J'avoue avoir été stupéfié par les attaques racistes dont Taubira a fait l'objet cette dernière semaine. N'en déplaise à la réacosphère qui ne voit pas le mal, "guenon" est une insulte spécifique pour les femmes noires (surtout quand on agite une peau de banane en même temps). Je n'ai d'ailleurs jamais entendu (ou alors de manière anecdotique) une femme blanche se faire traiter de guenon.
Il y avait un cortège d'excités issus de la manif pour tout qui attendait Taubira et avait dressé sa progéniture à l'insulte raciste. Sans doute la frange extrémiste qui se pique d'intégrisme et défile le 1er mai dans le cortège du Front National.
Ce que je regrette c'est que les professionnels de l'indignation en profitent pour associer ce qu'ils appellent islamophobie et racisme. Cela n'a rien à voir. Je vois plein de raisons objectives de détester l'Islam de notre époque et aucune valable de s'en prendre à quelqu'un pour la couleur de sa peau. Ces professionnels de la confiscation du sens m'énervent à systématiquement semer la confusion.
Le racisme se déverse malheureusement comme un poison dans notre corps social. Dans les cités, il prend la forme de l'antisémitisme et irrigue l'immigration africaine principalement (arabe et noire), ailleurs, chez les "petits blancs", il prend la forme d'une détestation ordinaire qui ciblera toujours les individus vulnérables ou symboliques (personne n'ira traiter de singes en face une bande ethnique de banlieue, par exemple...).
Il y en a qui rêvent évidemment de réunir les "SA" des deux rives, skins ou FAF d'un côté, racaille de l'autre : au premier chef les Soral et Dieudonné qui voudraient unir tout cela contre l'Ennemi commun, le Juif Süss, en somme.
La principe difficulté , à vouloir lutter contre le racisme, c'est de devoir affronter d'un côté les néo-réactionnaires et leurs circonvolutions et de l'autre les professionnels de l'antiracisme.
Le racisme, au fond, c'est très simple : c'est refuser de s'en prendre à un individu pour ce qu'il est, ce qui ne'empêche pas de le contester pour ce qu'il professe.
On devrait en rester à cette seule définition et récuser tout le reste (notamment tous les discours qui associent race et culture).