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Interview d’Anatole de La Brosse, Directeur Général Adjoint de Sia Partners

Publié le 31 octobre 2013 par Sia Conseil

Interview d’Anatole de La Brosse, Directeur Général Adjoint de Sia Partners

« Nous prévoyons une baisse de plus de 2 milliards d’euros des revenus des établissements français d’ici à 2015″ 

Propos recueillis par Véronique Chocron – Les Echos

Comment les revenus des banques ont-ils évolué depuis la crise financière ?

Dans nos banques universelles, les revenus proviennent principalement de deux grands piliers : la banque de financement et d’investissement, avec ses plus ou moins-values, et la banque de détail, dont le produit net bancaire (PNB) provient d’un côté de la marge nette d’intérêt - issue de la transformation entre les ressources collectées et les crédits accordés - et de l’autre des commissions prélevées sur les services et les produits. Ces trois sources de revenus s’équilibraient peu ou prou en 2006 et 2007, mais, depuis 2008, la part des activités de marché s’est effondrée et ne représente plus que de 10 % à 15 % du PNB. Les commissions se maintiennent. Ce sont les marges issues de l’activité de transformation des banques - qui prêtent majoritairement à taux fixes et long terme, mais se refinancent principalement à taux variable et court terme - qui représentent désormais pour plus de la moitié des revenus des banques françaises. Ces marges nettes d’intérêt ont fortement progressé, parce que les taux ont chuté, rendant la ressource moins chère. Certes les banques ont fléchi les taux auxquels elles prêtent à leurs clients, mais avec retard et sans répercuter totalement la baisse.

Mais ces marges vont-elles baisser ?

Nous avons atteint un point d’inflexion. Les taux interbancaires ont en effet atteint un plancher et devraient progressivement remonter dans le courant de l’année prochaine. Comme beaucoup de banques se sont refinancées sur taux courts, pour profiter à plein de la baisse des taux, le coĂťt de la ressource va augmenter. Cela se répercutera donc sur la nouvelle production de crédits, mais fera chuter la marge sur une partie du stock. Nous allons assister dans les prochaines années à une baisse de ces marges nettes d’intérêt et donc à une baisse du produit net bancaire.

En outre, depuis 2011, les banques cherchent à faire progresser leur collecte par rapport à leurs encours de crédit, en raison des fortes contraintes réglementaires en matière de liquidité. Comme les banques vendent plus cher les prêts qu’elles ne rémunèrent l’épargne, cela constitue un manque à gagner. Enfin, les banques vont devoir améliorer leur ratio de liquidité au détriment de leurs marges. Par exemple, elles devront inciter une entreprise à placer sa trésorerie sur un compte à terme rémunéré - pour la rendre éligible à 100 % au ratio de liquidité - malgré le coĂťt engendré. Au total, nous prévoyons une baisse de plus de 2 milliards d’euros des marges nettes d’intérêt, et donc des revenus des grandes banques françaises à horizon 2014 ou 2015. Par rapport aux années d’avant-crise, c’est la fin de l’âge d’or.

Comment les établissements pourraient-ils compenser ces baisses de revenus que vous anticipez ?

Certaines banques peuvent relancer les activités de marché peu consommatrices de fonds propres. Elles pourraient également augmenter leurs commissions. Elles devront surtout accepter une baisse de leur rentabilité à long terme et continuer à travailler à une baisse de leurs coĂťts.

Interview d’Anatole de La Brosse, Directeur Général Adjoint de Sia Partners
Les EChos – Interview Anatole de La Brosse

Sia Partners


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