Magazine Humeur

Rupture

Par Ephe
J't'ai regardé dans les yeux. Tu n'as pas cillé. Pas une seconde. J'ai vu la froideur. Celle qui existe dans les yeux de ceux qui sont déjà ailleurs. J'ai vu tes lèvres bouger. Je n'ai pas entendu les mots. Tu te tenait droit. Droit comme si c'était facile. Ton corps ne parlait pas. Il n'y avait rien. Que tes mots que je ne voulais pas comprendre. J'ai fait un mouvement inconscient vers toi, tu as reculer. Je me suis raidi. Tu n'étais plus là. Je ne voyais plus l'amour dans l'iris bleuté. Je ne sentais plus la chaleur. Tu étais déjà si loin et moi, j'ai vu le vide abyssal nous séparer peu à peu. J'ai eu peur.  Tu as secouer la tête comme si tu étais désolé. Tu ne l'étais pas. Tu m'as fait un signe de la main et tu es parti. J'ai crié. Je crois. Mais aucun son n'est sorti de mes lèvres. J'ai alors dégluti. J'ai voulu avancer, mais tu avais déjà creuser un néant d'impossible entre nous. Je suis alors resté sur place anéantie. Mes épaules se sont affaissées. J'ai senti le poids de la solitude creuser son chemin jusqu'à mon coeur. La douleur s'est doucement répandue dans mes veines puis a explosé en millier de morceaux froids et métalliques. Des larmes ont alors coulées le long de mes joues. C'était fini. Et cette fin, ce mot, sa signification me rendait malade. Elle mettait un terme à mes rêves et mes espoirs que j'avais forgés avec toi. Tu venais de tout saccager. Quelques minutes et tout n'avais plus d'importance. Cela avait semblé si facile pour toi. Je n'avais rien vu dans tes yeux. Aucun regret. En tournant le coin de la rue, tu as tourné la page de notre histoire. Comme si ce n'était qu'un roman. Et ta vie continuait. Mais la mienne ? Alors je me suis demandés si cela valait la peine de te pleurer. On m'aurait dit non. Mais ils ne savent pas.  Ce n'était pas eux, c'était moi. Moi pris avec la douleur traîtresse. Le vide des nuits sans toi, la noirceur des journées sans ta voix et ton sourire. Et je devais recommencer sans cela. Sachant que rien n'avait eu d'importance. Que ça n'avait été qu'un moment parmi tant d'autre. Une fille comme les autres.  Plus que tout, c'est cela qui me blessait à saigner. Que je sois comme les autres. Que je ne sois pas si spéciale, que je n’aie pas l'éclat. Toute ma vie, je l'ai cherché cet éclat. Celui qui me ferait briller, qui me rendrait unique et merveilleuse. Toute ma vie, je l'ai cherché l'amour qui me guérirait, qui me transporterait. J'ai rêvé démesurément ma vie et une fois de plus, je me retrouvais confronter au vide. Alors, j'ai fait la seule chose possible. Car il ne me restait plus grand chose qu'un coeur en miette et un corps fatiguée qui n'aspirait qu'à dormir.  Je me suis relevée, j'ai rejeté les épaules en arrière et j'ai fait un doigt d'honneur en direction du ciel.


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