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Le FN aux Européennes (suite) : quelle parade pour l’UMP ?

Publié le 28 octobre 2013 par Delits

Cet article a été publié sur le site d’Atlantico le 16 octobre dernier. 

Marine Le Pen, premier parti de France ? C’est le résultat d’un sondage IFOP qui crédite Marine le Pen de 24% des voix. Comment expliquer que le FN, qui émargeait à 6,5 % aux dernières élections européennes de 2009, soit en passe de s’imposer en tête du paysage politique ? Et l’UMP, premier parti sortant avec 28% des voix en 2009, peut-elle espérer un sursaut ? Après le point de vue d‘Eddy Vautrin-Dumaine publié la semaine dernière, Délits d’Opinion s’interroge sur le positionnement  que l’UMP pourrait tenir.

LE FN : PREMIER OPPOSANT A LA GAUCHE.

Il y a d’abord le contexte national propice à la contestation forte Alors que François Hollande plafonne dans les eaux basses de la popularité (2,7à sur une échelle de 1 à 10 selon l’indice Délits d’Opinion), Marine le Pen est devenue dans le même temps le premier opposant à la gauche. Ainsi, selon un sondage CSA, elle apparaît aux yeux des Français comme premières figure de l’opposition (36%), loin devant Jean-François Copé (23%) et Jean-Luc Mélenchon (17%). Alors que l’élection européenne sert historiquement d’exutoire face à la politique nationale, Marine Le Pen engrange, jugée plus proche des Français et de leurs préoccupations.

LE PARTI ANTI-EUROPEEN EN PHASE AVEC LA FRANCE DU NON.

Marine Le Pen jouit par ailleurs d’un positionnement clair quand les autres partis louvoient dans les contours flous du « oui mais ». Le PS demande une réorientation de l’Europe, l’UMP une euro-exigence ? Pour le FN, c’est non à l’Europe. Une posture simple et totalement en phase avec le mouvement d’opinion. Dernier exemple en date, le sondage CSA selon lequel 52% des Français se prononcent « à l’avenir pour moins d’Europe ». A l’inverse, seuls 17% sont pour une intégration plus grande.

L’Europe est dénoncée, d’abord victime d’un manque de résultats : selon le données collectées par CSA, 49% des français jugent que l’Europe a un impact négatif pour leur vie personnelle. Et 58% un impact plutôt négatif pour la France; Sur les mêmes items respectivement 13% et 19% jugent que l’impact est plutôt positif. Dans la ligne de mire des Français deux enjeux prioritaires : la lutte contre le chômage et le pouvoir d’achat. Deux sujets en déshérence dans l’Union Européenne.

A l’inverse, les atouts de l’Europe finissent par se retourner contre elle. Ainsi en est-il de la liberté de circulation des biens et des personnes, premier pilier positif de l’Europe aux yeux des Français. Un qualificatif à double face, atout pour le business et le tourisme, menace pour ces Français qui se vivent comme le peuple des assiégés face à une mondialisation qu’ils ne maitrisent plus.

UN PARTI QUI MOBILISE

Enfin, le FN risque de faire un carton car il dispose d’électeurs mobilisés dans une élection minée par l’abstention. Aux dernières élections européennes, seuls quatre électeurs sur 10 s’étaient rendus aux urnes. Or, et c’est l’enseignement clé de Brignoles, les électeurs du FN se distinguent par leur détermination. Lors des 3 dernières élections, le score du parti d’extrême-droite est resté stable alors que dans le même temps l’abstention n’a cessé de croitre : 2 757 voix en 2011 pour le FN, 2 734 en 2012 et 2 718 voix en 2013. Comme l’explique une enquête Délits d’Opinion, le FN mobilise quand le PS et l’UMP indiffèrent au mieux. (http://www.delitsdopinion.com/1analyses/lelection-cantonale-a-brignoles-derriere-la-poussee-du-fn-leffondrement-de-la-gauche-12917/)

QUEL ESPACE POUR L’UMP ?

Pris en étau entre l’européanisme convaincu d’une UDI/MODEM d’une part et le souverainisme du FN d’autre part, l’UMP souffre d’une promesse hybride et peu mobilisatrice. Une fenêtre de tir existe pourtant.

L’UMP et son statut d’opposant le libère objectivement des contraintes rhétoriques auxquelles il était jusque là tenu en tant que parti de gouvernement. Or pour l’UMP, l’enjeu n’est pas tant de savoir si les Français sont pour ou contre l’Europe, mais si l’Europe peut-être au service de la France. Et la dichotomie suivant qui peur paraître à d’aucuns simpliste résume le trouble des Français : l’Europe est-elle du côté des peuples ou des marchés, de l’emploi ou de la finance, du contrôle des flux ou du laisser-faire ? Justement parce qu’elle est un parti de Gouvernement, l’UMP peut prendre des mesures fortes, opter pour une politique de la chaise vide, exiger un nouveau référendum afin d’infléchir la politique européenne au service des Français. Une promesse totalement en phase avec la volonté de réappropriation de nos compatriotes.

Au final, la question qui se pose est simple : en mai prochain, les Français voudront-ils révolutionner le système de l’intérieur ou s’en exclure, refonder une maison européenne vacillante ou la raser ? Pour être crédibles, les tenants du réformisme vont devoir eux-aussi jouer le registre de la radicalisation, sous peine d’être inaudibles.


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