux doigts de le semer.

Sur la route, Samuel aperçois un passage qui mène à une forêt.

    - N'ayez pas peur, j'ai une solution au problème.

Samuel éteint les phares de la voiture, s'engage sur la gauche et prend le passage. Dans le noir complet, il roule tout doucement. Nous entrons dans cette forêt. Une concentration collective prend la place de nos rires. La voiture roule tout doucement.
Le bruit des branches craquent sous les pneus du véhicule.
Une pierre fait tanguer la voiture.
Des feuilles mortes crépitent sur notre passage.
Nous écoutons. Aveugles.
Nos oreilles devenues nos yeux.

(A suivre)

 


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