Lou
Lou, ne me vois-tu pas ?
Lou, le destin d’être ensemble à jamais
dans quoi tu avais tellement foi
Tu ne vas pas être comme les autres
qui jamais plus ne font signe,
englouties dans le silence.
Non, il ne doit pas te suffire à toi
d’une mort pour t’enlever ton amour.
Dans la pompe horrible qui t’espace
jusqu’à je ne sais quelle millième dilution
tu cherches encore, tu nous cherches place
Les années ont été pour nous, pas contre nous.
Nos ombres ont respiré ensemble.
Sous nous les eaux du fleuve des événements coulaient presque avec silence.
Nos ombres respiraient ensemble et tout en était recouvert.
J’ai eu froid à ton froid. J’ai bu des gorgées de ta peine.
Nous nous perdions dans le lac de nos échanges.
Riche d’un amour immérité, riche qui s’ignorait
avec l’inconscience des possédants,
j’ai perdu d’être aimé.
Ma fortune a fondu en un jour.
Henri Michaux